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Notice complète:

Titre : Bulletin du Musée historique de Mulhouse

Auteur : Musée historique (Mulhouse, Haut-Rhin). Auteur du texte

Éditeur : Musée historique de Mulhouse (Mulhouse)

Date d'édition : 1877

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb343699219

Notice du catalogue : https://www.numistral.fr/ark:/12148/cb343699219/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Description : 1877

Description : 1877 (T2).

Description : Collection numérique : Sociétés savantes

Description : Collection numérique : Fonds régional : Alsace

Description : Collection numérique : Collections de la Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k9629713n

Source : Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg, M.500.046

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 11/01/2016

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BULLETIN <- DU

MUSÉE HISTORIQUE DE

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ANNÉE 1877

MULHOUSE

Imprimerie Veuve Bader et C*

1877



BULLETIN

DU

MUSÉE HISTORIQUE DE

MULHOUSE



BULLETIN

DU *

MUSÉE HISTORIQUE DE

MULHOUSE

ANNÉE 1877

MULHOUSE

Imprimerie Veuve Bader et C.

1877



PAGES INÉDITES

POUR SERVIR A

l'Histoire des Pénalités de l'ancienne République

DE MULHOUSE

aux XVI", XVI et XVIIIe siècles par M. AUG. STŒBER.

INTRODUCTION HISTORIQUE.

Dans les quelques feuillets dont nous faisons précéder les soixantequatre jugements rendus en matière criminelle par le Petit-Sénat de Mulhouse, aux XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles, et qui font l'objet spécial de notre publication, nous indiquerons sommairement les différentes phases qu'ont traversées les administrations municipale et judiciaire de notre ville, à partir de son institution comme telle. Quant aux détails et aux preuves justificatives de quelques-unes de nos assertions, on les trouvera exposés dans les notes correspondantes de notre appendice.

D'après Schœpflin et les auteurs qui l'ont suivi, le plus ancien document connu, signalant Mulhouse instituée comme ville, serait une transaction par laquelle Berthold, évêque de Strasbourg, cède à l'empereur Frédéric II, à titre de fief perpétuel et héréditaire dans la ligne masculine : civltalern Mulhausen avec tous ses droits et toutes ses possessions. Ce document est daté de Strasbourg, de la neuvième indiction du mois de mars t 236.1

Mais, grâce à un autre document, découvert récemment dans les archives de la Haute-Alsace par M. Stoffel, bibliothécaire de Colmar, nous pouvons avancer de cinq ans la première mention authentique

1 V. Note 1 de l'appendice.


de la civitas ou ville de Mulhouse. Notre ami et collègue nous a permis d'offrir la primeur de son importante découverte à la Société industrielle, à l'occasion du jubilé semi-centenaire de sa fondation ; tous les membres de cette savante compagnie et tous les amis de notre histoire locale lui en seront reconnaissants. Elle est consignée dans un acte de convention du 12 avril 1231, passé entre Thierry II, comte de Montbéliard, et Hugues de Rothenberg, abbé de Murbach. Notre appendice en donne les passages les plus essentiels.1

Vers cette époque, Mulhouse avait à sa tête un prévôt, scultetus imperialis, exerçant, au nom de l'empereur, tous les droits de suzeraineté tant administratifs que judiciaires. Il lui était adjoint un sous-prévôt et douze conseillers choisis parmi les nobles, Adelige, et les notables, Achtlmrger, qui, jusque là avaient été seuls investis du pouvoir sous la présidence d'un cornes civitatis. Mais ce gouvernement oligarchique et aristocratique s'affaiblit peu à peu et finit par disparaître complétement sous la juste pression de l'élément démocratique, qui se développa de plus en plus par la création des six tribus ou corporations des métiers, Ziinfte, embrassant l'universalité des citoyens et se rattachant directement à l'organisation municipale.

Les privilèges octroyés à Mulhouse par Rodolphe de Habsbourg (1275) et Adolphe de Nassau (1293) contribuèrent puissamment à développer l'autonomie de la ville. Le premier « concéda aux bour« geois le droit de tenir des fiefs et celui de ne pouvoir être con« traints à ester en justice hors de leur ville, à moins qu'ils ne «soient demandeurs"; » l'autre confirma ce privilége dans un article encore plus explicite de sa charte, dont voici la traduction : « Nous leur avons aussi accordé le droit qu'aucun bourgeois de « Mulhouse ne puisse, pour quelque cause que ce soit, être contraint « à ester en justice devant un tribunal autre que celui qui siége « sous leur portique à Mulhouse, vnder ir louben ze Mulhusen, à

1 V. Note II.

t V. Note III.


« moins qu'il ne s'agisse de bien-fonds ressortissant à, la juridiction « colongère.1 » La portée de cet article a été singulièrement étendue dans la suite. En effet, non contents de ne relever que du tribunal de leur ville, les bourgeois allèrent jusqu'à demander qu'on les jugeât devant leurs maisons, exigence que le magistrat finit par agréer et réglementer, et qui fut plus d'une fois mise en pratique.2 La charte d'Adolphe de Nassau, qui est, comme on l'a dit souvent, un véritable code d'administration municipale et de juridiction civile et criminelle, statue encore, parmi d'autres priviléges : que le prévôt de Mulhouse devait être un bourgeois domicilié dans la ville. En 1347, Charles IV donna aux membres du Conseil et aux maîtres des corporations le droit d'élire eux-mêmes leur bourgmestre ', et, en 1376, il affranchit les bourgeois de la juridiction du Landrichter ou juge souverain de la Haute-Alsace, privilège important, mais qui, dans la suite, ne fut pas toujours respecté par ce fonctionnaire- Aspirant de plus en plus à jouir de la plénitude de leur indépendance, caractère distinctif où ils puisèrent, jusqu'à nos jours,- leur force et leur prospérité, les bourgeois de Mulhouse réussirent, en 1397, à obtenir de Wenceslas, le turbulent et prodigue fils de Charles IV, l'abolition de la charge de prévôt impérial, à la condition de payer les revenus qui y étaient attachés. Enfin, le rachat définitif de ces revenus, effectué en 1457, ainsi que l'expulsion des nobles qui l'avait précédé en 1445, amenèrent forcément la constitution exclusivement démocratique de la République.

Dans le principe, un seul bourgmestre se trouvait à la tète de l'édilité; plus tard, cê\ nombre fut porté à trois, qui gouvernaient alternativement, chacun pendant six mois. Ils présidaient le Sénat composé de neuf conseillers et des douze maîtres des tribus / Le

1 V. Note IV.

2 V. Note V.

S V. Note VI. — Nous nous proposons de consacrer plus tard un travail spécia. aux bourgmestres de Muthouse.

4 À la tête de chaque tribu se trouvaient deux maîtres, Znnftmeister, fonctionnant alternativement pendant six mois. - r

1


greffier municipal, appelé aussi syndic, Stadtschreiber, qui devait être un jurisconsulte gradué, tenait la plume et avait voix consultative. Mais ses fonctions ne se bornaient pas à dresser les protocoles des délibérations du Magistrat ; il dirigeait aussi la chancellerie où se rédigeaient les actes civils, les contrats de vente et autres ; tout acte fait ailleurs ou par une autre personne que lui était déclaré nul et non avenu, et les contrevenants étaient passibles d'amendes. (V. Raths-Protoc. du 20 mai 1641 ; cf. 14 mars 1694 et 19 septembre 1708). Le greffier-syndic était, en outre, chargé des missions politiques, qu'il accomplissait, soit seul et suivi d'un employé subalterne à cheval, nommé Ueberreiter, soit en compagnie de l'un des bourgmestres ou du prévôt. C'est lui qui prononçait le discours officiel aux fêtes civiles, au Schwœrtag et aux réceptions d'étrangers de distinction. Dans des questions graves, bien qu'il n'eût que voix consultative, son avis devenait le plus souvent prépondérant et décisif. Aussi avaiton soin d'appeler au poste de greffier-syndic des hommes recommandables par leur savoir, leurs lumières et leur honorabilité. Trois d'entre eux arrivèrent à la dignité de bourgmestre, ce furent: Roman Simon, 1541 ; Jacques-Henric Pétry, 1633-1660, et Josué Fürstenberger, 1699-1732.'

L'organisation administrative de Mulhouse, telle que nous venons de l'esquisser, se maintint jusqu'en 1740, époque où une affaire de famille dans les détails de laquelle nous ne pouvons entrer, et que l'on trouve exposée chez tous nos historiens mulhousiens, vint amener de notables changements. A l'exemple des cantons suisses, leurs alliés depuis l'an 1466, les bourgeois créèrent un Grand-Conseil, composé des vingt-quatre membres de l'ancien Sénat (appelé depuis le Petit-Conseil), des trente-six assesseurs des corporations, Sechser, et de dix-huit autres assesseurs, Dreier, élus par les corporations ; ce qui porta au nombre de soixante-dix-huit membres le plénum des deux Conseils.

1 V. Note VII.


Chacun de ces Conseils avait des attributions distinctes. Nous ne nous arrêterons ici qu'à celles qui se rapportent aux juridictions civile et criminelle ; quant à l'institution et aux règlements du tribunal des corporations, Zunftgericht, et des autres tribunaux spéciaux, nous nous permettons de renvoyer nos lecteurs à la collection imprimée des statuts que la bibliothèque du Musée historique possède au complet et en plusieurs exemplaires.1

Le tribunal ordinaire de la ville, Ôrdinari-Stadtgericht ou simplement Stadtgericht, statuait en première instance au civil; il connaissait de toutes les causes relatives aux dettes, aux successions, aux propriétés, aux voies de fait, aux injures ; ces dernières étaient jugées par une commission spéciale appelée Scheltgericht. Le Stadtgericht siégeait tous les vendredis, de 7 à 11 heures du matin, sauf certains jours fériés fixés par le règlement. Ses membres étaient élus tous les ans, le mercredi précédant la fête de Saint-Hilaire (14 janvier). Il se composait, depuis 1740, du sous-prévôt, de celui des trois bourgmestres qui, dans le courant de l'année, n'était pas en exercice, de deux membres du Petit-Conseil, de trois maîtres des corporations des métiers, enfin, de six assesseurs ou échevins, Gerichts-Schoffen) élus par le Petit-Conseil et pris parmi les membres du Grand-Conseil ou parmi d'autres bourgeois recommandables par leur intelligence et leur expérience.

Au commencement de chaque séance, tous les juges prêtaient le serment de suivre attentivement les débats et de prononcer leur sentence en âme et conscience et conformément aux articles du code urbain. Les parties pouvaient appeler de la juridiction du Stadtgericht à celle du Petit-Conseil et de celle-ci, en dernier lieu, au Grand-Conseil. Ces recours existaient également pour les jugements des tribunaux spéciaux, à l'exception toutefois de ceux du tribunal matrimonial. Les parties pouvaient elles-mêmes plaider leur cause ou bien la remettre à un avocat, Fiïrsprech, qui devait être

1 V. Note VIII.


bourgeois de la ville et assermenté; aucun étranger n'était admis comme tel.

Il nous reste maintenant à parler du président du Sladtgericht, c'est-à-dire du sous-prévôt, Unterschultheisz, appelé simplement prévôt, Schultheisz ou Schulz, depuis la suppression de la charge du prévôt impérial. Comme nos historiens ne se sont occupés qu'en passant de ce personnage important, nous allons, à son sujet, entrer dans quelques détails. C'est lui qui présidait et dirigeait les débats après avoir fait constater par l'appariteur, Amtsknecht) que les membres du tribunal étaient en nombre suffisant pour délibérer et que toutes les formalités préalables avaient été remplies. C'est ce qu'on nommait « das Gericht verbannen ou aufrufen. » (Statuten) lre partie, fol. 4). Le symbole de l'autorité du prévôt était le bâton de justice, Schulzenstab. C'est en frappant avec ce bâton sur la table du prétoire, que le magistrat ouvrait et levait la séance, et imposait silence. Anciennement, ceux qui prêtaient serment mettaient la main droite sur ce bâton, pendant qu'ils répétaient la formule prescrite. On nommait cet acte « den Eid staben, » bâtonner ou frapper le serment. Le Musée historique c nserve un exemplaire de ce bâton symbolique ; c'est « une canne en bois noir garnie de clous en argent et surmontée d'une pomme du même métal, aux armes de la ville ; l'autre extrémité se termine par un lion en argent massif supportant la roue de Mulhouse. » (Voy. le Catalogue, N° 105.) Mais outre les fonctions dont nous venons de parler, le prévôt en remplissait encore plusieurs autres : il tenait le registre des amendes que la ville avait à percevoir à divers titres; il était juge arbitral entre les maîtres et les domestiques, ou dans certains litiges qui ne ressortissaient pas à la juridiction des tribus ; dans les procès criminels, il soutenait l'accusation au nom de la ville, soit seul, soit assisté d'un avocat; muni de son bâton prévôtal, il accompagnait tous les dimanches au service divin le bourgmestre en exercice ; enfin, il était parfois chargé d'autres « commissions honorables » (Raths-Protocoll du t4 décembre 1698). Au XVIe siècle son costume officiel se composait d'une cuirasse et d'un manteau rouge; il


portait sur la tète un casque de métal brillant et tenait dans la main une hallebarde (V. Zwinger, Histoire manuscrite). Au XVIIe siècle ce costume était aux couleurs de la ville, blanc et rouge ; mais ces couleurs étant aussi celles des manteaux que portaient les appariteurs, on trouva convenable de les remplacer par l'habit et le manteau noirs et le rabbat. En 1733, on lui fit reprendre le costume primitif, mais le rouge devait être de nuance écarlate et le drap plus fin (Raths-Protoc. du 26 août). En 1765, on revint au vêtement noir, par dessus lequel le prévôt devait jeter un manteau écarlate, lorsqu'il siégeait au tribunal criminel; dans ce cas, le cabasset, Sturmhaube, dont il avait été coiffé antérieurement, était remplacé par un chapeau noir (Raths-Protoc. du 2 décembre).

Les émoluments fixes du prévôt étaient minimes et variaient souvent d'année en année ; mais son casuel était important : outre les droits à payer par les parties condamnées par lui en sa qualité de juge arbitral, il avait l'usufruit d'une partie des fossés de la ville ; il percevait l'impôt payable par les juifs, lorsqu'ils entraient en ville, Judenzoll; il touchait celui des marchands étrangers qui venaient aux foires, et avait sa part aux péages des bestiaux et des ponts, Jahrmarkt- Vieh- und BrÜckenzoll. Plus tard tous ces droits furent remplacés par des indemnités en argent, auxquelles on ajouta encore une certaine somme pour son costume officiel (Raths-Protoc. des 2 décembre 1765, 19 décembre 1770, 20 juin 1771, 5 octobre 1791, 27 février 1792).

On reconnaît par ce qui précède toute l'importance des fonctions remplies par le prévôt, qui, comme nous l'avons fait remarquer, était aussi chargé du rôle d'accusateur devant le tribunal criminel. C'est de ce tribunal que nous aurons encore à nous occuper. Il prononçait les jugements consignés dans cette publication, et dont nous avons essayé de donner une traduction exacte et conforme à l'esprit du temps où ils ont été rendus. C'est à titre d'étude des mœurs et de la juridiction de nos ancêtres que nous les avons extraits des archives et des chroniques manuscrites, et que nous osons les offrir à l'indulgence de nos lecteurs.


Au moyen-âge, les jugements se rendaient en public, à ciel découvert, sous les arbres, au bord d'un fleuve, sur un pont, sur la place publique, et, plus tard seulement, sous le portique ou dans l'intérieur des bâtiments publics. Les juges qui, en Alsace, étaient ordinairement au nombre de vingt-quatre, étaient choisis parmi les membres des Conseils urbains et parfois parmi les autres bourgeois. Dans des cas extraordinaires, on appelait même sur les lieux des juges étrangers. Ainsi, nous apprenons que dans plusieurs affaires criminelles, la ville d'Ensisheim fit siéger à côté de douze juges pris dans son sein, douze autres de Thann, d'Altkirch, de Masevaux, de Cernay et de Landser (Merklen, Histoire d'Ensisheim, 1, 288 à 289) ; ainsi, à Mulhouse, les chefs et les principaux inculpés dans les troubles civils de 1587, furent jugés, le 7 février, sur la place Saint-Etienne par vingt-quatre juges choisis parmi les soldats suisses qui venaient de vaincre les insurgés ; car les membres du Conseil, qui avaient souffert le plus pendant la révolte, étaient les accusateurs et ne pouvaient pas être à la fois juges et partie.

Le tribunal criminel, appelé Malefizgerichl, était présidé par un des bourgmestres, qui, dans ce cas, tenait le bâton sacramental. Si nous avons dit plus haut que le nombre des juges était ordinairement de vingt-quatre, constituant celui des membres du Petit-Conseil, il paraît que parfois le nombre des juges présents était inférieur, car un décret de 1775 porte que « toutes les fois que, dans les affaires entraînant la peine capitale, les voix qui prononçaient cette peine étaient moindres que quatorze, le nombre des juges devait être immédiatement porté à vingt-quatre et que le vote devait recommencer. 1 »

De même qu'au tribunal civil, le prévôt, l'accusateur public, ainsi que l'accusé, pouvaient être assistés d'un avocat assermenté : les deux parties adverses pouvaient également choisir les leurs au tribunal criminel.

Les témoins étaient introduits par l'appariteur, Amtsknecht, qui

1 V. Note IX.


se tenait soit derrière le fauteuil du président, soit à la porte du prétoire; il remplissait, en quelque sorte, les fonctions de l'huissier audiencier de nos jours.

D'ordinaire les séances étaient publiques, bei offenen Thuren; toutefois, dans certains cas, l'entrée était fermée au public1 ; mais les portes se rouvraient lorsque le président prononçait la sentence. En cas d'acquittement, le magistrat ordonnait la mise en liberté de l'inculpé, en ajoutant à haute voix,\pour être aussi compris par les personnes qui se trouvaient au dehors, que « la considération et « l'honneur de l'acquitté étaient déclarés hors de toute atteinte. »

Arrivé au terme de notre esquisse rapide de la juridiction du vieux Mulhouse, il nous reste encore à dire un mot sur la législation suivie dans les jugements du Petit-Conseil, érigé en tribunal criminel.

La République de Mulhouse n'avait pas de code pénal spécial. Dans le principe, la coutume et la tradition en tenaient lieu, comme cela se pratiquait d'ailleurs en Alsace et dans les pays a voisinants. Mais, tout en s'inspirant de la sagesse de leurs ancêtres, les juges étaient libres dans l'application des peines ; ils ne relevaient (lue de leur conscience et de la lumière naturelle de leur raison.2 Peu il peu d'autres éléments surgirent dans la juridiction et contribuèrent il la transformer et à lui donner des bases plus solides.

V u notre incompétence dans la matière, nous laisserons la parole à un jurisconsulte autorisé, au savant auteur des & Anciennes juridictions de l'Alsace", » Véron-Réville, ancien conseiller à la Cour impériale de Colmar cl plus lard à celle de Bordeaux, où il est mort. Voici ce qu'il nous dit :

« Au XIIIe siècle on voit apparaître deux recueils de droit, qui ont eu, pour la législation de l'Allemagne, une importance dont les effets se font sentir encore de nos jours. Nous voulons parler de ces compilations qui, nées et plus particulièrement appliquées, l'une

1 V. Note X.

1 V. Note XI.

* Colmar 1857, 1 vol. in-8°,


dans la partie septentrionale, l'autre dans la partie méridionale de l'Empire, sont connues sous les dénominations de Sachsenspiegel, Miroir de Saxe, et de Schwabenspiegel, Miroir de Souabe. Bien qu'elles n'eussent aucun caractère officiel, leurs dispositions n'en devinrent pas moins, en quelque sorte, obligatoires, par cela même qu'elles étaient l'expression la plus vraie et la plus pure du droit germanique alors en vigueur. » (Pages 13 et 14.)

