Le fonds d'archives de l’Institut Charles Sadron

Le fonds d’archives de l’Institut Charles Sadron (ICS) présent sur Numistral se compose de 510 pièces, essentiellement des photographies et feuilles calques ou annexes identifiant les personnes figurant sur les clichés. Il retrace la vie de ce laboratoire depuis le milieu des années 1940 jusqu’au début des années 1990 en documentant les activités scientifiques qui s'y déroulaient, les évènements qui l'ont marqué mais aussi la vie quotidienne de ses personnels. La diffusion de ce fonds sur Numistral est le fruit d’une coopération entre trois services de l’université : le Service des archives, le Jardin des sciences et le Service des bibliothèques.

L’institut a été fondé en 1947 en tant que Centre d’Étude de la Physique des Macromolécules (CEPM). Il constituait alors la première unité propre du CNRS en province. En 1952, il est devenu le Centre de recherche sur les macromécules (CRM) et a signé une convention d’association avec l’Université de Strasbourg, préfiguration du système des unités mixtes de recherche (UMR). En 1985, l’institut a pris le nom de son fondateur, le professeur Charles Sadron (1902-1993), qui l’a dirigé jusqu’en 1967. Pluridisciplinaire, l’ICS accueille des physiciens, des chimistes et des biologistes autour de la recherche sur les macromolécules et les polymères.

Les photographies documentent plusieurs aspects de la vie du laboratoire. Le traitement du fonds (production de l’instrument de recherche), sa numérisation et sa mise en ligne ont été effectués dans le cadre d’une coopération entre trois services de l’université : le Service des archives, le Jardin des sciences (JdS) et le Service des bibliothèques (SBU). Ce projet participe d’une volonté de valoriser le patrimoine scientifique lié à l’établissement (archives, objets, photographies, plaques de projection…) et de contribuer à l’écriture de son histoire. L’identification des personnes et des lieux, quant à elle, a été rendue possible grâce à la participation du professeur Gilbert Weill, qui a dirigé l’ICS entre 1985 et 1992. Les informations qu’il a fournies ont été reportées au verso des photographies et sont directement accessibles sur Numistral.

Une première série de clichés montre les bâtiments ayant hébergé les activités de l’institut, notamment celui de la rue Boussingault, à Strasbourg, inauguré en 1954, qui témoigne d’une esthétique fonctionnaliste caractéristique de l’après-guerre. L’ICS y est resté plus de cinquante ans, jusqu’à son installation sur le campus du CNRS à Cronenbourg en 2008. En plus de leur intérêt architectural, les prises de vue donnent un aperçu de l’organisation d’un centre de recherche avec ses bureaux, ses laboratoires, ses amphithéâtres et ses salles de conférences. Elles sont complétées par des photographies des personnels eux-mêmes, en particulier de chercheurs et de chercheuses en train de mener des expériences – autant de précieux témoignages sur les pratiques scientifiques, l’instrumentation sur laquelle elles s’appuyaient et l’environnement dans lequel elles se déroulaient.

De nombreuses images, par ailleurs, représentent des événements qui ont marqué l’existence de l’ICS. L’inauguration des locaux de la rue Boussingault occupe une place de choix, de même que les visites de plusieurs personnalités célèbres. On peut citer par exemple le chimiste américain Linus Carl Pauling, prix Nobel de chimie en 1954 et prix Nobel de la paix en 1962, qui s’y est rendu en 1954, ainsi que le président de la République française René Coty, qui l’a visité en 1957. Des remises de doctorats honoris causa complètent cette dimension officielle, tandis que des clichés pris à l’occasion de soutenances de thèse, notamment celles des futurs directeurs de l’institut Henri Benoît (1967-1978) et Gilbert Weill (1985-1992), nous introduisent plus directement dans l’histoire scientifique du laboratoire. Les colloques organisés à Strasbourg et les déplacements de certains personnels à l’étranger, notamment Henri Benoît, sont également bien représentés dans le fonds ; ils donnent un aperçu de l’étendue des liens tissés avec des chercheurs du monde entier, et par conséquent du rayonnement de l’ICS.

Enfin, toute une série de documents vient rappeler que la vie d’une équipe de recherche est aussi faite de moments plus informels : pots de départ, célébrations de fêtes diverses, randonnées, pique-niques… Le fonds de photographies souligne l’importance de ces occasions festives et conviviales, contribuant ainsi à donner une image plus intime du fonctionnement de l’institut.

 

Nicolas Di Méo, Service des bibliothèques de l'université de Strasbourg