Au-delà de la nourriture, la gastronomie s’entend comme une forme d’art de vivre qui contribue à faire société. Elle connaît aujourd’hui une reconnaissance jusque-là inégalée en devenant un élément constitutif du patrimoine immatériel de l’humanité.
Le territoire alsacien est très fortement associé à une tradition culinaire et viticole qui contribue à sa renommée et lui assure une certaine attractivité touristique.
La gastronomie d'une région donnée repose sur ce qu'un terroir agricole peut offrir en termes de production nourricière. Cette notion de terroir renvoie à la question de la structure des sols, au climat, à la géographie, la botanique. La gastronomie constitue alors la valorisation de la production agricole de la région dans laquelle elle s'inscrit et qui peut largement dépasser son cadre administratif. Des reliefs vosgiens où le repas marcaire règne en maître, à la plaine d’Alsace avec ses champs de chou à choucroute et ses rivières poissonneuses en passant par les piémonts et leurs vignobles, le terroir commande le contenu de l’assiette. La gastronomie pose la question des savoir-faire mobilisés, ce qui renvoie à une époque où la gastronomie est affaire de métiers et de corporations. Ces derniers s'inscrivent dans une géographie précise. Ce sont des "terroirs" où l’on sublime des produits de la terre et de l'élevage, dans un rapport à la santé parfois en décalage avec les normes actuelles. La consommation de vin et de bière, produits phares du patrimoine régional alsacien, est en effet encouragée, en toutes circonstances, même thérapeutiques !
La gastronomie se colore aussi d'une dimension religieuse avec les interdits alimentaires ou la place du vin dans différentes liturgies. Le calendrier des fêtes offre autant d’occasions de célébrer les plaisirs de la table. Elle est également le révélateur d’une société avec ses règles tacites à connaître et à respecter, comme l’expose dès sa page de titre Auguste Michel dans son Manuel des amphitryons au début du XXe siècle : “ Petit traité théorique et pratique sur la manière d’inviter et de recevoir ; de dresser, garnir et décorer la table, faire le menu, choisir les vins, diriger le service, ainsi que quelques conseils utiles aux invités [...] “
De la sphère domestique aux lieux de sociabilité que sont encore les “bierstub”, les “winstub” et toutes autres formes qui les complètent depuis, la gastronomie est aussi affaire de lieux où l’on célèbre les produits du terroir et qui a ses usages.
Sont retenus dans cette collection des documents abordant toutes les facettes de la gastronomie. Récits de voyages, affiches, menus, photographies, cartes postales, ouvrages culinaires, la question du bien-vivre par le bien-manger se décline sous différentes formes.
La collection mulhousienne met en avant d’importants ouvrages sur la thématique de la gastronomie, du Kochbuch de l’abbé Bernhard Buchinger (1606-1673) au célèbre L’ancienne Alsace à table (éd. originale de 1862) de Charles Gérard - dont la bibliothèque de Mulhouse conserve la riche collection d’alsatiques -, en passant par de rares Kochbücher imprimés au XVIe siècle, à Strasbourg et à Mulhouse notamment (Laurent Fries, Hieronymus Bock, Walther Hermann Ryff, Bartolomeo Sacchi dit « Platine »…) et les ouvrages de la Mulhousienne Marguerite Spoerlin (en particulier les différentes éditions de son Oberrheinisches Kochbuch / La Cuisinière du Haut-Rhin depuis 1811), le tout illustré par des menus hauts en couleur.