« Mais, à dater du milieu du XVe siècle, une transformation complète s'est opérée dans l'état juridique de l'Allemagne. Plusieurs générations de Docteurs ont été formées par les Universités. Pour eux, le droit romain, dont ils ont été presque exclusivement nourris, forme seul, avec les lois et les constitutions impériales, le droit commun. Quant au droit national non écrit, il n'est plus qu'un droit épuivoque, dont l'application ne peut engendrer que confusion et arbitraire. Dès lors aussi, l'usage du droit romain devint général dans les tribunaux, surtout devant les Justices impériales. Les anciens échevins, Schôffen, qui n'étaient plus à la hauteur de la science nouvelle, furent, en partie, remplacés par des Jurisconsultes. Dans les villes, le Magistrat s'adjoignit, en qualité de greffier ou de syndic, un Docteur chargé d'éclairer les délibérations. En un mot, lorsque l'empereur Maximilien Ier instituant, en 1495, la Chambre impériale, proclamait solennellement l'autorité du droit romain, la révolution juridique était déjà accomplie; le législateur ne faisait que consacrer un état préexistant. » (Pages 19 et 20.)

Voici maintenant ce que notre auteur nous apprend sur l'application de ces deux législations à la législation particulière de l'Alsace :

« Nulle part, la variété des aperçus que nous avons essayé d'esquisser sur l'histoire générale du droit en Allemagne, ne se vérifie mieux que dans notre province. L'Alsace, suivant le dernier état des choses, était un pays de droit mixte, régi, tout à la fois, par la coutume et par le droit romain. Non pas que ces deux droits exerçassent une autorité simultanée et concurrente, et que l'on pût indifféremment recourir à l'un ou à l'autre : la coutume avait la prééminence, et ce n'était que lorsqu'elle était muette, que le droit


romain acquérait force de loi et devait être appliqué. » Pages 22 et 23.

Les deux législations dont on vient de parler, renfermaient à la fois des dispositions relatives aux juridictions civile et criminelle, séparées plus tard et réunies, chacune, dans des codes spéciaux.

En 1532, Charles-Quint fit publier un code criminel, qui d'ailleurs avait déjà été précédé par ceux dits de « Bamberg », en 1507, et de « Brandebourg », en 1516, et de deux projets de code élaborés par ordre du même empereur dans les années 1521 et 1529. Il est connu sous le nom. de Peinliche Gerichtsordnung Kaiser Karl's des Fitnftetn.1 Mis en vigueur dans toutes les provinces de l'Empire, ce code était consulté et parfois appliqué en Suisse et spécialement à Mulhouse, comme on va le voir dans les pages suivantes, mais avec les modifications que la conscience et les lumières des juges trouvaient bon d'y apporter, principe que nous avons déjà eu l'occasion de constater.

Les jugements prononcés par le tribunal du Petit-Sénat de Mulhouse étaient consignés dans les livres des procès-verbaux, BathsProtocolle, dont des extraits substantiels, rédigés par le greffiersyndic, étaient transcrits dans des recueils connus sous le nom de Extràclen- ou Burgermeister-Biicher. Nous en avons pu consulter quatre exemplaires, dont un appartient à une famille de Mulhouse, un autre, celui du chroniqueur Mathieu'Mieg, au Musée historique, et les deux autres aux archives de la ville. Ces derniers sont les plus complets. Ils commencent vers la fin du XVIe siècle et vont jusqu'à la fin du XVIII e. L'un est écrit de la main du greffier-syndic Josué Hofer, depuis 1748 jusqu'en 1797; il comprend 917 pages in-folio. L'autre, rédigé pour l'usage particulier du bourgmestre Jean-Henri Dollfus, depuis 1778 jusqu'en 1797, compte 1100 pages in-folio. Dans l'un et dans l'autre les matières se suivent par ordre alphabétique.

1 Le jurisconsulte Dr H. Zœpfl, professeur à Heidelberg, vient d'en donner une Réelle édition synoptique. 2e édition, Leipzig et Heidelberg 1876, in-8o.


JUGEMENTS

rendus en matière criminelle

PAR

LE PETIT-SÉNAT DE L'ANCIENNE RÉPUBLIQUE DE MULHOUSE

XVIe siècle.

L

MAUVAIS TRAITEMENTS EXERCÉS SUR LES PARENTS. — Jean-Jacques K., qui avait battu sa mère et provoqué son père à se battre avec lui, est condamné à la prison. Après avoir subi sa peine, il demandera pardon de son crime et jurera de ne pas se venger1 ; de ne porter d'armes que pour monter la garde ; de ne plus se présenter aux noces, aux cabarets, aux loges des portes de la ville2, ni dans aucune société autre que celle de la buvette de sa corporation. 3 1582.

1 Texte : « ein Urphed schwören *; ce serment par lequel le condamne ne s'engageait pas seulement ä ne pas se venger, mais, en cas de bannissement, ä ne plus rentrer dans le pays, etait prete oralement et parfois repetc par ecrit. Voy. Statuten und Gerichts-Ordnung der Stadt Müllhausen, 25 mars 1740, fol. 38 et 39. Art. XXX. Cf. Peinliche Gerichtsordnung Kaiser Karls V (Carolina), par H. Zoepß, Leipzig et Heidelberg, 2e edition, 1876. pp. 92 et 93. — 2 « Thorstüblein. » — 5 « Schenke auf der Zunfft. »

2.

TRÔUBLES ET RÉBELLION CONTRE LE MAGISTRAT, 1587 et 1588. — Trois cent quatre-vingt-cinq bourgeois de Mulhouse, et quinze habitants d'Illzach, qui avaient pris part à la rébellion, furent condamnés à des amendes plus ou moins fortes selon le degré de leur culpabilité. Les plus coupables furent, en outre, enfermés dans le Walkenthurm ou dans les caveaux de l'hôtel de ville. Ma,rtin Dummel,. armurier, natif de Zoffingen, en Suisse, qui, du haut de la Porte de Bâle, avait dirigé les pièces de feu sur les assiégeants et en avait tué un grand nombre, fut condamné au gibet et exécuté sur la place Saint-Etienne.


DEUXIÈME RÉBELLION. — Le 17 juin t 590, le tribunal criminel' condamna à périr par le glaive vingt-six soldats qui avaient pris part à la deuxième rébellion et avaient blessé ou tué des bourgeois. Parmi eux se trouvaient un seul Mulhousien et quatre Alsaciens ; les autres étaient des mercenaires suisses ou allemands.

Le 26 juin de la même année, cinq bourgeois, convaincus du crime de haute trahison, furent décapités, puis écartelés et leurs corps pendus au gibet.

Le 1er juillet suivant, six autres bourgeois subirent le même sort, ainsi que le sous-prévôt qui avait livré le sceau du Conseil pour être apposé à une lettre adressée à Lucerne par les rebelles. D'autres, trouvés moins coupables, furent emprisonnés ou condamnés à des amendes.2

1 « "ßfalefizgericht. » - 2 V. MIEG, I, p. 206; 209; 11, p. 200 et suiv.

3.

SUICIDE. — La fortune de George K., qui s'était donné la mort en pays étranger, fut confisquée1 ; toutefois on en restitua plus tard les deux tiers aux héritiers. 20 janvier 1594 et 28 août 1595.

1 Les cas où l'autorité supérieure avait le droit de confiscation de la fortune d'un suicidé, sont spécifiés dans la Carolina de 1»32, ehap. CXXXV ; — Cf. Der richterlich Clagspiegel, Strasbourg 1538, fol. CXXXIlII, verso.

XVIIe siècle.

4.

DÉPLACEMENT D'UNE PIERRE-BORNE. — La femme de Clade B. qui avait déplacé une pierre-borne dans les vignes, payera 100 florins; elle ne pourra pas sortir de la ville pendant un an et est déclarée infâme. 21 mai 1613.


5.

POUR AVOIR BATTU SA MÈRE, Jean H. est condamné à être admonesté à l'église pendant le service divin1 ; il payera une amende de 1200florins; en outre, il est déclaré infâme et indigne de porter les armes.2 8 août 1625.

1 Texte : « mussle ein stand in der Kirchen Ihun » ; plus ordinairement :

« einen Kirchensland Ihun. > Le délinquant, accompagné d'un sergent de ville, était placé à l'entrée de la porte du clocher donnant dans l'église: c'est là qu'il devait écouter les admonestations du pasteur qui le signalait à l'assemblée par ses noms et prénoms, et l'exhortait à expier son crime et à se corriger. Les parjures et les blasphémateurs étaient obligés de faire pénitence devant la chaire, près de laquelle se trouvait, sur le deuxième pilier de la nef, à gauche en entrant, une tête sculptée en bois, dite der Kopf des Golteslâslerers. Voy. GRAF, 11, p. 355 et 356, et ALG. STOEBER, Alsalia 1875-1876, p. 156. Cette tête se trouve aujourd'hui au Musée historique; V. Catalogue p. 25, N° 159. — 2 « Ehr- und wehrlos. »

6.

SUICIDE. — Les héritiers de Georges B., qui s'est pendu, sont condamnés à une amende de 100 écus. 3 août 1637.

Ce jugement est accompagne de la note suivante. ecrite par J.-H. Reber l'aine : « Wegen Caspar K. war der Frefel (Tarnende) 5 Pfd. und demScharfrichter 20 Pfd. 26. Aug. 1683. - Samuel P. 160 Pfd. 15. Aug. 1714. »

7.

LE SIEUR TII., CURÉ DE ZIMMERSIIEIM, qui s'était réfugié à Mulhouse1, fut condamné, malgré l'intercession de l'évêque 2, à la prison et à une amende de 100 florins, pour avoir, pendant son séjour dans la ville, béni le mariage de sa cuisinière avec un soldat. 23 août 1637.

1 A cette époque le Sundgau et une grande partie de la Haute-Alsace étaient, à chaque instant, traversés par des armées étrangères, qui demandaient des provisions et occupaient alternativement les campagnes pendant plus ou moins de temps; c'étaient tantôt les Impériaux, tantôt les Français, tantôt les troupes de Bernard, duc de Saxe-Weimar. Une foule de villageois et avec eux plusieurs ecclésiastiques catholiques vinrent alors demander un refuge à Mulhouse; la ville le leur accorda sous la condition de lui jurer obéissance et fidélité et de lui payer une contribution mensuelle. La religion catholique n'ayant pas le droit d'y exercer son culte, le curé de Zimmersheim se trouvait en contravention et en fut puni. — 'L'évêque de Bàle. — Pour les détails, voy. FÜRSTENBERGER, Chrono masser. Liv. VIII, chap. 7 ; GRAF, 11, 298; CH. DF. LASABLIKRE, 141 et suiv.


8.

Jean St. fut condamné à la prison pour avoir coupé des bourgeons ' sur les bords de la Sinne.2 7 août 1639.

1 « Iùiospen. » — 2 L'usufruit des plantations ainsi que de l'herbe de la Sinne et d'autres fossés constituait une partie du traitement de certains fonctionnaires, tels que : le Baumeisler, le Sladtschreiber, etc. Un arrêté du Conseil, daté du 2 mars 1631, porte : « Der Graben zwischen der Basel- und der Bleilallenmiihle, das Bollwerk genannt, (JehOrt dem Stadtschreiber. » Voy. d'autres arrêtés du 10 avril 1695 ; du 16 février 1733, etc. dans le Bürgermeister ou Extractenbnch, manscr. in-folio. Archives de la ville.

9.

VOLS COMMIS DANS LES CHAMPS. — Toute personne jouissant du droit de bourgeoisie, convaincue d'avoir volé des fruits dans les champs, payera une amende de 4 florins. Les personnes qui sont seulement admises à domicile1, subiront la peine de la Trille8 ou celle du violon.3 Mandement du 25 août 1648.

1 « Hintersassen. » — 2 Espèce de cage à tournette dans laquelle on plaçait les maraudeurs et qu'on faisait tournoyer à l'aide d'une manivelle jusqu'à ce qu'ils eussent rendu le corpus delicti. — 3 Le violon, die Geige, consistait en une planchette qu'on attachait au cou du condamné moyennant une chaîne ; au milieu étaient pratiqués deux trous pour y faire passer les mains ; le condamné était ou exposé pendant quelque temps aux regards du public ou promené par la ville, accompagné d'un Sladtknecht. La Geige fut abolie en Alsace par un arrêté du Conseil provincial de Brisach, rendu le 18 juin 1678. Voy. Ordonnances d'Alsace, Tome 1, fol. 56 et 57, et Alsatia, 1875-1876. p. 84-88. A Strasbourg cette peine était connue sous la dénomination « an die Harpfe schlagen. »

10.

FILS CONDAMNÉ POUR AVOIR CALOMNIÉ SON PÈRE. — Daniel E. est condamné à l'admonestation pendant le service divin, Kirchenstand ; il payera en outre une amende de 200 livres pour avoir dit que son père l'avait battu comme un assassin. 20 septembre 1650. i1.

INCESTE. — Sur la demande du magistrat de Zurich, Jacques W., de Tagschwanden, convaincu d'inceste avec sa bru, fut mis en


prison dans notre ville et condamné à périr par le glaive. 4 mai 1653. Tous les frais furent payés par ladite ville de Zurich.

Cf. FÜRSTENBERGER, C/M'OM. mnscr. Liv. IX, chap. 2. — Conformément au Code matrimonial de l'année 1744, art. XVII, § 3, l'inceste commis dans les conditions de parenté spécifiées ci-dessus, était puni de bannissement à perpétuité ; avant de subir sa peine, le coupable était battu de verges.

12.

MEURTRE. — Le dimanche, 24 juillet 1658, Herman Schl., originaire de Liége, cavalier du régiment Balthasar, en quartier au village de Hochstatt, s'était enivré à l'auberge du Raisin; puis, traversant la place de l'hôpital, il avait lâché ses deux pistolets sur Jacques Graff, bourgeois et charron, assis tranquillement devant sa maison, et qui mourut quelques heures après par suite de ses blessures. Le meurtrier fut arrêté, mis en prison et condamné à mort. L'exécution par le glaive eut lieu peu de jours après, malgré les réclamations et les menaces des officiers de la compagnie de M. Fraise, à laquelle ce cavalier appartenait.

Cf. FÜRSTENBERGER, Chrono mnscr. Liv. IX, chap. 3; — M. MIEG, Tome 1, p. 250.

13.

INJURES. — R., de Modenheim, qui avait traité Monsieur le pasteur supérieur Salathé i de misérable et de trouble-ménage, fut mis en prison et condamné à une amende de 50 livres. 26 mars 1679.

1 « Herrn Obrist Pfarrer S. » — Voy. Statuten und Gerichts-Ordnung, etc. Art. XXXI, § 4.

14.

FORMULES MAGIQUES. — Joseph J. sera mis à la question1 pour avoir appris au domestique de Jean Abt toutes sortes de formules et de pratiques magiques très condamnables. Le domestique fut condamné aux travaux forcés du Schellenwerk,2 23 avril 1679.

1 Voy. Die Folter in der ehemaligen Republik Mülhausen, par F. OTTE, Alsatia 1856-1857, p. 119-125. — 2 « Der Knechl soll an's Schellenwerk geschlagen werden. » Ceux qui étaient condamnés au Schellenwerk étaient chargés de chaînes ou traînaient des boulets de fer pendant qu'ils exécutaient les travaux publics les plus pénibles sous la surveillance des valets de ville ; ils étaient coiffés de chapeaux ou de bonnets garnis de grelots, Schellen, qui se faisaient entendre à chaque mouvement du corps.


15.

VOL D'ÉGLISE. — G., bourgeois de la ville, qui avait volé l'argent du tronc de l'église Saint-Etienne et commis encore d'autres vols, est condamné à périr par le glaive. L'exécution eut lieu le 3 août 1683.

Cent ans après cette exécution, le Conseil souverain d'Alsace condamnait encore les voleurs d'église à avoir le poing coupé, puis à être brûlés vifs, revêtus d'une chemise soufrée ou ardente. Voy. Ordonnances d'Alsace et M. DE Neyremand. Petite Gazette des tribunaux etc. de l'Alsace, 1860, fol. 82, 83 et 100.

16.

BESTIALITÉ. — NN., convaincu du crime de bestialité, est condamné à périr par le glaive ; après l'exécution son corps sera livré aux flammes. 18 juillet 1688.

V. Carolina, chap. CXVI.

17.

LES CAPUCINS DE LANDSER CONSULTÉS POUR DÉCOUVRIR UN VOLEUR. — Un vol de plusieurs pièces de drap fut commis avec effraction dans le magasin du bourgeois CI. S. T. Celui-ci envoya un tailleur à Landser pour consulter les pères capucins sur l'auteur du vol. La nuit suivante, on trouva une partie de la marchandise devant la boutique de CI. et une autre dans la rue du Raisin. CI. fut condamné à une amende de 35 livres et le tailleur à la prison. 29 octobre 1690; 14 mars 1691.

Le magistrat avait dans plusieurs mandements défendu les pratiques superstitieuses et les consultations pour découvrir des vols ou des trésors.

18.

DUEL. — Deux capitaines français s'étant battus en duel sur le territoire de Mulhouse, et l'un d'eux ayant été tué, le major du régiment eut à payer à la ville une amende de 100 écus. 11 mars 1691.

19.

EXORCISME. — Pierre Dax est condamné à huit jours de prison, qu'il subira au Walkenthurî)z ; il fera, en outre, amende honorable à l'église pendant le service divin, pour avoir fait venir du canton


de Soleure un exorciste, avec l'aide duquel il espérait trouver un trésor caché au lJfÜnchsberg. 25 octobre 1693.

On trouve sur les chercheurs de trésors au JIÜnchsberg des détails fort curieux dans la Chronique manuscrite de FURSTENBFRGER, Liv X, chap. 8, ad. ann. 1693. — De temps immémorial, « seit uralten Zeiten, » le chapitre de Bâle, « die basslerische Hohe Thumslifft, « jouissait à Mulhouse du quart de la grande dîme de blé et de vin ; il possédait, en outre, des rentes sur des champs et des vignes du Mûnchsberg. Après de longues négociations, la ville parvint à racheter ces rentes pour la somme de 8000 florins, le 10 octobre 1682. FÜRSTENBERG ER, 1. c. Liv. X, chap. 3.

20.

RIXE ENTRE DEUX NOBLES. — Le seigneur de Landenberg et le seigneur Schulter s'étant battus à Illzach, le premier fut condamné à 2 florins, le second à 6 florins d'amende. Cet argent fut distribué aux pauvres. ter mars 1694.

La ville de Mulhouse avait acheté, en 1437, des comtes Louis et Ulrich de Wirtemberg les villages d'Illzach et de Modenheim avec tous les droits, dépendances, etc. Le château resta toutefois séparé du village ; il fut successivement la propriété des nobles d'Illzach, des Gerwart, des Knittel, des Hirtzbach, des Gielen et des Hohenfurst ; cette dernière famille s'étant éteinte en 1613, les nobles de Landenberg firent l'acquisition du château qu'ils conservèrent jusqu'en 1797, où il fut acheté par un bourgeois d'Illzach. Notre Musée historique possède une gravure représentant le village, l'église et le château. Voy. Catalogue, N° 172.

2i.

INFIDÉLITÉ D'UN ARCHITECTE DE LA VILLE.1 — Comme après le décès de l'architecte J. W., on constata de nombreuses soustractions par lui commises au préjudice delà ville, et qu'au surplus il fut prouvé que, dans plusieurs occasions, il avait violé son serment, ses héritiers furent condamnés à payer à la ville une indemnité de 207 livres ; en outre, son traitement fut confisqué et l'herbe du fossé, dont il avait eu la jouissance, fut donnée à l'hôpital. 10 avril 1695.

