La Cité ouvrière de Mulhouse

La photographie, panorama composé de trois clichés assemblés, représente la Cité ouvrière de Mulhouse en 1860. Jusque-là dépeinte par des lithographies, cette photographie rare et ancienne donne à voir une autre perspective de Mulhouse, une image iconique et contemporaine.

Mulhouse au 19e siècle est appelée « le Manchester français ». Et pour cause : essor des transports fluviaux par le creusement du canal du Rhône au Rhin, développement des voies de chemin de fer avec la construction de la ligne Strasbourg-Bâle, expansion de l’industrie textile grâce à la machine à vapeur acquise par DMC, autant de progrès qui font de Mulhouse le fleuron de l’innovation industrielle.

Sur cette photographie, on distingue l’usine à gaz construite en 1837. Sur la droite de l’image, on peut observer le nouveau modèle d’habitation imaginé par l’ingénieur Emile Muller (1823-1889, ingénieur et architecte, membre de la SIM, spécialiste de la tuilerie-briqueterie), le « carré mulhousien », ensemble de quatre maisons accolées avec jardin et entrée individuels. Ce modèle architectural a été choisi pour favoriser la vie familiale des travailleurs en abandonnant l’habitat collectif qui était jusqu’alors la norme. Le bâtiment des bains et lavoirs, visible également sur la droite, permet aux familles de bénéficier de l’eau chaude provenant des fabriques pour laver le linge et se détendre. Il s’agit d’un des nombreux services rendus aux ouvriers imaginés par les fondateurs de la Cité.

Fondée en 1825, la Société industrielle de Mulhouse (SIM) met en effet en œuvre une politique paternaliste et philanthropique en direction du milieu ouvrier. C’est ainsi qu’est créée en 1853 la Société mulhousienne des cités ouvrières par Jean Dollfus (1800-1887, industriel et économiste, membre de la SIM, maire de Mulhouse entre 1863 et 1869). Son but est de fournir aux travailleurs des logements salubres, confortables et bon marché afin de promouvoir l’accession à la propriété et d’amener les ouvriers à de bonnes pratiques économiques.

 

Lieu de conservation : Service Commun de Documentation de l'université Haute-Alsace - BUSIM
Source : P 1362