Mulhouse est une ville qui au cours des siècles, a su susciter l'intérêt d'artistes, d'entrepreneurs, d'industriels ... qui arrivaient dans la ville parfois au cours d'une simple halte, ou qui avaient choisi de s'attarder dans la Cité du Bollwerk.
La Bibliothèque municipale de Mulhouse et Numistral recensent des récits de voyage où Mulhouse est mentionnée par des voyageurs parfois impressionnés par ce qu'ils découvraient sur place - et parfois au contraire déçus.
Revenons sur ces témoignages ...
Bien souvent, les voyageurs arrivent à Mulhouse alors qu'ils se rendent en Suisse (trajectoire nord-sud, très fréquente), ou au contraire avant d'atteindre Strasbourg, ville qui est considérée comme un des sommets du voyage (trajectoire sud-nord). Parfois, les touristes souhaitent découvrir les Vosges, et considèrent Mulhouse, ainsi que Colmar, comme un point d'accès aux hauts sommets et aux points de vue.
Cela explique pourquoi, bien souvent, la description de la ville ne lui est pas favorable : on comprend en effet la déception du touriste venu chercher de l'air frais et arrivant dans une cité industrielle, où le peu de temps passé ne lui permettra pas d'en comprendre l'histoire.
Plus rares sont les récits qui font état d'un désir de séjour prolongé à Mulhouse, ou qui mentionnent cette ville comme une destination finale. Certains industriels venus s'installer prennent parfois la peine d'écrire et de publier leurs premières impressions ... qui évoluent souvent avec le temps, une fois que l'âme de la ville a fait oublier son aspect rude et industriel.
Voyage pittoresque en Alsace : par le chemin de fer de Strasbourg a Bâle / par M. Th. de M. de Rouvrois . Risler (Mulhouse), 1844 (p. 226)
"Mais ce n’est pas par ses monuments de pierre, ce n’est pas par sa rue d’Altkirch dont les élégants et somptueux hôtels peuvent se comparer aux habitations les plus confortables des Champ s-Élysées ou du faubourg Saint-Honoré, à Paris, ce n’est pas même par ses nombreuses filatures […] ni par ses impressions sur étoffe qui en livrent plus de trois cents millions, ce n’est pas par ses fonderies, ses fabriques de machines, de produits chimiques, […] que Mulhouse mérite d’être signalée aux hommes d’intelligence et de cœur chargés d’administrer nos grandes cités manufacturières de l’intérieur; c’est par ses institutions d’instruction, de bienfaisance, et de moralisation que l’on peut citer pour modèles à la France entière."
"Mulhouse, ville de fabriques, très française. Plus intéressante pour l’ingénieur ou l’industriel que pour le touriste amateur de beaux sites et de riche nature. On peut s’y ennuyer consciencieusement pendant deux ou trois heures. Plus longtemps ce ne serait plus de l’ennui, ce serait la mort, une mort bien triste, au milieu du bruit des machines, dans la fumée des longues cheminées noires, et les odeurs répugnantes des usines."
"II a quelque chose de lugubre ce nuage qui, constamment plane sur Mulhouse. On s’imagine entrer dans une immense usine et l’on songe aussitôt à ces milliers d’êtres enfermés là-bas, créant la richesse au prix d’un dur travail. "
A l'automne 1828, le roi Charles X visite l'Alsace. Sur son chemin se dressent les arcs de triomphe, les tribunes, et on lui montre toute la richesse de cette région.
Pour conclure cette partie, il est intéressant de mentionner l'ouvrage d'Auguste Stoeber (voir le dossier consacré à la famille Stoeber), Curiosités de voyages en Alsace tirées d'auteurs français, allemands, suisses et anglais depuis le 16. jusqu'au 19. siècle (1874), qui recense les récits de voyage en Alsace de voyageurs de marque ! (voir par exemple les extraits "Bâle et Mulhouse en 1579. Extrait des Mémoires de la vie de Jacques-Auguste de Thou", p. 9, et "Montaigne en Alsace et à Bâle, 1580 et 1581", p. 15).
Le récit du séjour de Montaigne à Mulhouse a également été traité par Léonard-Georges Werner en 1933 dans cette brochure, consultable sur le site des Bibliothèques de Mulhouse.