1 Le Baumeister était chargé des plans et de l'exécution de toutes les constructions de la ville et de son enceinte, comme aussi d'en surveiller la conservation. Il lui était adjoint un conducteur des travaux, Werkmeister, un maître maçon et deux autres aides. Il avait à se présenter tous les samedis devant le bourgmestre, « er soll jeden Samstag am Brett referiren. » pour rendre compte des travaux de la semaine ; il ne pouvait pas dépasser de 4 florins les devis fixés par le Baugericht sans l'assentiment du Conseil. Voy. Ratlis-Protocoll du 23 juin 1687; du 3 février 1692, etc.


22.

VOL DE TOILE. — George Sch., convaincu d'avoir volé plusieurs pièces de toile suspendues le long du fossé, est condamné au carcan1, à une amende de 50 livres et à tous les frais du procès. 26 juin 1695.

1 Halseisen.

\

XVIIIe siècle.

23.

INCENDIAIRE. — Anne-Marie K., qui avait mis le feu à une grange, à Illzach, fut exécutée par le glaive.1 4 juillet 1703.

1 Dans d'autres pays les incendiaires furent brûlés vifs. V. Carolina, chap. CXXV.

24,

ASSASSINAT ET VOL. — Un ouvrier tisserand de Saint-Gall, nommé Karrer, fut convaincu d'avoir, le 19 octobre 1709, assassiné à coups de pierre et de couteau son camarade Meyer et de lui avoir volé son argent. Il fut décapité; puis, attaché sur la roue, il fut exposé à l'endroit où il avait commis le crime, c'est-à-dire près d'un fossé nommé Entenloch, dans la banlieue d'Illzach.

FÜRSTENBERGER, 1. c. Liv. XI, chap. 3, qui rapporte les détails du crime et les contestations que le procès avait suscitées entre le bailli de Landser et la ville, ajoute que celle-ci eut à payer tous les frais conformément aux articles CCIV et CCXVIlI de la Carolina. Voir aussi : MIEG, II, 39, et GRAF, III, 94.

25.

FAUX SERMENT. — La famille H. : le père, la mère, le fils et sa femme, qui avaient fait un faux serment dans une affaire d'héritage, furent condamnés à être admonestés à l'église, en présence de la communauté. Le père eut à payer une amende de t 00 livres et à restituer à ses co-héritiers plus de 200 livres dont il les avait voulu spolier. 22 janvier 1721.

La Carolina, art. CVII, punissait le faux serment prêté devant le juge par la perte des deux doigts que le parjure avait levés.


26.

COUPS DONNÉS A UN FRANCISCAIN. — Le voiturier M. S., de Mulhouse, convaincu d'avoir, près de Modenheim, roué de coups un franciscain de Rouffach et de l'avoir grièvement blessé, fut condamné à envoyer dans cette ville une personne agréée par les pères, pour demander pardon en son nom. Il eut, en outre, à subir un emprisonnement de quatorze jours, à payer au couvent une somme de 80 livres pour être distribués aux pauvres, à payer le médecin et les frais du procès, ce qui lui coùta encore près de 100 livres. Enfin, défense lui fut faite de fréquenter, pendant six mois, toute société honorable. 19 juillet 1723.

FÜRSTENBERGER, Liv. XI, chap. 14, qui rapporte les details de cette affaire, dit au commencement de son recit : « Es ist auch dieses Jahr das alte Sprichwort erfüllt worden :

Wer nichts hat zu schaffen Der schlage einen Juden oder Pfaffen.

Es gienge bey Modenheim bey starkem Regenwetter ein Franziskaner von Ruffach, der wohl zu Mittag gespeisst und dabey das trincken nicht vergessen, Namens Polycarpus, für Michael S. so neben seinem Wagen gienge vorbey, grüssete ihn, indem zwahr S. gedanckt, aber Regens halben den Huth nicht abgezogen, der Messe ihn einen groben Dölpel. S. gab spizige Antwort, so dass es zu Streichen kämme, und der Franziskaner übel verwundet sich auf Mülhausen führen liesse, und klagte es dem Bürgermeister, welchem gut Recht zu halten versprochen wurde, worauf er sich nach Ruffach führen /?ßssß... '

Voy. aussi : GRAF, III, 181-182, et MIEG, 11, 50 ; ce dernier se trompe en rapportant l'affaire à l'année 1720.

27.

ASSASSINAT ET VOL. — Le garçon boucher Sch. est convaincu d'avoir assassiné et volé son camarade St., d'en avoir coupé le corps en pièces qu'il jeta dans la Sinne. Il est condamné à être roué vif 1, puis étranglé avec une corde ; après l'exécution, son corps restera exposé sur la roue au lieu dit Bahnloch.2 27 décembre 1726.

1 Le supplice de la roue dont on fait remonter l'invention à l'empereur Commode, et qui n'a été aboli en France qu'en 1789, est l'un des plus atroces que l'imagination de l'homme ait pu concevoir. Voy. M. DE NEYREMAND, 1. c. 1859, fol. 113, où se trouvent les détails de cet horrible supplice. —

2 « Das Bahnloch ist rechter Hand so man zum Oberthor hinaus gehet, bey « einem Eichbaum, so auf einer Höhe stehet. » FÜRSTENBERGER, Liv. XI, chap. 14.


28.

VOL DE RAISINS. — Frédéric H., convaincu d'avoir coupé dans les propriétés de ses voisins des branches de vignes chargées de raisins et de les avoir attachées aux ceps de ses propres vignes, est condamné à huit jours de prison au Walkenthiti-ni ; de plus il lui est enjoint de vendre ses vignes dans l'espace de quatre semaines ; le vin qu'on y récoltera sera partagé entre lesdits voisins; enfin, le condamné ne pourra plus posséder cte bien-fonds dans la banlieue de la ville. 20 octobre 1728 et 10 février 1729.

Ce jugement, quelque dur qu'il puisse paraître de nos jours, est très doux en comparaison d'un jugement rendu à Colmar par le Conseil souverain d'Alsace dans la deuxième moitié du même siècle : « Deux voleuses de rai« sins ont été condamnées au carcan, au fouet, à la flétrissure et à la détention « pendant dix ans dans une maison de force. » V. M. DE NEYREMAND, 1. c., 1860, fol. 100.

29.

INJURES CONTRE LE BOURGMESTRE. — La femme de Henri Sch. est condamnée à porter le Klapperstein1 pour avoir proféré des injures contre Monsieur le bourgmestre en exercice.2

1 Voy. mon travail sur le Klapperstein, la pierre des mauvaises langues, p. 69-144 de VAlsalia 1875-1876. — 2 « gegen den regierenden Herrn Burgermeister. »

30.

INJURES CONTRE LE PETIT-CONSEIL. — Pour avoir injurié le PetitConseil et particulièrement plusieurs membres du gouvernement, H. L. est condamné à la prison ; il promettra, sous la foi du serment, de ne plus jamais troubler la paix publique ni de chercher à se venger. 21, 27 février 1732.

S'étant établi à Dornach, et y ayant recommencé ses hostilités contre le magistrat, il fut remis entre les mains de la justice urbaine et condamné à la prison à perpétuité. 5, 16 juillet 1732.

A cette époque les nobles de Ze Rhin ou Zu Rhein, bourgeois de Mulhouse, possédaient Dornach comme fief.

31.

TENTATIVE D'EMPOISONNEMENT D'UN MARI SUR SA FEMME. — JeanGeorge E. est convaincu d'avoir saupoudré de vert-de-gris1 un plat


de lentilles dont sa femme devait manger. Bien que celle-ci s'en fût abstenue, le coupable fut condamné au carcan, au fouet et banni de la ville. 15, 18 février 1736.

Sur les instances de la famille, le condamné fut grâcié par un jugement du 18 décembre 1737 et admis comme pensionnaire à l'hôpital.

1 Le texte a : Spongrün, forme ancienne et peu usitée de Griinspan.

32.

BLASPHÈME. — Jean M., d'Illzach, qui a tenu des propos scandaleux contre la Mère-de-Dieu, est condamné à la prison, à six semaines de Schellenwerk, et ensuite à six mois d'arrêts dans sa maison; avant de subir sa peine, il sera admonesté à l'église en présence de la communauté. 15 mars 1740. Il doit l'admission de circonstances atténuantes à son manque d'esprit et à sa profonde ignorance, qui lui ont fait proférer des paroles condamnables sans y attacher aucune autre mauvaise intention.1

1 Texte : « seine Einfalt, grobe Unwissenheit, ohne andere böse Absichten.»

— Voy. pour les supplices infligés, en Alsace, aux blasphémateurs, aumoyen âge et jusqu'en 1789, Alsatia 1875-1876, p. 145-183.

33.

PAROLES INJURIEUSES CONTRE LE ROI DE FRANCE.1 — Pierre St., d'Illzach, est condamné à la prison et à une amende de 50 livres pour avoir proféré des paroles injurieuses contre sa Majesté le roi de France. 17 juillet 1743.

1 Louis XV.

34.

CALOMNIE. — Rosine B. est condamnée à porter le Klapperstein et à travailler pendant quatre semaines au Schellenwerk, pour avoir faussement accusé le sieur Christophe Schl. de faux en écriture et d'avoir, en outre, nié la signature des quittances qu'elle lui avait données. 10 novembre 1745.

35.

VOL DE RAISINS. — Deux valets de labour, qui avaient volé des


raisins dans un enclos, furent conduits aux quatre portes par les sergents de ville, puis placés dans la Trille1 et bannis à perpétuité. 12 septembre 1746.

1 « In der Trille qelrült. »

36.

INJURES. —Jacques E. est condamné à huit jours de prison, qu'il subira au Tl1 alkenthurrn; en outre, il portera le Klapperstein1 aux quatre portes de la ville, pour avoir traite de parjures les membres du tribunal des tutelles qui lui avaient imposé un curateur.2 30 juin 1749.

1 Ce n'était que dans des cas exceptionnels que l'on voyait des bourgeois condamnés à cette peine. — 2 Voy. Staluten, etc. Deuxième partie, art. 1, § 1, et art. XXXVI, § 1-7.

37.

VOL DE LAINE" 1 — Martin St. et sa femme, qui avaient à plusieurs reprises volé de la laine à leur maître, furent condamnés à la restitution de la marchandise. Le mari, qui avait pris la fuite, fut condamné par contumace; la femme fut exposée sur la banquette de l'hôtel de ville, puis conduite, la Geige au cou, aux quatre portes, et condamnée à trois mois de travaux publics au Schellenwerk. 27 août 1749.

1 Les fabriques de laine dont le nombre flottait entre 60 et 90, existaient déjà au XVIE siècle ; elles n'occupaient qu'un nombre très restreint d'ouvriers, car, à cette époque, le magistrat n'autorisait point l'établissement de grandes fabriques. V. Raths-Protoc. 8 juin 1569; MIEG, 1, 302-303.

38.

EXPOSITION D'UN ENFANT. — Elisabeth Fr., d'Eglisau, qui avait exposé son enfant naturel dans la guérite hors la Porte du Miroir, se réfugia à Zurich, d'où on la renvoya sur la demande du magistrat de Mulhouse. Elle fut conduite aux quatre portes de la ville, coiffée de la couronne de paille1, puis bannie à perpétuité. L'enfant lui fut rendu. 18 février, 18 mars et 8 avril 1750.

1 « Strohki,aiiz ». A Colmar les femmes de mauvaise vie portaient des chapeaux de paille pointus.


39.

VIE DÉBAUCHÉE. — Jean K., convaincu de mener une vie débauchée, est mis au pain et à F eau ; il passera une année dans la salle dite Spinnstube. 1er avril 1750.

Condamné plus tard au Schellenwerk, il réussit à prendre la fuite et embrassa la religion catholique. Revenu à Mulhouse, il fut mis, jusqu'à nouvel ordre, dans la prison de l'hôpital, dite Lederlein's Castell, pour avoir proféré de graves injures contre M. le bourg. mestre Hofer. 13 novembre 1751.

Voy. Statuten, etc. Deuxieme Partie, art. XXXVI, § 2, oü il est dit au sujet des personnes prodigues et debauchees : « Sie sollen vor E. E. Rath gestellt, ihre schandliche Lebens-Art ihnen öffentlich vorgehalten werden, und wann sie sich nicht besseren, auf kundbare Nachricht ihres schlimmen Wandels, mit der Thürnnng, Schellenwerk, Verweisung, und anderen willkührlichen Straffen, nach Grösse des Verbrechens, und Gestalt der Umständen, anderen zum Exempel, angesehen werden. »

40.

CALOMNIE. — Anna G. est condamnée à porter le Klapperstein pour avoir traité le bourgeois Jean Fr. d'incendiaire1, l'accusant faussement d'avoir mis le feu à la maison de M. le maître de poste, R. 29 novembre 1752.

1 « Mordbrenner. »

41.

VOL A LA FOIRE. — Une femme qui avait volé divers objets à la foire, fut condamnée à être exposée au carcan pendant une heure, à recevoir six coups de fouet et à être marquée du fer chaud. 20 septembre 1756.

42.

SOUSTRACTIONS FRAUDULEUSES. — La surveillante de la salle des mendiants à l'hôpital', convaincue de plusieurs soustractions frauduleuses, portera la Geige aux quatre portes de la ville et travaillera pendant quatre semaines au Schellemoerk. 5 janvier 1758.

1 « Die Bettelmutter im Spital. »


43.

BIGAMIE. — Jean M., habitant patronné1, fut condamné pour bigamie à être exposé au carcan pendant une heure, ayant une verge attachée sur son dos. Il fut ensuite banni à perpétuité de la ville. Son crime aurait entraîné la peine capitale2 ; mais, sa première femme ayant consenti au mariage de son époux avec une autre, il obtint le bénéfice des circonstances atténuantes. 25 avril ; 2 mai 1759.

1 « Schirmsverwandter. » — 2 « Ein Mann der bey Lebzeiten seiner Frauen noch eine andere Frau nehmen, oder eine Frau, die noch einen andern Mann nehmen würde, soli nach der Il alsz - Gerichts - Ordnung Kaysers Caroli V, peinlich, das ist am Leben, oder mit dem Staub-Besen gestraft werden. » Mülhauser Ehegerichts-Ordnu.ng, art. XVIII, § 3. Cf. Carolina, art. CXXI.

44.

VOL DE COTON. — Plusieurs jeunes filles qui avaient volé du coton 1, furent condamnées à quatorze jours d'emprisonnement au Castell, où elles travailleront traînant les boulets ; tous les trois jours elles recevront des coups de bâton.2 21 novembre 1759.

1 On sait que la premiere fabrique d'indiennes a Mulhouse fut etablie en 1746 par Jacques Schmalzer, Samuel Krechlin et Jean-Henri Dollfus. Un arrete du Petit-Conseil, date du 1er juin 1746, dit, entre auires, ä ce sujet: « Die Herrn Köchlin, Schmalzer u. Comp, richten Anno 1746 eine IndienneFabrik cdlhier auf, halten um den Aufenthalt ihrer fremden Leute an, der ihnen unler ihrer Caution bewilligt wird. » — « Ihnen als Begünstigung noch ein Jahr Zoll .fi,eiheit ertheilt, 5. Juli 1747; dieselbe prorogiert bis zum 3. October 1748 » — 2 « Ins Castell und mit der Kuglen zu schaffen condemniert; sollen auch alle 3 Tag abgeprügelt werdeib. »

45.

VOL DE VÊTEMENTS D'ENFANTS. — Une vagabonde étrangère1, qui avait enlevé, hors ville, les vêtements à deux petits enfants, fut exposée au carcan pendant une heure, battue avec des verges en six divers endroits de la ville, marquée du fer rouge et bannie de la ville et de son ressort. 26 juillet 1760.

1 « Eine Landfahrerin. -


46.

VOL D'INDIENNE puni de mort par strangulation. 1 21 novembre 1760.

1 « Mit dem Strang. »

47.

VOL DOMESTIQUE. — Une servante, qui avait volé du vin a son maître, fut conduite par toute la ville avec la Geige au cou et un cruchon suspendu au dos ; puis bannie de la ville et de son ressort. 17 juin 1761.

Voy. des condamnations beaucoup plus fortes pour vols domestiques :

M. DE NEYREMAND, 1. c. 1860, fol. 82, 99 et 100.

48.

PAROLES SACRILÈGES. — Reinhard M., d'Illzach, avait dit à l'auberge qu'il renonçait au ciel en ajoutant des paroles sacrilèges. Pour ce fait il fut condamné à deux jours de prison au Jflalkenthunn, puis à la prison à Illzach et, de plus, à être admonesté à l'église en présence de la communauté.1 11 novembre 1761.

1 « Einen Aireiienst(tiid tlmn. »

49.

VOL D'HABITS. — Une femme étrangère avait enlevé dans la maison de maître Théobald Steinbach, à Illzach, un paquet d'habits de plus de 200 livres de valeur ; mais le vol fut presqu'immédiatement découvert. On arrêta la femme et on la mit à la question1 pour lui faire dénoncer ses complices. La voleuse fut condamnée à être exposée au carcan pendant plusieurs heures, à être fustigée en huit endroits de la ville et à être bannie. Vu son état de grossesse2, on la dispensa de la flétrissure. 13 et 18 juillet 1763.

1 'I Die Daumen-Stöck angelegt. » — 2 « propter gral,ididatenz. »

50.

INFANTICIDE. — Anne-Marie G., de Fortschwihr, près Colmar, servante chez un boulanger de la ville, est condamnée à périr par le glaive pour avoir tué son enfant. 8 février 1765.


51.

ECRITS INJURIEUX. — Jean-George Sch., le jeune, l'auteur de deux écrits injurieux contre les autorités suisses1, contre la commission des cuirs2, contre M. le bourgmestre Hofer 3 et le syndic de la ville4, fut condamné à demander pardon par écrit. Son libelle fut détruit; il fut, en outre, suspendu pour trois ans de ses fonctions de Dreiers, et menacé des peines qui frappent les perturbateurs de la paix publique, s'il lui prenait fantaisie de renouveler ses attaques. 23 janvier et 1 cr février 1768.

1 « U. G. H. die Schweizer. » — 2 Die Ledercommission, appelée aussi Lederbureau, fut établie en 1760 par le magistrat et sous sa juridiction, pour faciliter l'exportation en France des cuirs fabriqués à Mulhouse et soumis à une taxe. Voy. MIEG, I, 317. Le Musée historique possède une collection de coins et de marteaux à timbrer les cuirs. Voy. Catalogue Nos 197, 198 et 199. — 3 Jean lIofer. — 4 Josué lIofer; c'est à lui surtout que revient l'honneur d'avoir mené à bonne fin les négociations avec la France pour l'exportation des cuirs ; aussi le magistrat l'en récompensa-t-il par une gratification en argent et une coupe en vermeil. — 5 La création des Dreier, c'est-à-dire de trois bourgeois par chacune des six tribus, comme membres du Grand-Conseil, remonte à l'an 1740. Voy. GRAF, III, 13^-139. — Quant aux libelles injurieux, Pasquillen, qui, à cette époque, étaient à l'ordre du jour, le magistrat avait déjà publié, le 9 décembre 1733, le mandement suivant, intéressant à plus d'un titre :

« Wegen dem überhand genommenen Pasquillen Ausstreuen, ist folgende Ordnung per mandatum auf den Zünften gemacht worden :

« 1° Jeder Bürger soll bei Ehr und Eid anzeigen. wenn ihm der Urheber und Verfasser der ausgestreuten Pasquillen bekannt ist.

« 2° Wer es anzeigt, soll verschwiegen bleiben und 100 Thaler Belohnung erhalten. »

« 3° Wer kiinftighin eine Pasquille findet, soll sie gleich zerreiszen und verbrennen und niemand etwas davon sagen, sonst soll er für den Thäter gehalten werden.

« 4° Die Wächter sollen des Nachts auf diese Nachtvögel fleiszig Achtung geben und die Verdächtigen gleich anhalten. »

52.

