La Haggada d’Eliézer Seligmann de Rosheim

Au centre de la vie rituelle familiale juive

La Haggada (de l’hébreu higgid, dire) rassemble un corpus de bénédictions, de prières, de commentaires du Midrash, de traditions rabbiniques et de psaumes récités lors du seder de la soirée de la Pâque juive, Pessah, qui célèbre l’exode des Israélites d’Égypte. Elle est le plan même du rituel de la Pâque qui englobe la consommation de l’agneau pascal, du pain azyme, de l’herbe amère, des quatre coupes de vin et le récit de la sortie d’Égypte.

Deux parties la composent. La première contient la Haggada proprement dite, soit le récit de l’histoire d’Israël depuis ses origines jusqu’à sa libération. La seconde contient des psaumes et des cantiques.

Il est de tradition que chaque famille juive en possède un exemplaire. Celui conservé par la Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg fut réalisé pour une veuve de Neckarsulm, dans la région de Heilbronn, en 1779. Le scribe qui en effectua cette copie est Eliézer Seligmann, issu de la famille Netter de Rosheim.

L’image est peu répandue dans la religion et la culture juive. Bien souvent on recourt à l’utilisation de la micrographie pour créer à l’aide du texte lui-même des images. Ici, ce sont 14 scènes dessinées qui illustrent l’histoire du peuple juif et l’Exode, inspirées par des cycles gravés qui circulaient dans la sphère rhénane. Le texte est copié en hébreu carré de type ashkénaze et en cursif pour les commentaires et les traductions en judéo-allemand. L’auteur de la copie et des illustrations, signe son œuvre dans le colophon.

La veuve de Neckarsulm, Léa, céda sa Haggada à sa fille, qui épousa Moyse Netter, de Rosheim. La famille de celui-ci compta plusieurs préposés généraux de la nation juive en Alsace au 18e siècle. Mais durant la période révolutionnaire, cette importante famille tomba dans l’indigence. Localisé aux Etats-Unis, ce manuscrit en papier et parchemin fut mis en vente à Paris et acheté par la Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg en 1995 avec le soutien de nombreuses collectivités alsaciennes. Un fac-similé a été publié par la Bnu et par les Presses universitaires de Strasbourg, accompagné d’un volume d’études et de la traduction française de texte hébreu.

 

Auteur : Daniel Bornemann (Texte publié dans Trésors des Bibliothèques et Archives d’Alsace, ouvrage réalisé sous la direction scientifique de Rémy Casin, Jean-Luc Eichenlaub, Bernadette Litschgi, Claude Lorentz, Laurent Naas et Mathilde Reumaux, Éditions La Nuée Bleue / Éditions du Quotidien, en coédition avec l’association de Coopération régionale pour la documentation et l’information en Alsace, Strasbourg, 2017)

Bibliothèque nationale et universitaire, MS.5.988
Eliézer Seligmann, Haggada, 1779, 21 f., papier et parchemin