Une carte ancienne : l'Islande au 17e siècle

L’université de Strasbourg possède un grand nombre de cartes de géographie historiques, 76 d’entre elles sont consultables sur Numistral. L’une des plus anciennes représente l’Islande et date du 17e siècle. Richement décorée, elle donne à voir une image de l’île aux contours exagérés et l’on retrouve dans ses marges de nombreux marqueurs culturels du pays.

Cette carte a dû être acquise entre 1871 et 1918, comme en atteste le tampon allemand du Geographisches Seminär, Universität Strassburg apposé dans la marge.

Elle porte la signature du grand cartographe hollandais Willem Janszoon Blaeu ou Guilielmus Blaeu (1571-1638), qui la publia en 1630. Blaeu édita plusieurs atlas et devint en 1633 le cartographe officiel de la puissante Compagnie néerlandaise des Indes Orientales.

Georgius (Joris) Carolus (1601-1625) était un voyageur hollandais qui alla plusieurs fois en Islande. Il en rapporta les éléments pour dresser la carte, qui fut sans doute composée en 1620. Georgius Carolus aurait utilisé la version de Mercator d’une carte réalisée pour la première fois par l’évêque Gudbrandur Thorlakson (1590). Cette carte est la plus célèbre carte ancienne de l'Islande ; elle dépassa en notoriété les cartes d'Ortelius et de Mercator.

L'Islande est représentée avec une nette exagération des rentrants et des saillants de la côte, ainsi que des îles. L'erreur est classique dans le cas de relevés anciens pris par des navigateurs. De même, la direction est-ouest est nettement exagérée en regard de la direction nord-sud. Reykjavik n'existe pas encore ; les deux centres principaux de l'île sont Skalholt et Halar, ses deux évêchés traditionnels, l'un au sud-est, l'autre au nord, aujourd'hui des hameaux. L'importance des montagnes est bien montrée ; sur le dessin, le volcan Hekla est même représenté en éruption. De nombreuses annotations accompagnent les lieux : ainsi, à côté du toponyme Hékla, il est écrit que la montagne est en activité permanente.

La carte présente une division administrative en "fjords", correspondant aux quatre points cardinaux.

Le cartouche est décoré avec deux elfes. Pour remplir les espaces maritimes, les décors sont nombreux : à gauche, en haut et en bas de la carte, deux roses des vents, chacune ornée d'une fleur de lys, avec des traits rayonnants à la manière des portulans (un "rhumb") ; en bas, des monstres marins et un voilier aux voiles gonflées par les vents ; sur le cartouche des échelles, lui-même porté par deux monstres marins, une sphère armillaire.

Jean-Luc Piermay