FALSIFICATION DE MARTEAUX A TIMBRER LES CUIRS. — Paul Sch., employé à la régie des cuirs, a fait fabriquer, de complicité avec quelques autres personnes, de faux marteaux à timbrer les cuirs d'après un modèle qu'il avait enlevé au bureau. On découvrit plusieurs de ces marteaux chez le maroquinier1 Pierre E., qui fut


condamné à être banni de la ville; Paul Sch. fut condamné à quatorze jours de prison, à trois mois d'arrêts dans sa maison2 et à la perte de son emploi; sa mère eut à payer 200 livres en restitution et 300 livres d'amende. 10, 15 mars; 19 avril 1773.

1 Saflianer. — 2 « 1ns Haus bannisiert. » Ceux qui quittaient la maison pendant le temps fixé pour leurs arrêts, avaient à subir une peine plus forte. « Le bourgeois N., condamné aux arrêts dans sa maison, ayant pris la fuite, est passible d'une amende de 50 liv. stebler. » 15 octobre 1722.

53.

VOL D'ARGENT. — Feiszel Kabz, mendiant Israélite, se disant originaire de Seppois1, avait volé à la Halle-aux-blés six louis d'or et plusieurs pièces d'argent déposés sur un plat et appartenant au boucher Scholler, de Battenheim ; puis il avait jeté le plat derrière les sacs. Pris sur le fait, il fut exposé au carcan pendant une heure, battu de verges en sept endroits de la ville, puis marqué du fer chaud et banni à perpétuité. 14, 15 et 20 mars 1775.

1 Les villages de Seppois-le-Haut et Seppois-le-Bas sont situés dans la vallée de la Largue.

54.

VOL ET FORNICATION. — Barbe Moos, de Zimmersheim, fut condamnée, pour vol et fornication, à porter la Geige aux quatre portes de la ville et à être coiffée de la couronne de paille. 26 mai 1779.

55.

INJURES, — Chrischona, femme de Nicolas V., de Bühl, est condamnée à porter le Klapperstein pour s'être rendue coupable de graves injures.1 28 février 1781.

1 « ärgerlicher ldsterlicher Reden. »

56.

BANDE DE VOLEURS. — Dans les années 1780 et l78t de nombreux vols furent commis dans les fabriques d'indiennes, aux blanchisseries et dans la maison de réunion des arquebusiers.1 Les coupables, au nombre de sept, furent punis ainsi qu'il suit : à vingt années de travaux forcés ; à être enfermés à perpétuité dans la maison de


force et à être battus de verges ; à vingt années de prison dans la maison de correction et au carcan ; à trois années de travaux au Schelleniverk. Un d'entre eux, qui s'était évadé, fut pendu en effigie ; un autre, qui avait également pris la fuite, fut arrêté près de la tuilerie de Pfastadt et passé par les armes. Il fut enterré aux frais du bailli.2

1 Rohrbüchsenschülzen-flaus. hors la Porte-Jeune, aujourd'hui Brasserie Danner. — 2 A cette époque Pfastadt faisait partie du bailliage de Brunnstatt.

57.

FAUX EN ÉCRITURE. — Charles G., jardinier de Sierentz, qui a vendu, sur de faux certificats, des plants d'arbres fruitiers, est condamné à la restitution de l'argent de vente, à être exposé au carcan avefc le Schellenwerk et à avoir une verge attachée au dos. 1 et 5 juin 1782.

Voy. la condamnation d'un huissier faussaire : M. DE NEYREMAND, 1. c. fol. 82.

58.

VOLS AUX RLANCHISSERIES.1 — Vers la fin de l'année 1782 et au commencement de 1783, de nombreux et importants vols furent commis aux blanchisseries de plusieurs fabriques. Les fabricants Kœchlin, ayant à plusieurs reprises découvert à Belfort des marchandises provenant de leur maison, déposèrent plainte au parquet de cette ville. Deux vendeurs, les nommés Jean Schneider et Jean Iieklin, de Guewenat, près Masevaux, furent arrêtés et conduits à Colmar. Réclamés le 12 et le 21 février 1783 par la ville de Mulhouse, ex capite crirninis rnajoris, ils furent livrés avec leurs femmes le 5 mars. Antoine Heklin, de Guewenat, et Jean Helg, de Traubach, déclarés complices, furent également remis entre les mains de la justice urbaine, le 8 et le 12 mars.

Le 31 mars, le Petit-Conseil, constitué en tribunal criminel, prononça les condamnations suivantes :

Jean Schneider et Antoine Heklin subiront la peine de mort par strangulation. Jean Heklin et Jean Helg seront conduits avec eux à la potence, la corde au cou ; ils seront battus de verges ; le pre-


mier est condamné aux galères à perpétuité, le second à vingt ans de la même peine. Leurs femmes, condamnées comme recéleuses, seront exposées au carcan et fustigées ; l'une d'entre elles, étant enceinte, fut exemptée de ce dernier supplice.

Les jugements furent exécutés le 4 avril 1783. Les condamnés étant de la religion catholique, le magistrat fit venir deux pères capucins de Landser, qui restèrent assis à côté d'eux pendant toute la durée des débats et les accompagnèrent au lieu de l'exécution. 2

1 II existait des blanchisseries à Mulhouse dès le commencement du XVIIIe siècle; à leur sujet, le magistrat publia plusieurs règlements dont les originaux sont déposés aux archives. — 2 Le greffier-syndic, Josué Hofer, ajoute, à cette occasion, la note suivante : « Diese Toleranz und Begleitung ist im Lande wohl aufgenommen und die Urtheile gelobt ivorden. Kolmar war sehr zufrieden. » Extracten-Buch H. fol. 262. *

59.

VOL D'ÉGLISE. — Jacques D., le fossoyeur, est convaincu d'avoir, pendant plusieurs années, volé de l'argent dans les troncs de l'église française en y introduisant une baguette de baleine enduite de poix ; de plus, d'avoir dressé l'un de ses jeunes fils à commettre les mêmes soustractions. Il fut exposé au. carcan avec la corde au cou, puis conduit à la potence.1 Ramené en ville, il fut battu de verges en neuf endroits de la ville, marqué du fer chaud et envoyé aux galères 'à perpétuité. Pendant que le père était exposé au carcan, le fils l'était sur la banquette de l'hôtel de ville ; il fut, en outre, condamné à six mois de travaux au Schellenwerk, déclaré à jamais déchu du droit de bourgeoisie et banni à perpétuité. L'argent à restituer se montait à la somme de 300 livres. 17 et 30 mars; 4 avril 1785.

1 « Er hätte den Strang verdient. » Note du greffier-syndic.

60.

VAGABONDAGE. —Joseph First, étudiant juif*, de Halle en Saxe, condamné comme vagabond, fut conduit aux quatre portes, puis expulsé de la ville. 25 février 1789.

1 « Ein Judenstudent . »


61.

VOL A LA FOIRE. — Catherine Beck, de Pfaffenheim, qui avait commis un vol dans un magasin, pendant la foire de Pentecôte, fut exposée sur la banquette de l'hôtel de ville, conduite avec la Geige aux quatre portes et expulsée, après avoir reçu douze coups de bâton. 26 mai 1790.

69.

\

CONDUITE SCANDALEUSE. — Pierre St., le tonnelier, qui avait tenu une conduite scandaleuse à Illzach1, fut condamné à huit jours de prison et déclaré infâme et indigne de porter les armes pendant une année. 13 juin 1792.

1 « Führte sich gar ungestüm auf. »

63.

PROPOS INCIVIQUES. — Paul M., le père, fut condamné à une amende de 600 livres pour avoir tenu des propos inciviques.1 10 octobre 1793.

1 * Unbürgerliche Reden. »

64.

PROPOS INCONVENANTS. — Jacques W., le teinturier, qui s'était permis de tenir des propos inconvenants sur le compte du maître de la corporation des agriculteurs2, fut suspendu, pour six mois, de ses fonctions de Dreier. 3 6 novembre 1794.

1 « Ungebühtliche Reden. » — 2 « Gegen Herrn Zunftmeister auf der Ackerbauzunft: » — S Voy. la note 5 du numero 51.

\


APPENDICE.

Note I, p. 5.

Le passage le plus important de l'acte passé entre Frédéric II et l'évèque de Strasbourg, est ainsi conçu :

«... Primo itaque idem episcopus pro parte sua et ecclesiae suae una cum « communi assensu fratrum suorum totius capituli concessit nobis et masculinis « hercdibus nostris in perpetuum in rectum cilJitatem Mulhausen cum jure patronatus « ejusdem ecclesiae, decimis, censibus, cum advocatia, judicio, nemoribus, agris, « piscationibus, pratis, pascuis, terris cultis et incultis et cum omni utilitate appa« rente, vel latente, nunc existente et futura, cum omnibus possessionibus, juribus « et pertinentiis suis pleno jure et nobis de caetero possidendam. Datum apud « Argentinam mense Martii, nona indictione. » SCHOEPFLIN, Alsatia diplornatica, Tom. I, fol. 375.

Note II, p. 6.

Le document du 12 avril 1231 se trouve dans le fonds des Fiefs de Jfurbach, qui porte comme suscription : Der Hochwiirdigen Slifft Murbach Vrbar der lehen Manschafften : geschrieben 1250. » Nous en devons l'analyse substantielle à l'obligeance de notre ami et collègue, M. X. Mossmann. « Par l'acte de convention passé entre Thierry III, comte de Montbéliard, et Hugues de Rothenbourg, abbé de Murbach, datée du 12 avril 1231, le premier reconnaît tenir de son suzerain les vassaux de Saint-Léger, qui demeurent en deçà de Montbéliard, etc., de tenir le fief en bon état, de garder la paix avec l'abbé de Murbach, etc. Si lui, Thierry, ou les siens venaient à rompre le serment qu'il fait en endommageant les terres de Murbach, et, si dans un délai de quinze jours il n'avait pas compensé ses pertes, les sires de Granvillars, de de Granges, de Feldkirch, d'Auxelles, de Belfort et de Roppe se porteraient caution pour une somme de 600 marcs, et, en attendant que satisfaction soit donnée à l'abbé, ils se constitueraient prisonniers dans la ville de Mulhouse. » Texte du passage relatif à Mulhouse : « juraverint quod se pro sexcentis marçis « obsides darent et redderent in civitale de MK/hMscK, nec inde exirent nisi de « voluntate abbatis, donec dicto abbati super dampno sibi illato vel super sexcentis « marcis satisfactum esset conptetenter. »

Note III, p. 6.

La charte de Rodolphe de Habsbourg est datee de B&le, le 5 avril 1275. Voici le passage du texte latin auquel nous avons fait allusion dans notre introduction : «... Hanc ipsis (civibus) gratiam nichilominus concedentes ut super nulla questione ' « extra civitatem suam trahi valeant vel trahantur. Si quis contra praedictos cives « aliquam accionem seu persecutionem habuerit, civitatem ipsam intrabit, ibidem « quod iustum fuerit recepturus. Si tamen aliquis de praedictis civibus contra


« extraneum vel extraneos aliquam habeat questionem, illius vel illorum quem vel « quos convenire voluerit adibit judicem et similiter coram eo recipiet quod senten« cialiter fuerit ditfinitum. » Archives de la ville de Mulhouse. Une reproduction photographique de cette piece se trouve au Musee historique, N° 446.

L'article 1 des Statuts, Gerichts-Ordnung der Sladt Mullhausen, promulgués le 25 mars 1740, est tout à fait conforme à l'esprit du texte que nous venons de citer; il y est dit :

« Obschon nach den gemeinen Rechten unterschiedliche befügte Gerichts-Ort sind, « da einer klagen kan, als nämlich wo der geklagte wohnet und seszhafft ist, wo « eine Ubelthat oder Frevel begangen worden, wo ein ligend Guth sich befindet, und « wo einer etwas contrahiret hat; So wird doch allhier die bekannte Rechts-Regul « in Acht genommen, dasz des Kläger den Beklagten vor seinem Richter suchen « solle; Wann also ein Burger mit dem anderen einen Streit hat, so weiset ihn der « Burger-Eyd dahin, dasz er seinen Mit-Burger, um keinerley Sache wegen, und « unter keinem Vorwand, für ein fremd Gericht ziehen oder daselbst rechtlich « beklagen, sondern allhier allein berechtigen, und sich dessen so gesprochen worden, « in alle Weeg begnügen lassen solle. »

Note IV, p. 7.

Texte du passage traduit de la charte d'Adolphe de Nassau :

« Wir han ovch in gegeben daz dekein Burger von Mülhusen iene sol ze rechte « stan vmb deheine sache, wan vnder ir lovben ze Mülhusen ane vmbe div güt div « dinglifting sint. »

Traduction littérale en allemand moderne :

« Wir haben auch ihnen gegeben dasz kein Bürger von Mülhausen irgendwo soll « zu Recht stehn um irgendwelche Sache, als unter ihrer Laube zu Mülhausen « ausser um die Güter die dingpflichtig sind, (d. h. unter der Gesetzgebung eines « Dinghofes stehn.) »

Nous avons traduit mder ir lonben par « sous leur portique » ; car pour pouvoir rendre ces trois mots par « sous la fenêtre de sa maison, » (voy. Curiosit. d'Als. I, 180), il faudrait: vnder SINRE, et que LOVBE signifiât Fenster, ce qu'aucun dictionnaire n'a encore admis.

Note V, p. 7.

A. Dans un règlement municipal manuscrit de l'année 1552 « Gerichts- und Burgerordnung » qui se trouve aux archives de la ville, nous lisons le passage suivant :

« Welicher Burger denn anderen zu todt schlacht vnnd uff dem mordt ergriffen « würdt, sein houpt soll man Im abschlagen. Entrundt er Inn sein huse so soll er « drey tag dorin fry sein vnnd mag denn Burgermeister vnnd Rhadt vnnd Schuld« heissen annrueffen vmb ein gericht, das soll man Ime uff sein begerenn vor seinem « hoffe oder huse ann offener strass halten, etc. »


Voilä donc le droit des bourgeois, qui ont commis un homicide sur d'autres bourgeois, officiellement reconnu; nous le constatons sauf les reserves que nous avons faites dans la note precedente.

L'application de ce droit fut, entre autres, reclamee par les bourgmestres et le greffier de la ville, retenus en prison lors des troubles civils qui ont desole Mulhouse dans les annees 1587 et suivantes :

« Die Häupter begehren das Malefiz vor ihren Häusern. Und mein genedig Herren « die Bürgermeister und Stattschreiber das Recht (vermög bürgerlicher Befreyung) « vor ihren Häusern zu halten begehren. Ist von den Guelphen einhelig erkannt « worden. Sollen sich allein in ihren Häusern finden lassen, etc. » V. David Zwinger, Recit des troubles civils, etc., mnscr. IVe Partie.

Nous devons la communication des deux passages cités dans cette note à l'obligeance de notre honorable collègue, M. Nicolas Ehrsam. Voy. aussi : Alsatia, 1875-1876, p. 329-331.

B. Nous croyons avoir suffisamment établi dans la note précédente que le droit acquis aux bourgeois de se faire juger devant leurs maisons, ne peut pas se fonder sur les mots vnder ir lovben, sous leur portique. Mais la charte d'Adolphe de Nassau renferme deux autres passages, qui garantissent de la manière la plus explicite l'inviolabilité de la personne, ainsi que celle du domicile des bourgeois de Mulhouse, lorsqu'il s'agit de poursuites judiciaires. Le premier est ainsi conçu :

« Der Schultheizse soll dekeinen Burger vahen ane recht gerichte. »

En allemand moderne :

« Der Schultheiss soll keinen Bürger gefangen nehmen ohne ein rechtes (regel« mässiges) Gericht. »

En français :

« Le prévôt ne doit faire arrêter aucun bourgeois sans jugement régulier. » Le deuxième passage dit :

« Swer da den andern vreuelich heime sûchet swaz der wirt deme tût, daz « enbezsert er dem richter noch nieman. »

En- allemand moderne :

« Wenn Einer einem andern (Bürger) freventlich in das Haus dringt und der Herr « des Hauses sich wehrt, so braucht dieser weder dem Richter noch sonst Jemanden « dafür eine Busze zu entrichten, was er jenem (dem Angreifer) auch angethan « hätte. »

En français :

« Si quelqu'un pénètre violemment dans le domicile d'un autre (bourgeois) et que « le maître de la maison se met en défense, celui-ci ne devra aucune compensation « ni au juge, ni à toute autre personne, quel que soit l'acte qu'il ait commis sur son « agresseur. »

Note VI, p. 7.

Le premier bourgmestre, élu dans les conditions que nous avons indiquées dans notre texte, fut Hans de Dornach, dit Guterolf (1347-1358). Parmi les 112 Consules,


ses successeurs, la plupart méritèrent le titre d'honneur de Patres Patrice, qui figure au bas de leurs portraits.

Note VII, p. 8.

A défaut de bourgeois capables de remplir les fonctions de 'greffier-syndic, le Magistrat appelait à ce poste des jurisconsultes étrangers. Ainsi parmi les vingt-sept Stadtschreiber figurant sur la liste depuis 1366 jusqu'en 1798, quinze seulement ont été mulhousiens ; les douze autres étaient venus de Bâle. de l'Allemagne ou de quelques villes alsaciennes.

Note VIII, p. 9.

Le code de procédure d'après lequel les causes soumises au Sladtgerichl étaient instruites et jugées a pour titre : « Der Statuten und Gerichts-Ordnung der Stadt "tlüllhausen Erster und Zweyter Theil, (Bâle) 1740; le texte contient 116 pages infolio, et la table des matières 8 pp. Une édition révisée par le Grand-Conseil, parut en mars 1745, et dans les années 1748 et 1768 le Magistrat publia, en 6 pages infolio, une série d'additions et d'interprétations de ce Code.

Note IX, p. 12.

« Es ward geordnet, dass wenn in der Umfrag nicht 14 Stimmen zum Tod sind, « man jeweilen die Zahl der Richter bis auf 24 schon auf dem Rathhaus ergänzen « solle. 1775. » Raths-Protocoll.

Note X, p. 13.

« Ein Malefiz wird auch bisweilen bei verschlossenen Thüren gehalten.» 23. März 1653. Raths-Protocoll. — « Dem Verhören der Maleficanten soll ins künfftige «niemand beywohnen als die Herrn so dazu gehören.)) 19. November 1760. RathsProtocoll.

Note XI, p. 13.

« Nach Wissen und Gewissen; — nach V erständniss und Gutdünken. »



INVENTAIRE INÉDIT

D'UNE

IMPRIMERIE ET IMAGERIE POPULAIRE DE MULHOUSE

1557-1559

publié avec une introduction et des notules bibliographiques par Jos. COÙDRE archi viste-paléographe.

L'imprimerie n'a été introduite à Mulhouse que vers le milieu du XVIe siècle.

PIERRE SCHMID et JEAN SCHIRENBRAND sont les premiers typographes qui se soient établis dans notre ville. Il ne nous a pas été possible de préciser par un document authentique la date de leur installation. Toutefois il est certain que les deux associés étaient domiciliés à Mulhouse en 1557 : nous avons trouvé aux archives municipales1 mention d'un prêt d'argent, qui leur a été fait en commun, le 18 avril 1557, par le prédicateur Martin Wetzel. D'autre part, la minute d'un compte, qui existe dans le même dépôt, nous apprend qu'au mois d'avril 1559 ils devaient à la ville 20 florins2, montant du loyer pour deux ans du local qu'ils occupaient dans l'ancien couvent des Franciscains déchaussés.3 Or, comme ils étaient fort besogneux et que la ville avait dû leur faire en deux fois, à la Saint-Jean 1557 et l'année suivante, une avance de 400 florins4, dont ils n'étaient pas

1 Dans un des registres de la série dite Contractenprotocolle. Dans cet acte ils sont tous deux qualifiés de hindersass, c'est-à-dire admis à résidence, mais non d'imprimeurs, ce qui est assez remarquable et pourrait faire supposer qu'ils n'exerçaient pas encore.

2 Fr. 96. 80, soit au pouvoir actuel de l'argent 290 francs.

3 Sur l'emplacement où se trouvent les bâtiments de l'Ecole primaire centrale.

4 1936 francs, qui représentent aujourd'hui 5808 francs.


plus en mesure de payer les intérêts échus, on peut, en toute assurance, faire remonter leur établissement aux premiers mois de l'an 1557.

Cependant leur marque, que nous donnons ici en fac-simile, est datée seulement de 1558.

Elle représente une Terpsichore en robe courte, tenant d'une main un violon et de l'autre deux cœurs. Le violon et divers instruments de musique qui jonchent le sol, signifient sans doute les chansons et les facéties populaires, à la reproduction desquelles nos imprimeurs paraissent d'abord s'être adonnés de préférence. Quant aux deux cœurs, ils symbolisent, à notre avis, l'accord parfait des deux

associés, caractérisé d'une manière moins élégiaque par la devise, empruntée d'un vers de Plaute, ut in Velabro olearii, c'est-à-dire, nous sommes unis comme l'étaient autrefois ces marchands d'huile, qui, dans le quartier de Rome appelé Vélabre, se concertaient pour se faire payer leur denrée le plus cher possible.

Mais pour une cause ou pour une autre, cette entente, si bien affirmée, ne fut pas de longue durée. Dès le 24 avril 1559, Schirenbrand se retira, et Schmid, tout en conservant la marque commune1, continua seul, avec une persévérance digne d'un meilleur succès, sa lutte contre la mauvaise fortune. Il redoubla d'activité, et, sans renoncer entièrement à la littérature populaire, il aborda un genre plus relevé et plus ennuyeux. Il publia de gros traités de théologie polémique, des ouvrages de médecine, des relations historiques, qu'il traduisait lui-même du latin.

1 Nous sommes même porté à croire que c'est depuis lors seulement que Schmid s'est servi de cette marque : du moins, nous ne l'avons trouvée dans aucun des volumes édités en commun par les deux associés.


Ce fut en vain. Il dut céder à son tour, et, après avoir signé, le 16 mai 1564, une reconnaissance de 641 florins, qu'il restait devoir à la ville, il quitta Mulhouse pour Francfort. Par une coïncidence remarquable, en cette même année 1564, un autre imprimeur, illustre celui-là par lui-même et par sa famille, Charles Estienne, mourait au Châtelet de Paris, alors la prison pour dettes.

La destinée de Pierre Schmid ne fut guère plus heureuse. Avec le matériel qu'on lui avait laissé emporter, il continua de travailler dans sa nouvelle résidence, mais moins, ce semble, comme éditeur que comme imprimeur à façon. Du moins, nous avons rencontré dans un gros recueil de poésies latines de la Renaissance, intitulé : Les trois jardins d'amour, la mention : Imprimé à Francfort-sur-kMein, aux frais de Sigisrnond Feyerabend et de Simon Haler, par PIERRE FABRICIUS, 1567.1 Ce Fabricius n'est autre que notre Schmid, qui, suivant la mode du temps, latinisait volontiers son nom et se servait indifféremment de ce vocable et de celui de Faber.2

Cependant, il s'endettait de plus en plus, et ses nombreux créanciers perdirent patience. Comme dix ans après son départ, la ville n'avait pu qu'à grand'peine se faire payer par lui une centaine de florins, elle chargea, le 25 février 1575, le procureur Michel Raab [un beau nom de procureur ! ] de poursuivre le remboursement de

1 Horti tres amoris II amcenissi- II mi, praestantissi- IJ morum poetarum nostri seculi, II flosculis et plantulis odoriferis iam primum II ab iEgidio Periandro Bruxel. Brabant. II consiti .... II Francofurti ad mosnum. per Petrum Fabricium, II impensis Sigismundi Feyrabend et II Simonis Huteri. II 1567. II in-8.

2 Cette dernière dénomination a induit en erreur un libraire très-expert de Paris, savant bibliographe, qui, la voyant figurer à la fin du très-rare volume dont le titre suit, a, par une méprise bien excusable, donné comme successeur de Schmid un certain Pierre Fabry! (Cf. Catal. Luzarche, tom. I, p. 60.) Nous croyons ne pas devoir laisser passer cette occasion de décrire ce livre singulier, fort bien imprimé avec les mêmes caractères italiques que l'ouvrage cité dans la note précédente

De arbo II re scientiae Bo II ni et Mali, ex quo Ada II mus mortem comedit, et adhuc hodie II cuncti homines mortem comedunt, II quidnam ea sit, ac quemadmodum ea etiam II hodie cuique, sicut Adamo, vetita sit : et 1\ quemadmodum haec arbor, videlicet ser (| pentis sapientia, in Adamum plantata, II sit magnus ille deaster, et multiceps II illa belua, cujus fit in Daniele et Apo II calypsi mentio, quam adoret univer II sus mundus. Et rursum quid sit arbor II vitae, contra totius hominis generi


sa créance. Enfin, le 18 avril 1579, — c'est à cette date que s'arrêtent nos renseignements, — une vieille maison toute délabrée que Schmid possédait dans la Tôngesgasse à Francfort, ^ fut vendue par autorité de justice et adjugée pour 300 florins au riche libraire Sigismond Feyerabend, à qui d'ailleurs elle était hypothéquée pour les deux tiers de sa valeur.

Ainsi la satisfaction d'avoir, pendant sept ans, de 1557 à 1564, possédé un établissement typographique, coûtait à Mulhouse, intérêts compris, environ 1600 florins, soit au pouvoir actuel de l'argent, près de 24,000 francs.

L'expérience faite n'était pas encourageante. Aussi plus d'un siècle se passa avant qu'elle fût renouvelée, et celui qui la tenta n'eut pas lieu, paraît-il, de s'en féliciter. En 1670, un imprimeur de Bâle, Jean-Henri Meyer, avait transféré son officine dans nos murs ; mais, trois ou quatre ans après, il était retourné dans sa ville natale.

Ce ne fut qu'en 1797, au mois de décembre, que Jean Risler ayant ouvert un nouvel atelier, l'imprimerie fut définitivement établie à Mulhouse.

On le voit, notre histoire typographique comprend au plus douze années et il semblerait dès lors qu'elle fût facile à faire. Il n'en est rien toutefois. La plupart des livres sortis des presses de Schmid, Schirenbrand et Meyer sont d'une rareté telle, qu'on en connaît à peine un exemplaire; beaucoup même ont dû périr sans retour.

Et cependant, une bibliographie mulhousienne ne manquerait

sa II pientiam, probitatera, atque scientiam. II Augustino Eleutherio II authore. II — Item de maiestate et natura sermonis Dei : || Eodem authore II 1561. || Pet. in-8, 130 pages chiffrees, plus un feuillet pour le titre, et un autre, contenant au recto la souscription : Miilhusii, supe- II rioris Elsatiæ, per II Petrum Fabrum. || 1561. II et au verso la marque de l'imprimeur.

Dans cette fastidieuse rhapsodie, dont le titre peut donner la mesure et le ton, l'auteur, Sébastien Franck, de WÕrd, cherche à démontrer que la science humaine n'est que vanité, qu'elle ne saurait s'accorder avec la sagesse théologique, et qu'il serait insensé de vouloir concilier ces deux choses aussi opposées et incompatibles que le jour et la nuit.


pas d'intérêt : non qu'elle compte, nous devons le reconnaître, des œuvres de premier ordre, de ces livres qui se recommandent soit par le nom de leurs auteurs, soit par une exécution parfaite ; mais parce que les volumes édités à Mulhouse, surtout au XVIe siècle, sont quasi introuvables — ce qui pour tout homme atteint de l'heureuse folie des livres est un attrait sans pareil — et aussi parce que, à défaut de mérite plus relevé, ils sont la plupart curieux.

Les deux imprimeurs dont nous avons à nous occuper, Schmid surtout, avaient un penchant bien marqué pour les traités singuliers, pour les opinions paradoxales et tout particulièrement pour les pamphlets dirigés contre la cour de Rome, pour les productions de la libre pensée qui, à en juger par le fait suivant, paraissent avoir été secrètement encouragées à Mulhouse par le Gouvernement. Peu de temps avant son départ, Schmid avait fait paraître un factum intitulé : « Cent mensonges choisis des papistes.1 » Cette fois, il était allé trop loin ; certaines susceptibilités furent froissées, et le Magistrat jugea prudent de demander que l'éditeur fît disparaître sur les exemplaires qu'il avait emportés à Francfort le nom de Mulhouse comme lieu d'impression, et que, par un acte authentique, il reconnût avoir agi sans autorisation et sans l'aveu de la ville. Schmid signa la déclaration qu'on exigeait de lui ; mais dans une lettre postérieure adressée au Conseil, il dit formellement au sujet de ce livre qu'il avait çu la permission de l'imprimera

Au reste, dès son enfance, Schmid avait été fortement imbu des idées nouvelles. Il était né dans la ville même où avait éclaté la Réforme, à Wittemberg; et là, avec son père, Jacques Schmid, il \

avait travaillé chez l'imprimeur ordinaire de Luther, Jean Lufft, auquel plus tard, quand il fut établi lui-même, il dédia, en des termes empreints d'une sincère reconnaissance, sa traduction de trois traités latins sur l'élection, le couronnement et l'histoire de l'empereur

1 « Hundert usserwelte papistische Lügen. »

2 « Wiewol man mirs erlaubt hat zu trucken. »


Charles-Quint.1 A l'école de cet excellent maître, et d'ailleurs guidé par son père, Schmid apprit à fond son difficile métier et, c'est une justice à lui rendre, il devint un bon imprimeur. Les livres sortis de ses presses, bien que destinés à un public peu délicat, sont établis avec assez de goût et tirés avec soin. Les caractères dont il se servait, et qu'il fondait en grande partie lui-même, sont d'un bon type, et tel de ses petits volumes, surtout ceux qui sont composés en italiques ou décorés de vignettes sur bois, ne déparerait certes pas les tablettes de l'amateur le plus difficile.

Si nous parlons plus volontiers de Schmid, c'est qu'on peut juger de sa valeur d'après des œuvres individuelles, tandis que nous n'avons aucun renseignement, aucune donnée certaine sur la personne de son associé. Nous ne voudrions pas cependant ètre injuste envers Jean Schirenbrand, qui a dû apporter dans l'association sa part de travail et de talent, et nous lui attribuerons le mérite d'avoir, comme graveur ou comme dessinateur, procuré Y illitstration, ainsi qu'on dit aujourd'hui, des livres publiés en commun. Aussi bien, il serait difficile d'expliquer autrement pourquoi dans les volumes édités par Schmid seul2, après la dissolution de la société, on ne trouve plus aucune figure, alors que près de six cents bois graves ou dessins préparés pour la gravure sont mentionnés dans l'inventaire, qui va faire le sujet de cette étude.

Lorsque, en avril 1559, l'état peu brillant des affaires provoqua la retraite de Schirenbrand, il fallut procéder à une liquidation, afin de déterminer la somme qu'il avait à prétendre. On dressa, pour parler la langue judiciaire, quoique la chose paraisse s'être passée tout à l'amiable, un inventaire contradictoire tant du matériel de l'imprimerie que des livres de fonds.

1 Georgii Sabini Brandenburg. || Schöne und lusti || ge beschrybung.... II.. Neiiw II lich aber ins teütsch bracht. und inn II druck verfertiget, II durch II Petrum Fabricium, Wittembergensem II anno M. D. LXI. II (A la fin :) Getruckt zu )j lVlűlhusen im 0- " berenn Elsass \I durch Peter 1\ Schmid. II Cf. Catalogue du Musée historique de Mulhouse, ou nous avons donné, sous le N° 634, la description complète de ce volume.

2 Dans ceux du moins que nous avons vus, mais il s'en faut que nous les connaissions tous.


Or, ces pièces, par un heureux hasard, ont été conservées aux archives municipales, et nous avons pensé qu'il serait intéressant de les mettre en lumière. Elles feront voir ce qu'était au XVIe siècle une petite imprimerie -de province; donneront des renseignements sur le prix des caractères typographiques, du papier et des livres ; prouveront qu'il existait dans notre ville. un atelier de gravure ; permettront de fixer la date des volumes et plaquettes publiés par les deux associés et qui ne portent jamais d'indication d'année; guideront les recherches de nos collectionneurs et serviront de point de départ à une future bibliographie mulhousienne.

Il est regrettable seulement que cet inventaire ne soit que fort peu explicite et que la plupart des articles, surtout les livres, ne s'y trouvent mentionnés que d'une façon toute sommaire. Aussi, comme nous n'avons eu ni le temps ni les moyens de faire des recherches plus approfondies, trop souvent, dans le commentaire qui accompagne notre traduction, nous avons été réduit à des conjectures, pour lesquelles nous sollicitons l'indulgence "du lecteur. Au reste, nous ne les donnons expressément que pour ce qu'elles valent, et afin de permettre à chacun de se passer de notre travail, nous commencerons par transcrire avec une scrupuleuse exactitude les documents originaux.


A

Verzeichnuss der Truckery zun Barfussern.

1. ZUM ERSTEN 61 klein und gross buntzen in stahel.

2. ITEM 92 matrices allerley caracter in die lasszedel.

3. ITEM das klein Schwabacherlin helt 75 matrices.

4. ITEM die mittel Schwabacherin lielt 78 matrices.

5. ITEM 13 matrices zün quadraten.

6. ITEM 2 kernen in die Adagia- und 2 kernen in die Testament gschrifTt.

7. ITEM 3 centner Testament gschrifft und der zweyen tütschen tittel gschrifften.

8. ITEM dritthalb formen lasszedel gschrifft.

9. ITEM für 29 guldin der grossen Schwabacher gschrifft.

10. ITEM ein centner Pariser gschrifft.

11. ITEM ein centner mittel adagia.

12. ITEM die caracter in die lasszedel gössen.

13. ITEM 9 pfund gossner linien.

14. ITEM 3 ysin ramen und ein höltzin.

15. ITEM 2 schiff und 12 bretter.

16. ITEM ein bschnyd pressen und ein hobel.

17. ITEM zwo pressen.

Nun volgend die gschnittenen figuren und alphabet:

18. ITEM 3 gschnittene alphabet. tütsch.

19. ITEM ein latinisch alphabet.

20. ITEM 15 figuren in die holtzkunst.

21. ITEM ein fundamentbüch hat 32 figuren.

22. ITEM ein gschribenes Nammenbüchlin hat 32 figuren.

23. ITEM die heiligen in Burenlassbrieff.

24. ITEM 7 gross und 7 klein Planeten.

25. ITEM 12 gross und 12 kleine monat.


26. ITEM die figur oder contrafaclur der Statt Miilhusei).

27. ITEM die statt Cöln und Erdfurt.

28. ITEM die 13 Ort einer L. Eydgnoschafrt.

29. ITEM 50 figuren zum wälllichen Lossbüch mit sampt 8 lysten darzü.

30. ITEM 15 figuren in die Zehen alter.

31. ITEM 16 figuren in Marcolfum.

32. ITEM 11 figuren in des Joben Spil.

33. ITEM ein grosse figur mit dem Tüfel, Tod, Wält und Engel. 34. ITEM 45 figuren allerlev uff Spil und lieder.

35. ITEM zwei Lassmännlin und ein Schergaden.

36. ITEM der 1antzknecht mit (len hlodcrhosen.

Nun volgend die gerissnen figuren :

37. ITEM 128 figuren in das Nüw Testament.

38. ITEM ein lysten die Wyhenächt, Bschnydung und dry Künig gerissen.

39. ITEM ein lystlin mit den Mathematicis.

40. ITEM sunst 2 lystlin uff die kleinen Buren.

41. ITEM ein klein lassmänn1in und Schergaden.

42. ITEM 7 Planeten.


B

Hanns Schyrenbrands Verzeychnuss des Truckerzeugs.

1 . Zum ersten so ist der Zug was zürTruckery gehört, als namlich klein und gross buntzen in die Lassbrief, ouch von eim yeden ein abschlag.

2. ITEM die 12 grossen und kleinen Zeichen, als Wider, Stier, Zwiling, cet., in matrices oder kupffer.

3. ITEM in die Lasszedel und Testament gschrifft das Apotecker gwicht in buntzen und matrices.

4. ITEM 2 abschleg von zweyen tütschen gschriftten in kupffer. 5. ITEM alle figuren ins nüw Testament gerissen, aber noch nit gschnitten.

6. ITEM die geburt, die beschnydung und Dry Künig uff eim stock gerissen, aber ouch noch nit gschnitten.

7. ITEM ein lysten mit dryen mathematicis mit jren -Instrumenten, als Compass, Quadranten, cet., ouch noch nit gschnitten 8. ITEM uff die kleinen Burenbrieflin zwey lystlin und ein kleines lassmännlin und schergaden ouch nur grissen.

9. ITEM die Statt Miilhusen grissen und geschnitten.

10. ITEM die 7 Planeten zwyfach grissen und gschnitten.

11. ITEM die 12 Zeychen zwyfach grissen und gschnitten.

12. ITEM die figuren zum Joben, Zehen alteren, Marcolfo.

13. ITEM die figuren ins Lossbüch sampt den 8 lysten so darzü gehören.

14. ITEM sunst allerley figuren uff die Lieder.

15. ITEM zwo gössen tittel gschrifften tütsch.

16. ITEM zu einer pressen tütsche Lasszedelgschrifft sampt den caracteren in lassbrieff.

17. ITEM zu einer pressen tütsche Testamentgschrifft sampt den kleinen caracteren und Zeichen in die lasszedel.


18. ITEM die gross Schwabacherin vast zü zweyen formen.

19. ITEM 2 centner zweyer latinischer gschritIten.

20. ITEM zwo pressen und dry ramen.

Disen Züg schlecht Peter Schmid selbs um 1000 fl. an, so acht ich es sygind mer dann dry fass mit büchern hie und zu franckfort, welche mer dann 300 fl. wert sind.

\

C

1. Lossbüch. 332; facit 1 ballen, 1 ryss, 6 buoch. Constat 17 11. 2. Canzleysch fundamentbüchlin. 131 ; facit 1 ryss 6 buoch.

Conslat 5 fl.

3. Von Bedern. 136; facit 1 ryss 10 buoch. Constat 4 1/2 fl.

4. Nammenbüchlin. 118; facit 9 buoch 11 bogen. Constat 2 fl. 5. Fägfhür. 83; facit 1 ryss 8 buoch 4 bogen. Constat 8 1/2 fl. 6. Rollwagen. 101; facit 2 Rys 11 buoch. Constat 12 */2 fl.

7. Genesis monachorum. 125; facit 10 buoch. Constal 2 fl.

8. 2 Risen Lieder. 2 ryss.

9. Von fressen und sauften. 32; facit 8 buoch, 8 bogen. Constat 9 fl.

10. Grienbüchlin. 115; facit 12 buoch. Constat 21/, fl.

11. Rychmanns spil. 14; facit 1 buoch, 17 bogen. Constat 3 fl. 12. Bätthbüchlin. 2 buoch. 10 bogen.

13. Marcolfus. 16; facit 2 buoch, 6 bogen. Constat 3 '/, fl.

14. Reissbüchlin. 6; facit 1 büch, 11 bogen. Constat 6 fl.

15. Naboth spil. facit 2 büch. Constat 5 fl.

16. Zehen alter. 21; facit 3 buoch, 9 bogen. Constat 4 fl.

17. Biblische figuren. 2 büch.

18. Biblische figuren bunden. 5 batz.

19. 11 Sempacher Schlacht, thun 6 blappert oder 3 batz. 1 kr. 20. Ander thalben ballen pestilentzbüchlin.

21. 8 Risen minder 1 Buch wyss papyr.


Ist zu Franckfurt :

1. Lossbücher. 12 Rysen.

II. Rollwagen. 3 ballen, 2 buch.

III. Von Bedern. 7 Rysen, 18 buch.

IV. Sunst allerhand bücher. 1 ballen.

Summa 6 ballen, yede zu 15 gülden.

So dan alhir in der Stat 4 ballen 13 buch. Yede ballen zu 13 gülden 3 creutzer..


A

Inventaire de l'imprimerie aux Franciscains déchaussés.

I. 61 POINÇONS GRANDS ET PETITS, EN ACIER.

\

Les poinçons, en typographie, sont des tiges d'acier où les lettres sont gravées en relief et qui servent à frapper les matrices, pièces de cuivre, dans lesquelles sont fondus les caractères. Cependant les poinçons dont il s'agit n'ont pas, d'après l'inventaire Bi' représenté des lettres proprement dites, mais divers signes conventionnels, en usage dans les almanachs que nos imprimeurs fabriquaient en grand. (Cf. l'art. suivant.)

II. 92 MATRICES DE SIGNES DIVERS POUR ALMANACHS.

Les lasszedel1 que, faute d'un équivalent exact, nous rendons par almanachs, étaient destinés à indiquer les époques les plus favorables à la saignée, qui a si longtemps été regardée comme un remède et un préservatif assuré contre toutes les maladies. Aussi les boutiques des barbiers, chargés de cette opération, ne désemplissaient pas de gens qui, suivant le cas, se faisaient tirer du sang non-seulement aux bras, mais aux jambes, aux pieds, au front, derrière les oreilles, partout où une veine s'offrait à la lancette. On ne laissait pas cependant d'observer certaines règles ; il y avait des jours fastes et des .jours néfastes, consignés sur ces tablettes qui, à la ville comme à la campagne, ne manquaient dans aucun ménage. On y apprenait que « au premier quartier de la Lune fait bon saigner pour les jeunes gens ; au second, pour ceux qui sont parvenus à l'âge de virilité;

1 Littéralement, tablettes des saignées, de lass par abréviation pour Blut = ou zur Ader lassen.


au tiers, pour ceux qui commencent à décliner; au dernier, pour les vieilles gens. Après 40 ans, il n'est pas bon d'ouvrir la céphalique, après 50 ans, la médiane, et après 60, l'on ne fera aucune incision, sinon quand nécessité le requiert. »

Une figure y rendait la chose saisissable à tous les esprits : c'était un petit homme (lassmiinnlin) entouré des douze signes du zodiaque, auxquels aboutissaient des lignes qui, rayonnant des différentes parties de son corps, marquaient si la saignée, sous l'influence de tel ou tel astre, était salutaire ou pernicieuse.

Mais ces tablettes ne se bornaient pas à réglementer les saignées, elles donnaient bien d'autres indications utiles : par elles, on était renseigné sur les variations probables du temps ; on apprenait quel jour, quelle planète était propice au mariage, à la taille des cheveux et des ongles, aux achats et aux ventes, au sevrage des enfants, aux bains, en un mot, aux différentes fonctions de la vie privée et de la vie sociale.

Pour mettre ces doctes enseignements de l'astrologue-mathématicien à la portée même des plus ignorants, l'imprimeur usait d'une série de caractères figuratifs. C'étaient les signes du zodiaque, signes gras et signes maigres, les signes et aspects des planètes, les figures de la lune et certains de ces hiéroglyphes primitifs, qui se sont transmis à travers les âges et qui sont les mêmes dans toutes les langues. Des ciseaux, par exemple,, une main ouverte, une hache, placés sous le Saint du jour, marquaient l'opportunité de couper les cheveux, les ongles, le bois. (Cf. Au')

III. UNE FRAPPE DE PETIT-SCHWABACHER, RENFERMANT 75 MATRICES.

C'est une sorte d'écriture demi-gothique. Moins pesant que les lettres de somme (black-letters), moins anguleux, moins effilé que les caractères allemands ordinaires, le Schwabacher — ainsi appelé soit de la ville de Schwabach, soit, comme d'aucuns affirment, d'un fondeur de ce nom qui en aurait gravé les premiers poinçons — est arrondi, gras, et se rapproche du caractère romain créé en Italie


par le Français Nicolas Jenson. C'est de ce type pour ainsi dire composite que Schmid se servait de préférence pour ses livres en langue vulgaire, de même que pour les ouvrages latins il employait l'italique avec une prédilection marquée. Le petit Schwabacher, auquel il recourait pour les manchettes ou notes marginales, mesure l'A, millimètre dans les lettres moyennes courtes et correspond à notre Gaillarde.

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IV. UNE FRAPPE DE MOYEN-SCHW A BACHER, AVEC 78 MATRICES.

La force de ce caractère équivalait à peu près à celle du Cicéro : il a une hauteur de 2 millimètres.

V. TREIZE MATRICES POUR CADRATS.

Les cadrats et les cadratins sont des pièces de fonte dont chaque corps de caractères est assorti. Plus basses que la lettre et de différentes grandeurs, elles forment avec les espaces le blanc des alinéa, des titres et, en général, les blancs qui ne sont pas produits par les lettres mêmes.

VI. DEUX REGISTRES POUR LES CARACTÈRES D'ADAGES ET DEUX AUTRES POUR LES CARACTÈRES DE BIBLE.

Les registres (il faut toujours la paire) sont destinés à recevoir la matrice au bout du moule et à la retenir dans une position juste. Ils sont mobiles ; on les pousse ou retire jusqu'à ce que la matrice soit exactement à la place convenable pour former la lettre dans une bonne approche. Naturellement l'existence de ces engins, qui, seuls, n'auraient aucune raison d'être, suppose celle des matrices correspondantes, bien qu'il n'en soit fait mention ni dans l'un ni dans l'autre de nos inventaires.

Les caractères d'adages sont ceux qu'on appelle communémenl


italiques, mais que l'on nomme aussi lettres cursives, parce que leur forme se rapproche de l'écriture adoptée dans la chancellerie romaine ; lettres vénitiennes, parce que les premiers poinçons en furent gravés à Venise vers 1490 ; ou encore lettres aldines, parce qu'Alde-Manuce en fut l'inventeur. Froben, le grand imprimeur bâlois, est le premier qui en ait fait usage en-deçà des Alpes, dans l'édition qu'il a donnée en 1513 des Adages d'Erasme. De là cette dénomination, qui n'est pas restée et ne paraît même avoir jamais été usitée ailleurs qu'à Bâle et dans son rayon immédiat. Ne pourrait-on pas inférer de cet indice que nos deux imprimeurs ont tiré de cette ville une partie de leurs matrices ou de leurs caractères? Aussi bien, leurs caractèrés romains offrent une ressemblance frappante avec ceux que Froben a employés par exemple dans une autre édition des Adages, celle de 1526. D'ailleurs, il est certain que Schmid était en relations d'affaires avec le savant typographe bàlois Oporin.

Quant aux caractères de bible, le nom en indique l'origine. Ce sont des lettres de type gothique, grandes et nourries, fortes d'environ 3 millimètres, comme le gros-Parangon ; sans être penchées comme les italiques, elles paraissent cependant n'être pas toutes d'aplomb; quelques-unes, surtout les a, les i, les u et les t sont visiblement inclinées comme dans l'écriture.

VII. TROIS CENTS PESANTS DE CARACTÈRES DE BIBLE ET DES DEUX SORTES DE TITRES ALLEMANDS.

D'après l'inventaire B17' -il y avait une quantité suffisante de ces caractères de bible pour alimenter une presse, c'est-à-dire pour composer tout au moins une feuille.

Les deux espèces de lettres pour titres étaient du même type gothique pur; elles ne différaient que par la dimension, les unes mesurant 8 1/2 millimètres, les autres 5 millimètres, c'est-à-dire correspondant au Double-canon et au Trismégiste.


VIII. DEUX FORMES ET DEMIE DE CARACTÈRES D'ALMANACH.

Une forme comprend toutes les pages d'un côté de la feuille imposée dans un châssis. Les caractères dont il s'agit faisaient sans doute partie d'une casse spécialement affectée à l'impression des calendriers, où se trouvaient disposés, outre les lettres proprement dites, les différents signes de convention énumérés plus haut (cf. A2 et aussi Ble). Cela est d'autant plus probable que l'imprimeur Jean Lufft, chez qui Schmid avait été en apprentissage, passe, à tort ou à raison, pour l'inventeur de cette disposition.

IX. CARACTÈRES DE GROS-SCHWABACHER POUR 29 FLORINS.1

L'inventaire B1s dit qu'il y avait de cette sorte de caractères largement pour deux formes (vast zû zweyen formen). Nous n'hésitons pas à donner au mot vast son sens primordial et non celui qui lui est attribué aujourd'hui, puisque c'est dans ce texte que Schmid a imprimé plusieurs de ses ouvrages, ce qu'il n'aurait pu faire commodément, s'il n'avait pas eu de quoi composer au moins une feuille complète. D'une lecture facile, ce caractère nourri mesure 2 74 millimètres, comme le Gros-romain. Il est digne de remarque que les deux autres fontes de Schwabacher, dont cependant nos imprimeurs possédaient les matrices, ne sont représentées effectivement dans aucun des inventaires.

X. UN CENT PESANT DE CARACTÈRES DE PARIS.

Cette dénomination ne peut se rapporter qu'à ces lettres rondes communément appelées romaines. Elle s'explique par la réputation qu'avait alors l'imprimerie parisienne, grâce surtout à l'illustre famille des Estienne, dont le chef, Robert Ier, avait encore perfectionné les types si élégants de Geoffroy Tory. Toutefois ce n'est sûrement pas de Paris que nos imprimeurs ont tiré cette sorte de

1 140f,36C, au pouvoir actuel de l'argent, 421f,08c.


caractères, mais bien de Bâle. Nous avons signalé plus haut la parfaite similitude de ces lettres, corps de Cicéro, avec le type employé par Frofcnn et par ses successeurs.

XI. UN CENT PESANT DE MOYEN-ADAGES.

On a vu (A6) l'origine de cette désignation. Ce sont des italiques de Cicéro, un peu grêles, mais d'une tournure charmante et dignes de ce XVIe siècle, où, suivant un habile critique, l'ouvrier savait donner une forme superbe aussi bien à une lettre moulée qu'à la grille d'un parc ou à la cheminée d'une grande salle.

Un cent pesant ou quintal comprend un assortiment d'environ 20,000 lettres, qui, avec la justification de l'in-8° ordinaire de nos imprimeurs et leur manière de travailler, suffisaient à composer une feuille de 16 pages.

XII. UNE FONTE DE SIGNES POUR ALMANACHS.

Quels étaient au juste ces signes ? Nous n'avons pu les indiquer que par analogie (cf. At), n'ayant jamais eu la fortune de voir un de ces précieux almanachs mulhousiens.

XIII. NEUF LIVRES DE LIGNES FONDUES.

Il faut entendre par là non les lames pour interlignes, — à cette époque elles étaient encore en bois — mais ces réglets qui servent pour les filets, dentelles et bordures.

XIV. QUATRE CHASSIS DONT TROIS EN FER ET UN EN BOIS.

L'inventaire B20 n'en mentionne que trois. On sait que les châssis sont des cadres avec tringles, dans lesquels les caractères sont assemblés en pages. Ils sont en fer; un châssis en bois n'ayant pas la solidité nécessaire, serait promptement détérioré.


XV. DEUX GALÉES ET DOUZE PLANCHETTES.

La galée est une tablette avec rebords en équerre, sur laquelle le compositeur met les lignes à mesure qu'il les a composées.

Les planchettes servent à recevoir les colonnes préparées dans la galée.

XVI. UN COUPOIR ET\UN RABOT.

Le coupoir est un instrument servant aux fondeurs pour enlever aux corps des caractères certaines aspérités qui nuiraient à l'impression, et pour les rendre ainsi plus unis et plus propres. Lorsque les lettres sont serrées dans le justifieur, partie principale du coupoir, on les ébarbe, façonne et polit avec le rabot.

XVII. DEUX PRESSES.

Puisque nous avons été amené, par la nature même de notre sujet, à entrer dans des détails techniques, il ne sera pas hors de propos de citer ici, comme terme de comparaison, un passage d'un Dictionnaire de bibliologie publié en 1802.

« Supposons* » dit le savant auteur, Gabriel Peignot, « supposons que l'on veuille monter une imprimerie composée de deux presses. Il faut pour l'assortiment des caractères et autres objets, 200 livres de gros-canon, compris l'italique, 300 livres de petit-canon compris l'italique, 400 livres de. parangon ou gros-romain, 600 livres de saint-augustin, 1000 livres de cicéro, 600 livres de petit-romain, 300 livres de petit-texte, 100 livre's de lettres de deux-points sur tous les corps, 36 livres de vignettes, 50 livres de filets doubles, simples et anglais, 300 livres d'interlignes^ des lettres en bois, vignettes, fleurons, culs-de-lampe, des espaces, cadratins, demicadratins et cadrats, vingt paires de casses, cinq rangs de tréteaux garnis de planches, quatorze paires de châssis tant in-folio qu'in-4° et in-12, douze ramettes, bois d'impositions, qui consistent en bois


de fond, bois de marge, bois de tête, biseaux, coins, décognoirs (on commence à se servir de garnitures en fonte, qui sont préférables à celles en bois), composteurs en fer et en bois, galées grandes et petites, avec et sans coulisses, deux marbres d'une feuille chacun, deux presses ordinaires, six frisquettes, marbres de presse, peaux de balles, de tympans, etc., etc.

« Une imprimerie assortie de tous les objets dont nous venons de parler, peut coûter huit à neuf mille francs d'établissement. A cette somme il en faut ajouter une autre à peu près semblable pour mettre en train l'imprimerie. »

On le voit, bien des choses manquaient à nos imprimeurs, et leur outillage était plus que modeste ; mais ils suppléaient par l'activité personnelle, par un travail intelligent et soutenu à ce que leurs ressources de fabrication avaient d'insuffisant.

Suivent les figures et alphabets gravés en bois :

XVIII. TROIS ALPHABETS ALLEMANDS GRAVÉS.

Ce sont de grandes capitales gothiques. Nos imprimeurs, croyonsnous, s'en sont servis à deux fins, d'abord comme lettres initiales pour orner les têtes de chapitres, ensuite comme modèles pour un traité de calligraphie qu'ils ont publié (cf. Au)' De ces trois suites, deux seulement nous sont connues : l'une offre des lettres en treillis, losangées et chevelues, entourées de capricieuses volutes ; l'autre, de dimensions moindres et sans fouillis d'arabesques, est du genre de ces majuscules dites lettres tor neitres, à cause de leur forme ronde et tournante. En général, elles sont d'une taille épaisse, peu finie, mais elles ne manquent pas d'élégance.

XIX. UN ALPHABET LATIN.

Il était composé de ces lettres grises, qui, de nos jours, ont été justement remises en honneur, et dont au XVIe siècle, le siècle par


excellence de l'ornementation typographique, des artistes illustres, Holbein, Tory, le Petit Bernard, ne dédaignaient pas de dessiner les motifs. Celles qu'avaient fait graver Schmid et Schirenbrand étaient à fond criblé ou sablé, simples et de bon goût.

XX. QUINZE FIGURES POUR LA GRAVURE SUR ROIS.

Par ces mots un peu obscurs nous entendons les bois de différents modèles dont nos imprimeurs se servaient en guise de fleurons et de culs-de-lampe. Les uns consistaient en entrelacs, en paraphes compliqués à la mode du temps ; les autres, fort jolis, en rinceaux et volutes ; d'autres, historiés, représentaient soit une tète de chérubin joufflu, soit des oiseaux se jouant dans des branches fleuries.

XXI. LES PRINCIPES DE LA CALLIGRAPHIE CONTENANT 32 FIGURES.

Nous ne croyons pas nous tromper en traduisant ainsi Fundamentbuch. Ce terme qui, sans le secours d'un qualificatif, est à peu près inintelligible, se trouve fort heureusement déterminé dans l'inventaire C2 par le mot cantzleysch, de chancellerie. L'écriture dite de chancellerie, plus grande, plus forte, plus régulière que l'écriture courante, se distinguait aussi par la profusion des ornements, des jambages, des fioritures et par le luxe des initiales.

Quelles ont pu être ces 32 figures? Dans un traité de calligraphie, publié à Nuremberg en 1549, par Jean Neudœrffer, nous en avons compté 33, qui servent à montrer les divers procédés pour tailler correctement une plume, la juste position des doigts, de la main, du bras, la forme et l'inclinaison des lettres, etc. Le traité édité à Mulhouse a dû avoir des figures du même genre, et nous pensons, toujours par analogie, que nos imprimeurs y avaient fait entrer aussi les trois alphabets gravés mentionnés plus haut.

XXII. UN SYLLABAIRE ÉCRIT RENFERMANT 32 FIGURES.

D'après les données fournies par l'inventaire C" c'était une plaquette composée tout juste de 32 pages pet. in-8°. Comme il était


entièrement écrit, c'est-à-dire gravé, il peut passer pour un véritable livret xylographique. Quelle en était la forme, la composition? Y voyait-on, à côté des caractères de l'alphabet, les figures traditionnelles de l'âne, du bœuf, etc. ? On ne le saura sans doute jamais, y ayant toute apparence qu'aucun exemplaire n'aura échappé à cette prompte destruction à laquelle sont fatalement voués tous les petits livres de classe.

XXIII. LES SAINTS POUR L'ALMANACH DES PAYSANS.

On a vu (A2) ce qu'étaient les lasszedel ou lassbrief. Les almanachs (le plus ancien que l'on connaisse a été imprimé à Nuremberg en 1475) jouissaient dès le XVIe siècle d'une grande vogue, et Rabelais lui-même n'a pas dédaigné de publier en 1533 un Almanach calculé sur le méridional de la noble cité de Lyon. Il est vrai que le bon raillard se moque tout le premier dans sa Pantagrueline prognostication des « fols astrologues de Lovain, de Nurnberg, de Tubinge et de Lyon. » La teneur aussi bien que la forme des almanachs offraient certaines variantes selon le public auquel ils s'adressaient, suivant qu'ils étaient réservés à la ville ou destinés à la campagne. Ces derniers renfermaient tout naturellement des conseils pour la culture des champs, pour l'élève des bestiaux, des indications pratiques comme celles-ci : « A la Saint-Benoît prépare tes champs d'avoine, à la Saint-Ambroise sème les ognons, à la Saint-Grégoire les lentilles, à la Saint-Urbain le lin, à la Saint-Rufin les semailles d'automne. — Achète ton beurre à la Saint-Pancrace, fais des saucisses et mange des oies à la Saint-Martin, à la Saint-Nicolas, rôtis des châtaignes et des poires. » C'était en quelque sorte le catéchisme du paysan, auquel il suffisait, pour se rappeler à quels travaux il avait à vaquer, de voir dans son calendrier la grossière image en buste de tel ou tel Saint.


XXIV. LES SEPT PLANÈTES, GRAND ET PETIT MODÈLE.

Les planètes (Saturne, Jupiter, Mars, le Soleil, Vénus, Mercure et la Lune) jouaient un grand rôle dans les almanachs, qui leur attribuaient une influence considérable sur la destinée des hommes et sur le succès de leurs entreprises. Elles y étaient représentées d'une manière plus ou moins grotesque, sous la figure des divinités dont elles portent le nom. Ainsi Saturne est un vieux béquillard qui s'apprête à dévorer un enfant, Mars un matamore qui brandit un large sabre en roulant des yeux furibonds.

Nos imprimeurs ayant deux suites gravées de ces figures, de grandeurs différentes, il est probable — et cette présomption est fortifiée par A25 A40 et Bi 2 8 — qu'ils publiaient des almanachs dans leurs deux formats habituels, le petit in-4° et le petit in-8°.

XXV. LES DOUZE MOIS, EN GRAND ET EN PETIT.

Ces vignettes ne devaient pas différer de celles qu'on voit aujourd'hui encore dans bon nombre de calendriers. Placées en tête de chaque mois, elles en représentaient la physionomie particulière, avec les travaux qui leur étaient propres et les signes du zodiaque correspondants. L'inventaire B,, ne parle même que de ces signes, ce qui eût d'autant simplifié les sujets.

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XXVI. LA VUE OU IMAGE DE LA VILLE DE MULHOUSE.

Nous ne pensons pas, qu'il s'agisse de quelque plan à vol d'oiseau comme celui de Mérian, ni même d'une vue proprement dite qui aurait été tirée à part. Nous sommes porté à croire, d'après les deux articles suivants, que c'était une simple image d'almanach et qu'elle figurait soit dans le texte avec une courte description, soit plutôt sur le titre, à peu près comme sur la couverture de tel de nos calendriers modernes, on voit la cathédrale et une partie de Strasbourg.


XXVII. VUES DES VILLES DE COLOGNE ET D'ERFURT.

La présence de ces deux bois, qui d'abord paraît étrange, s'explique si l'on admet que nos imprimeurs, au moyen de certaines modifications, notamment au titre, vendaient à des libraires de ces deux villes une partie de leurs almanachs.

XXVIII. LES TREIZE CANTONS DE LA CONFÉDÉRATION HELVÉTIQUE.

Il a pu en être ainsi des calendriers destinés à la Suisse : le fond restait à peu près le même, le titre seul était changé et portait comme fleuron les armoiries des confédérés ou quelque autre emblème de ce genre. Il se peut que ce même bois ait servi pour la Sempacher Schlacht (cf. Cls).

XXIX. CINQUANTE FIGURES POUR LE WELTLICH LOSSBUCH, AVEC LES .

HUIT PLANCHES ACCESSOIRES.

Les lossbücher ou loosbücher (livres des sorts) qu'il ne faut pas confondre avec les almanachs nommés lassbrief, formaient un passetemps de société, qui, à en juger par le nombre des éditions, paraît avoir été fort goûté au XVIe siècle, et qui, de nos jours encore, trouve des amateurs parmi les gens de la campagne. C'était une sorte de livres sibyllins, rédigés sous une forme plus ou moins plaisante. Celui qui avait à les consulter; jetait d'ordinaire trois dés; les diverses chances se trouvaient figurées soit dans des cercles appelés roues de fortune, soit dans des carrés chiffrés, qui le renvoyaient pour la réponse au passage correspondant du volume. Ce jeu est d'origine italienne : du moins le premier livre qu'on connaisse en ce genre a été publié à Vicence vers 1473. Il est intitulé Delle Sorti et a pour auteur Lorenzo Spirito. Plusieurs fois réimprimé dans la langue originale, il a été traduit en français et en espagnol, et a donné lieu, en allemand, à de nombreuses imitations. Celle dont il est question dans notre inventaire et sur laquelle nous


aurons à revenir (Ct), est due à Georges Wickram, de Colmar, un de nos bons conteurs alsaciens.

XXX. QUINZE FIGURES POUR LES ZEHEN AL TER.

La moralité ou Fastnachtspiel des Dix âges de ce monde a pour auteur le savant imprimeur bâlois Pamphile Gengenbach ; elle a été représentée pour la première fois à\Bàle en 1515. Elle fut jouée aussi à Colmar, en 1531, mais remaniée par Georges Wickram, qui l'avait accommodée au goût de ses concitoyens (cf. Ci6). C'est ce texte nouveau qu'auront suivi nos imprimeurs, qui ont publié plusieurs ouvrages de Wickram, entre autres son Rollll'agenbÜchleÙL

XXXI. SEIZE FIGURES POUR LE MARCOLF.

Marcolf ou Morolf est un personnage typique de la littérature populaire. On le met en scène avec le sage roi Salomon, dont il est la vivante antithèse et dont il parodie, dans un langage trivial et plein de gros sel, les sentences noblement pédantesques. C'est un Tabarin allemand donnant la réplique au Maistre. Le dialogue de Salomon et de Marcolf, dont la composition remonte au moins au XIIIe siècle, a été imprimé bien souvent. Nous penchons cependant à croire qu'il s'agit ici plutôt d'une farce de carnaval jouée sous le titre de Marcolf m, en 1546, à Lucerne. (Cf. Bi2, où il est cité avec deux autres Fastnachtspiele, et Cia')

XXXII. ONZE FIGURES POUR LE JOB.

L'art dramatique fut cultivé avec une heureuse ardeur en Suisse pendant tout le XVIe siècle. Dans presque toutes les villes, surtout à Bàle, à Berne, à Lucerne et à Zurich, on représentait non pas, comme dans les Universités, des pastiches plus ou moins réussis de tragédies et de comédies anciennes, mais des pièces naïves, mystères, moralités ou farces qui, tour à tour, édifiaient, instruisaient,


égayaient le peuple. Les sujets étaient la plupart tirés de l'Ecriture sainte; c'étaient les bourgeois qui remplissaient les rôles. C'est ainsi que l'histoire de Job donna naissance à un drame qui fut joué à Zurich en 1535, et réimprimé plus tard à Mulhouse. Il est à noter cependant que ce livre ne se trouve pas mentionné dans l'inventaire C; l'édition était-elle épuisée ou n'avait-elle pas encore paru ?

*

XXXIII. UNE GRANDE FIGURE AVEC LE DIABLE, LA MORT, LE MONDE ET L'ANGE.

Elle était faite sans doute pour une de ces feuilles volantes qui se vendaient dans les foires pour la plus grande édification du peuple. Nous avons vu une planche de l'époque, qui est du même genre. Elle représente aussi le diable, la mort et l'ange, avec le jugement dernier, l'enfer et le paradis; elle est accompagnée d'une courte explication sur ce que les théologiens appellent les quatre fins de l'homme.

XXXIV. QUARANTE-CINQ FIGURES DIVERSES POUR PIÈCES DE THÉÂTRE ET CHANSONS.

Ces feuilles volantes, extrêmement nombreuses au X VIe siècle, n'étaient pas toutes, il s'en faut, aussi édifiantes que celle dont nous venons de parler. Un grand nombre était consacré à des chansons populaires, joyeuses ou satiriques, qui peignaient au vif les mœurs et les exploits des reîtres, des moines et autres bons vivants. La plupart étaient, comme les Spil, ornées de vignettes.

Des 45 figures relatées dans cet article, nous en connaissons douze, qui appartiennent à la moralité de Lazare et l'Homme riche (cf. Cu), Nous croyons devoir en donner ici une courte description. a) Vignette du titre. — Salle à manger largement ouverte, ayant vue sur une chaîne de montagnes à pics. Les personnages en costumes suisses sont assis autour d'une table carrée, sur des bancs en bois. On en voit neuf, dont trois femmes. Un serviteur attend debout,


la cruche en main, qu'on lui demande à boire, tandis qu'un autre, en tablier, monte les quatre marches de l'estrade, apportant une grande écuelle. — Particularité à noter : six des personnages, ainsi que la paroi et les contre-marches sont coloriés en rouge à la presse. b) Prologue. — Un héraut coiffé d'un bonnet pointu et méché comme l'étaient ceux des flamines, et portant un bâton surmonté d'une fleur de lys, en compagnie d'un seigneur avec un chapeau à plume et qui tient à la main un livre ouvert. Dans le fond, une ville, probablement Zurich, où la pièce a été représentée ; dans le lointain, de hautes montagnes.

c) Un chambellan au chapeau à plumes, la main gauche sur la garde de sa rapière ; aux deux fenêtres d'une cuisine, lé maître queux et une de ses acolytes armée d'une écumoire.

d) Intérieur de salle à manger. — Six personnes sont déjà assises à table, on en voit quatre autres qui accourent, pendant que le serviteur prépare la boisson.

e) Le fou avec ses oreilles d'âne terminées par des clochettes, suivant le type du Narrenschiff. Il brandit avec force contorsions un fouet à lanières.

() Salle du festin, avec six convives seulement. Arrive un nouveau personnage, le Freihartzbûb (libertin). Il a un chapeau à trois plumes, un habit dont les basques sont tailladées en pointes, il tient un bâton levé.

g) La Mort, cette mort terrible et tout ensemble grotesque du moyen-âge. Le dessinateur l'a représentée au milieu d'un paysage désolé, décharnée, avec un rictus effroyable, le front ceint de serpents entrelacés, portant sur l'épaule gauche une civière avec un cercueil et tenant de la main droite un sablier surmonté d'un cadran. h) Le diable Lucifer. — Il accourt, une griffe levée pour saisir le malheureux Riche, l'autre armée d'une fourche. Pour tout vête-


ment, il n'a qu'un bonnet à mêche, relevé en visière à trois pointes. Il a des ailes de chauve-souris, des pieds de coq avec l'ergot traditionnel, deux mamelles tombantes et une queue en tire-bouchon : un vrai diable enfin !

%

i) Un capitaine des gardes, coiffé d'un chapeau à trois plumes, tenant d'une main sa hallebarde, de l'autre le pommeau de sa rapière.

k) Le même personnage, mais le heaume en tête, armé de toutes pièces, sur un cheval caparaçonné.

1) Encore le capitaine. — A pied, un poing sur la hanche, il présente de la main gauche à une donzelle un verre à facettes. La demoiselle est coiffée d'un chapeau plat à plume ; sa robe est fortement échancrée, mais sa gorge, couverte d'une colerette montante ; à sa ceinture est attachée une sacoche, qui lui bat la cheville. Dans le fond, un arbre, sur le feuillage duquel se détachent les lettres i T, évidemment le monogramme du graveur ou du dessinateur.

m) Le poète. — Un livre ouvert à la main, il marche à côté d'un vieillard en costume judaïque. Précédé par un petit garçon qui porte un bâton de héraut et un écu chargé d'une tète de griffon, il s'avance vers deux personnages dont l'un a une robe talaire, comme un ministre de l'Evangile. Dans le fond s'élèvent des montagnes à pics.

XXXV. DEUX LASSMÆNNLlN ET UNE BOUTIQUE DE BARBIER.

En donnant (A2) l'explication du mot lassmiinnlin, nous avons dit qu'à côté de leurs fonctions capillaires, les barbiers-chirurgiens, comme beaucoup de leurs confrères modernes, saignaient, ventousaient, arrachaient les dents. Une gravure, encore plus ancienne, accompagnant des conseils sur les saignées, nous montre un de ces honorables praticiens au moment où il approche la lancette du bras


d'une femme assise, qui détourne la tête avec un sentiment d'effroi. La planche de notre inventaire a dû représenter un sujet analogue.

XXXVI. LE LANSQUENET EN CHAUSSES BOUFFANTES.

A cette époque, les chausses ou hauts-de-chausses avaient pris la forme d'une culotte bouffante, sur laquelle étaient cousues en hauteur des bandes d'une autre étOffe. Elles descendaient jusque vers le genou et on les bourrait de crin pour les enfler davantage. Auparavant, elles étaient déchiquetées, tailladées, avec des coques de toile, de taffetas ou de satin, qui passaient à travers les échancrures.

Suivent les figures dessinées : l

XXXVII. CENT VINGT-HUIT FIGURES POUR LE NOUVEAU-TESTAMENT.

Cette suite était sans doute destinée à former un recueil du même genre, sinon du même mérite, que ceux de Sébald Beham (1530), de Holbein (1538), de Brosamer (1551) et plus tard de Jost Amman (1561), de Bocksperger et Jost Amman (1564), de Solis (1565), de Stimmer (1590), recueils où le texte, très-court d'ailleurs et purement explicatif, n'est que l'accessoire, même quand il a, comme le dernier, pour auteur un Fischart. Il est douteux que cette suite ait été exécutée par nos imprimeurs, mais assurément c'est un honneur pour eux d'avoir, avec leurs faibles ressources, osé tenter une œuvre si considérable.

1 Quoique nous ne sachions pas si ces dessins ou esquisses ont été réellement gravés, cette partie de l'inventaire ne laisse pas d'avoir son importance. Elle constate que les planches décrites jusqu'ici ont été faites à Mulhouse même, et non achetées au dehors.


XXXVIII. UNE PLANCHE DESSINÉE, AVEC TROIS SUJETS : NOEL, LA CIRCONCISION, LES ROIS.

C'étaient probablement, comme les quatre articles suivants, de simples vignettes d'almanach (cf. i23).

XXXIX. UN PETIT BOIS AVEC LES MATHÉMATICIENS.

L'inventaire B7, plus explicite, nous apprend que ces graves faiseurs d'almanachs et de pronostications étaient au nombre de trois et armés de leurs instruments, tels que compas, quarts de cercle, etc.

XL. DEUX AUTRES DESSINS SUR BOIS POUR LE PETIT ALMANACH DES PAYSANS.

A en juger par leur assortiment de caractères et de vignettes propres au genre, nos imprimeurs se sont livrés en grand à la fabrication des almanachs. Ils ont dû en publier de plusieurs sortes, dans divers formats, sous des titres différents, de plus ou moins complets, de plus ou moins chers, suivant le public auquel ils les destinaient (cf. i24_28). C'est ainsi que pour les gens de la campagne, ils avaient un grand et un petit calendrier ; ce dernier réduit à la plus simple expression, à peu près comme l'almanach des Bergers, qui a le mème éditeur que le grand, le fameux, le véritable Liégeois, supputé par maître Mathieu Loensbergh, mathématicien.

XLI. UN PETIT LASSMENNLIN ET UNE BOUTIQUE DE BARBIER.

C'est, d'après l'inventaire Bs, pour le même abrégé de la pratique des paysans que ces deux sujets (cf. A! et 4JS) auraient été gravés.


XL1L LES SEPT PLANÈTES.

Nos imprimeurs en avaient déjà deux suites complètes, de dimensions différentes (cf. A2J. On peut s'étonner, en regard de ces preuves multiples du grand nombre d'almanachs qu'ils produisaient, que l'inventaire C, où se trouvent consignés les livres en nombre, n'en fasse aucune mention. Nos documents, il est vrai, sont du 24 avril, et à cette époque de l'animée, les calendriers devaient être ou vendus ou tout-à-fait dépréciés.


INVENTAIRE B.1

Relevé du matériel appartenant à l'imprimerie:

I. GRANDS ET PETITS POINÇONS POUR ALMANACHS, AVEC LEURS FRAPPES (A t ,).

Il. MATRICES OU CUIVRES DES DOUZE SIGNES, TELS QUE LE BÉLIER, LE TAUREAU, LES GÉMEAUX, ETC., EN GRAND ET EN PETIT. (A 2)

III. POINÇONS ET MATRICES DES POIDS DES PHARMACIENS, TANT POUR LES CARACTERES DE BIBLE QUE POUR CEUX D'ALMANACH.

Pour exprimer ces poids (livre, once, gros ou drachme, scrupule, grain), ainsi que les formules usuelles, les médecins se servent de signes conventionnels et de sigles. Nos imprimeurs en avaient un double assortiment, de deux grandeurs ; ils employaient l'un ou l'autre, suivant que le texte devait être composé en un corps de caractères plus ou moins gros. (Cf. Ae 8)

IV. DEUX FRAPPES EN CUIVRE DE DEUX SORTES DE CARACTÈRES ALLEMANDS. (A 3 J

V. UNE COLLECTION COMPLÈTE DE FIGURES POUR LE NOUVEAU-TESTAMENT, DESSINÉES, MAIS NON ENCORE GRAVÉES. (A 31)

VI. LA NATIVITÉ, LA CIRCONCISION ET LES ROIS, DESSINÉS SUR BOIS, SANS ÊTRE ENCORE GRAVÉS. (A38)

1 Ce deuxième inventaire a été dressé par l'associé sortant, Jean Schirenbrand. Quoiqu'il soit moins complet que le précédent et qu'il renferme peu de renseignements nouveaux, il peut servir à fixer le sens de quelques expressions. Les chiffres placés à la suite de chaque article renvoient aux commentaires correspondants de l'inventaire A.


VII. UN BOIS, NON GRAVÉ ENCORE, REPRÉSENTANT LES TROIS MATHÉMATICIENS AVEC LEURS INSTRUMENTS, TELS QUE COMPAS, QUARTS DE CERCLE, ETC. (I39)

VIII. DEUX PETITS BOIS, PLUS UN PETIT LASSMJENNLIN, ET UNE BOUTIQUE DE BARBIER, LE TOUT POUR LE PETIT ALMANACH DES PAYSANS ET SEULEMENT DESSINÉ. (I 40 41)

IX. LA VILLE DE MULHOUSE DESSINÉE ET GRAVÉE. (A 2 6)

X. LES SEPT PLANÈTES EN DOUBLE (c'est-à-dire de deux grandeurs), DESSINÉES ET GRAVÉES. (A 2 J

XI. LES DOUZE SIGNES CÉLESTES, AUSSI EN DOUBLE, DESSINÉS ET GRAVÉS. (A25)

XII. LES FIGURES POUR JOB, LES DIX AGES, MARCOLF. (A32 30 31) XIII. LES FIGURES POUR LE LIVRE DES SORTS, ENSEMBLE LES HUIT PLANCHES ACCESSOIRES. (A29)

XIV. DIVERSES AUTRES FIGURES POUR LES CHANSONS. (A 3 J

XV. DEUX FONTES DE CARACTÈRES ALLEMANDS POUR TITRES. (A7) XVI. UN CORPS DE CARACTÈRES ALLEMANDS D'ALMANACH POUR UNE PRESSE, ENSEMBLE LES SIGNES PROPRES AUX CALENDRIERS. (As 12)

XVII. UN CORPS DE CARACTÈRES DE BIBLE ALLEMANDS POUR UNE PRESSE, PLUS LES PETITS SIGNES DU ZODIAQUE ET AUTRES USITÉS DANS LES ALMANACHS. (A7 8)

XVIII. UN CORPS DE GROS-SCHWABACHER POUR DEUX FORMES AU MOINS.

(A9)

XIX. DEUX CENTS PESANT DE DEUX SORTES DE CARACTÈRES LATINS.

(K 11)

XX. DEUX PRESSES ET TROIS CHASSIS. (Ain 14). — CE MATÉRIEL EST ÉVALUÉ PAR PIERRE SCHMID LUI-MÊME A MILLE FLORINS. DE MON CÔTÉ, J'ESTIME QU'IL Y A TANT ICI QU'A FRANCFORT PLUS DE TROIS TONNES DE LIVRES, QUI VALENT PASSÉ TROIS CENTS FLORINS.


Comme à cette époque la valeur numéraire du florin était de 4f,84c, et que le pouvoir de l'argent était trois fois plus fort qu'aujourd'hui', le chiffre auquel, d'un commun accord, les deux associés estimaient leur matériel, se montait à 14,500 francs. C'est une somme relativement élevée ; une imprimerie à deux presses comme la leur, mais bien mieux assortie, ne coûtait à établir, en 1802, (cf. Ai7) que 9,000 francs environ. Il est vrai que nos imprimeurs avaient de plus une fonderie de caractères et une collection assez considérable de bois gravés.

1 Ces données sont puisées dans les Eludes économiques sur l'Alsace ancienne et moderne, que vient de publier M. l'abbé Hanauer. Nous ne doutons pas que cet excellent ouvrage, fruit de longues et minutieuses recherches, ne fasse désormais autorité. Un autre savant, C. Leber, dit de son côté : « Le pouvoir de l'argent qui s'était maintenu, dans le premier quart du XVIe siècle, à l'ancien rapport de 6, descend, dans le deuxième quart, à 4 ; dans le troisième quart, il 3, et dans le quatrième, y compris la fin du règne de Ilenri IV, au rapport de 2, où il est resté jusqu'à la révolution de 1789. »


INVENTAIRE C.

Livres et figures en nombre.

I. LOSSBUCH.

332 exemplaires; 1 ballot, 1 rame, 6 mains. Prix : 17 florins, (SOC,2Sc, soit au pouvoir actuel de l'argent 240 fr. 84 c.).

Un ballot se composant de 10 rames, une rame de 20 mains, une main de 25 feuilles, il est aisé de déterminer le nombre de pages des livres inventoriés. Les indications que nous avons pu contrôler sur quelques-uns des volumes mêmes, sont très-exactes et permettent, à un ou deux feuillets près, une supputation certaine.

Le Lossbuch (cf. A29 et Ca) devait donc avoir 136 pages pet. in-4°. Un exemplaire coûtait 3 Kreutzer (0,24e), équivalant aujourd'hui à 0,72c. Pour un volume orné de plus de 50 gravures, ce n'était certes pas cher ; mais comme le papier employé ne revenait qu'à 0,22c (cf. Csl), ce n'était pas un prix disproportionné. Pour les ouvrages d'une vente assurée, on compte que, par le fait de l'impression et des droits aujourd'hui payés aux auteurs, le papier acquiert une valeur quadruple.

Cette édition du Livre des sorts du monde, publiée par SchirenbrandetSchmid, semble n'être pas connue des bibliographes. Gœdeke cite seulement un tirage postérieur, ne portant plus que le nom de Schmid :

Das weltlich Lossbuch. Mülhusen im oberen Elsass durch Peter Schmid. 1560. ln-4°. 1

1 L'édition originale a paru à Strasbourg, elle est intitulée -

Ein schöne unnd fast schimpfliche Kurtzweil, so durch umbtreiben eyner scheiben Alten und Jungen, mann unnd weiblichen personen : Auch den züchtigen Junckfrawen zu traurigen Zeitten, vil lächeriger und schimpflicher Sprüch unnd . fürbildtnüssen fürbringet, den menschen Kurtzweil zu machen, und die traurigen


II. CANTZLEYSCH FUNDAMENTBÜCHLIN.

131 exemplaires; 1 rame, 6 mains. Prix : 5 florins (24f.20c, soit au pouvoir actuel 7-2f,60°).

Ces Principes de l'écriture de chancellerie (cf. A21) formaient une plaquette de 40 pages pet. in-4°, avec 32 figures. Un exemplaire coûtait 0,55e de notre monnaie.

III. VON BEDERN.

136 exemplaires; 1 rame, 10 mains. Prix : 4 X florins (21 f, 78c = aujourd'hui à 65f,34c).

Dans son histoire de la ville de Mulhouse (I, 192), Graf cite comme ayant été imprimé dans notre ville un traité de Huckel, composé en allemand, De salutaribus Germaniœ balneis, s. 1. 1559. in-8°. Nous ne savons jusqu'à quel point cette indication, sans doute prise dans l'Epitome de Simler, peut justifier cette attribution d'origine.

Il existe de la même époque un autre traité de balnéologie, qui a pour auteur Georges Pictorius (Maler), médecin-physicien de la régence d'Ensisheim :

cBaderbüchtin. — Gantz kurtzer bericht von allerhand einfachten und 38 componierten mineralischen teutsches Lands wild bädern, wie man im baden unnd darvor ordnung halten soll, welchen baden gut und welchen böss, von der beder diet und wie man allen züßilen, die sich gmeinlich den badenden zutragen, begegnen soll S. I. anno 1560, pet. in-8°.

schlaferigen gemuter, widerum b zu lachenden freyden zu bewegen und erwecken. Umb kurtzweil an tage gegeben M.D.XXXIX. (A la fin) : Getruckt zu Strassburg. Im Jar als man zalt nach Christi unsers herrn geburt M.D.XXXIX. 48 ff. in-fol.

Un livre du même genre, cité par Gœdeke :

Der Mannen- Frauwen- Junggesellen- und Jungfern-Cirkel. Getruckt zu Mülhusen im obern Elsass, durch Peter Schmid.. 60 ff. in-40,

n'est sans doute qu'une réimpression, ou un second tirage, avec changement de titre, du Lossbuch de Wickram.


Nous penchons plutôt à croire que c'est de ce dernier opuscule qu'il s'agit, d'autant que ce même Pictorius a fait imprimer à Mulhouse deux autres de ses ouvrages (cf. C14 20)' La date 1560 ne fait point obstacle : le Lossbuch (CJ est daté de même, quoiqu'il figure aussi dans l'inventaire. Il se peut que Schmid, usant d'un artifice souvent employé dans la librairie moderne, ait simplement changé le titre, pour rajeunir une édition qui ne s'écoulait pas assez vite. Et de fait, il lui restait en 1559, tant à Mulhouse qu'à Francfort, près de 1100 exemplaires de ce livre des bains, qui était composé de 88 pages pet. in-8° et coûtait 0,48e.

IV. NAMENBücHLIN.

118 exemplaires; 9 mains, Il feuilles. Prix : 2 florins (9f,68e, au pouvoir actuel 29f,04c).

Ce syllabaire (cf. A22) se composait de 32 pages pet. in-8°, probablement xylographiques ; il revenait à 0,25e l'exemplaire.

V. FAGFHUR.

83 exemplaires; 1 rame, 8 mains, 4 feuilles. Prix : 8 % florins (41f, 14e, au pouvoir actuel 123f,42c).

Le Purgatoire est la traduction d'un traité de théologie polémique du fameux Bernardin Ochin de Sienne, qui, après avoir été général des Capucins, sinon confesseur du Pape, embrassa la Réforme, se maria à Genève, se rendit en Allemagne et en Angleterre, séjourna à Strasbourg, à Bâle, à Zurich, et chassé de partout, finit en 1564, à l'âge de 77 ans, par mourir de la peste, en Moravie.

Nous sommes heureux de pouvoir donner de ce petit volume une description exacte, d'après l'exemplaire appartenant à M. Armand Weiss, dont la bibliothèque, composée avec une rare entente et un goût parfait, est si riche en livres rares et curieux.

Dialogus, 11 Das ist, Ein ge 11 spräch von dem Fägfeür : 11 in


welchem der Bäpstleren torech-II tigen und falschen gründ, das 11 Fägfeür zu erhalten, wi- 11 derlegt werdend. 11 — Beschriben in Italianischer spraach von dem 11 wolgelerten herren Bernhardino Ochino 11 von Senen, yetz aber auf das eyn- || faltigest verteütscht. || — Joannis am 5. cap. 11 Warlich warlich sag ich euch, war 11 mein wort hört, und glaubt dem der 11 mich gesendt hat, der hat das ewig lä- 11 ben, und kompt nit in das gericht, son-II der er ist vom tod zum läben hindurch 11 getrungen, etc. 11 — Getruckt zu Mülhusen im oberen 11 Elsass, durch Hans Schirenbrand 11 und Peter Schmid. 11 (Sans date); titre rouge et noir; pet. in-Bo, de 136 pages, la derniere blanche; sign. A ä I par 4 ff.

Un exemplaire coûtait t f,49c de notre monnaie. Le volume est d'une belle exécution ; imprimé en caractères neufs et brillants, il n'a qu'un défaut : c'est que les manchettes ou notes marginales sont composées dans le même corps de lettres (moyen-Schwabacher) que le texte, ce qui ne produit pas un heureux effet.

VI. ROLLWAGEN.

101 exemplaires; 2 rames, if mains. Prix : 12 % florins (60f,50c, soit tStf,50c).

Le Rollwagen est un recueil de ces contes facétieux et de haut goût, dans lesquels excellait le XVIe siècle. Son nom lui vient de ces lourds véhicules qui transportaient alors les marchands à des foires, souvent lointaines, comme celle de Francfort. Pour charmer les ennuis de la route, les voyageurs d'humeur plus gaie que nous ne sommes aujourd'hui, avaient coutume de s'ébaudir en de telles gausseries et joyeusetés. L'auteur de cette compilation est Georges rVickrarn, de Colmar, à qui notre excellent maître et ami, M. Auguste Stœber, a consacré une très-intéressante étude.1 Un autre

1 JÖRG WICKRAM, Volksschriftsteller und Stifter der Colmarer Meistersängerschule im 16. Jahrhundert, und dessen vorzüglichste Schriften. Mulhouse, 1866.


Alsacien, Jacques Frey, de Marmoutier, y ajouta en 1557 une seconde partie.

La première édition a paru en 1555, sans indication de lieu. La nôtre, la quatrième en date, est augmentée de neuf contes, qui ne sont pas des moins plaisants. Elle a été décrite sur un exemplaire de la bibliothèque royale de Berlin par M. Henri Kurz, qui a donné ses soins à une élégante réimpression de ce livre.

Rollwagen. 11 Ein neuws büch 11 lein, darinn vil guter schwank 11 und historien begriffen werden, so man in 11 schiffen und auf den Rollwägen, desgleychen in scher 11 heusern und badstuben zu langweyligen zeyten, erze- 11 len mag, sampt einem kurtzen Register. Yetz wi-II derumb von neuwen getruckt, gemee 11 ret und gebessert. 11 Durch Jörg Wickgrammen, Statt-li schreyber zu Burckhaim.

(A la fin) : Getruckt zu Mülhusen, im oberen Elsass, durch Hans Schirenbrand und Peter Schmid. (Sans date.) Pet. in-8°, de 100 feuillets, les deux premiers et les quatre derniers non chiffrés, 96 paginés jusqu'à 192 (par erreur, la pagination saute de 165 à 170); sign. A-N par 4 ff.

Le volume, qui coûtait f f,80c de notre monnaie, renferme trois vignettes ; au bas du titre : un long chariot bâché, attelé de quatre chevaux, la diligence peu confortable du temps ; au verso : trois commères bavardant près d'une fontaine, dans un langage singulièrement expressif, à en juger par la légende ; à la dernière page : un homme à tête de chat, avec un bonnet de fou qui lui retombe sur les épaules, est assis sur une souche et contemple avec admiration son image dans un miroir qu'il tient à la main, pendant qu'en face de lui, sur un banc, un autre personnage joue de la cornemuse.

— Der ander Teil des Rollwagens1 oder Gartengesellschaft, darinn vil frölichs gesprächs, schimpffreden, speiwerk und sunst kurzweilig bossen, von Historien und Fablen gefunden werden, sampt einem kurtzen Register. Durch Jacob Freyen, Stattschreybern zu Maursmünster zusamen colligiert und an tag gebracht. (A la fin

1 H. NAY. Bibliotheca Germanorum erotica. Leipzig, 1875, p. 36.


de la table) Getruckt zu Mülhusen im oberen Elsa s s, by Hans Schirenbrand unnd Peter Schmid. (Sans date.) Petit in-8°: aussi de 100 feuillets comme la première partie, 5 ff. liminaires, 177 pages chiffrées. 5 ff. de table et 1 ff. avec la souscription des imprimeurs. Deux vignettes, l'une au titre, l'autre au verso du dernier feuillet, (cf : C b.)

VII. GENESIS MONACHORUM.

125 exemplaires; 10 mains. Prix : 2 florins (9f,68° = 20f,04c).

. La Genèse des moines! On se doute bien que cette plaquette de 32 pages, pet. in-8°, qui coûtait 0,16o de notre monnaie, n'était pas un panégyrique du clergé régulier. Peut-être était-ce un extrait du fameux Alcoran des Cordeliers, dont l'ancien patron de Schmid, Hans Lufft, avait donné une édition, en 1542. A coup sûr, c'était un ouvrage satirique.

VIII. LIEDER.

2 rames (1000 feuilles).

L'inventaire n'ajoute aucune autre indication sur ces chansons, dont la plupart étaient décorées de vignettes (cf. A 34)'

IX. VON FRESSEN UND SAUFFEN.

32 exemplaires; 8 mains, 8 feuilles. Prix : 6 % florins (31f,46e = 94f .38c).

Il est peu de vices qui aient donné autant de mal aux moralistes, à ceux du XVe et du XVIe siècle surtout, que la goinfrerie et l'ivrognerie. Sébastien Brant, pour ne citer qu'un des nôtres, les a flagellées rudement dans un des chapitres les plus indignés de sa Nef des fous (c. 15. Von fiillen und prassen). A son tour, un austère ministre de l'Evangile, Mathias Erb, le réformateur de Riquewihr (né en 1494, mort en 1571), crut devoir faire entendre aux pêcheurs endurcis la voix des saints Pères, et il écrivit son traité :

Von saufen und fressen, den zweyenn greulichen lasteren, wie die durch den heiligen Chrysostomum, Hieronymum und Basilium


magnum und anderen Vätteren vor tausend jaren in jren predigen sind gestrafft worden, zusammen geläsen und verteutscht durch Matthyss Erben. — Psalm Gill — Das Brot sterckt des menschen brust, der Weyn macht des menschen hertz frölich — 1559 — Sed fines horum transiluisse nocet. (A la fin) : Getruckt zu Mülhusen im oberen Elsass durch Hans Schirenbrand und Peter Schmid. Pet. in-8° de 104 pages.

Ce petit volume est estimé dans l'inventaire à 2f, 95c, valeur actuelle de l'argent, ce qui parait cher pour un ouvrage qui ne devait pas trouver autant d'amateurs que le Rollwagen ou le Lossbuch. Et cependant, deux ou trois mois à peine après sa publication, il ne restait plus que 32 exemplaires. Sans doute, la douairière de Ribeaupierre, Anne-Alexandrine, née comtesse de Furstenberg, à qui le livre est dédié, aura acheté la plus grande partie de l'édition, pour la faire distribuer utilement par l'auteur, son protégé.1

1 La même année, Mathias Erb publia, à Mulhouse, sur un sujet analogue, mais à un point de vue purement hygiénique et culinaire, un court abrégé de YArtzneyspiegel du médecin colmarien, Laurent Fries, en laissant de côté, bien entendu, les délicieuses anecdotes que contient l'original. Cet abrégé, dont le Musée historique de Mulhouse possède un exemplaire, grâce à la libéralité de M. Auguste Stoeber, est intitulé :

Von allerley speyseti so Il dienstlichen zur menschlicher narung Il Durch Doctor Laurentium Fi-iesen vor dreyssig Ja- || ren beschriben, zur besserung menschlicher gsund- || heit. Und yetz durch M. Matthyss Er- || ben in truck geben. || Getruckt zu Mùlhusen im oberen El- || sass, durch Peter Schmid, II anno M.D.LIX. || Pet. in-4°, io feuillets non numérotés ; sign. A—C par 2 ff. Sur le titre, la marque de Schmid.

Du même Mathias Erb nous connaissons un autre ouvrage imprimé dans notre ville, et que nous décrirons d'après un exemplaire appartenant à un amateur mulhousien, M. Daniel Grumler. C'est une explication, une glose du cantique de Siméon;

la préface signée est une paraphrase des vers de Sénèque cités au titre :

Nunc dimittis. || Das lobgesang Il des heiligen Simeons, Luce Il am andern, zu trost ,r \ beschrieben, de-II nen, so hoffnung haben, der Selig- Il keit, und wartent Gottes be- || ruffung aussdisem Ja- [1 merthal. Il Seneca. Il Nemotam diuos habuit fauentes, Il Crastinum utposset sibi polliceri. Il Niemandt im selbs versprechen mag Il Das leben, auff Morndrigen tag. Il Getruckt zu MülhausC11 im Il obern Elsass, durch Peter Il Schmid. 11 1562. Il Pet. in-go, 70 pages, 14 feuillets non numérotés, 2 ff. blancs, 52 pages, sur la dernière : Getruckt zu Mülhausen im Il obern Elsàss durch Peter Il Schmid || 5 enfin, un feuillet avec la marque de l'imprimeur.


X. GRlENBÜCIILIN.

US exemplaires, 12 mains. Prix : 2 % florins (12f, Wc == 36f,30c).

Ici nous sommes réduit à une conjecture, et fort embarrassé même de la faire connaître. Qui n'a vu, dans quelque vieille estampe, un médecin d'autrefois occupé à regarder attentivement le contenu d'une fiole. L'inspection terminée, il sera fixé sur le tempérament ou sur la maladie de son patient. Or, ce qu'il examine si curieusement, c'est le grien. Dans la moralité de Lazare (A 34 et Clt), lorsque le Riche se sent frappé d'une indisposition subite, sa femme envoie en toute hâte quérir le médecin. Celui-ci accourt avec son serviteur, à qui il a fait emporter à tout hasard de la rhubarbe et le wasserglas pour mieux voir das Grien. En un mot, suivant nous, le Grienbùchlin était un traité populaire d'ouronoscopie, que nous sommes tenté d'attribuer à ce Pictorius qui a fait imprimer à Mulhouse un Pestilentzbùchlin, et très-probablement aussi le Baderbûchlin et le Reissbùchlin (cf. C20 3 14). Quoi qu'il en soit, c'était une plaquette de 42 pages, pet. in-8°, qui coûtait O,3f 1/2 centimes.

XI. RYCHMANNS SPIL.

14 exemplaires; 1 main, 17 feuilles. Prix : 3 florins (Uf ,52c, soit au pouvoir actuel de l'argent 43f,56°).

Nous avons décrit (434), d'après un exemplaire dont nous devons la communication à l'obligeante entremise de M. Engel-Dollfus, les figures de ce très-rare et intéressant volume. L'histoire de l'homme riche et du pauvre Lazare a été mise en vers et en drame par plusieurs auteurs du temps, entre autres par Jacques Frey, de Marmoutier, et par Jacques Ruof, de Zurich. C'est vraisemblablement de ce dernier qu'est la Moralité imprimée à Mulhouse, mais représentée à Zurich, ainsi que le constate le titre :

Ein warhaftige Il history aus dem heiligen E- )) v.angelio Luce am XVI. Cap. Von Il dem Reychen mann und Il armen Lazaro Il Gespilt


zu Zürich von einer lob- Il lichen Burgerschafft || . (Au recto du dernier feuillet) : Getruckt zu Mul- [| husen im oberen || Elsass, by Hans || Schirenbrand Il unnd Peter Il Scbmid. Il ( Sans date.) Titre rouge et noir, 14 vignettes, dont 2 se répètent. Pet. in-8°, de 24 feuillets non chiffrés ; sign. A-C.

Ce joli petit volume coûtait, dans notre monnaie, 3f, 11 c.

XII. BXTnrnÜCHLlN.

2 mains, 10 feuilles.

L'inventaire ne donne aucune autre indication sur ce livre de prières. Aussi, sans vouloir du reste rien inférer de ce fait, nous ajouterons seulement qu'on a souvent imprimé à cette époque un Betbïichlin mit dem Calender und Passional, de Luther.

XIII. MARCOLFUS.

16 exemplaires; 2 mains, 6 feuilles. Prix : 3 % florins (i6f,96° = 50f,88c).

On a vu (A at) que ce volume de 56 pages pet. in-8°, évalué à 3f,18c de notre monnaie, était orné de douze vignettes sur bois. D'autre part, nous savons que c'était une de ces pièces dramatiques qui empruntent leur nom du carnaval. Mais là s'arrêtent nos renseignements, et nous pouvons simplement émettre la supposition que c'était une réimpression de Marcolfus. Ein Fastnachtspil zû Lucern gespillt. -1546 (cf. Mone, II, p. 420).

XIV. REISSBÙCHLIN.

6 exemplaires; 1 main, 11 feuilles. Prix : 6 florins (29f,04c, au pouvoir actuel, 87f, f 2c).

Quel était ce livre ou Guide du voyageur? L'indication tout aussi sommaire, donnée par le Samstagsblatt de Mulhouse (année 1857, p. 32) n'apprend rien à cet égard : lrinerarium peregrinantium. Getruckt zû Miilhusen im oberen Elsass durch Hans Schirenbrand und Peter Schmid ( sallS date).


Il est très - probable que c'était une réimpression de l'ouvrage suivant de Georges Pictorius. Outre la conformité du titre, il est à remarquer que ce médecin d'Ensisheim, dont le nom de famille était Maler, a publié à Mulhouse d'autres de ses traités (cf. C3 10 s0).

Raissbüchlin. Ordnung wie sich zu halten, so einer raisen will in weite und onerfahrne Land... Strassburg 1557, in-Bo.l

Mais pourquoi ce mince volume de 96 pages pet. in-8°, simple traité d'hygiène du voyageur en pays étrangers, est-il coté 1 florin, soit aujourd'hui 14f,52°? C'est un prix exagéré, hors de toute proportion avec celui des autres livres du fonds de nos imprimeurs, et que ne justifie pas le petit nombre d'exemplaires qui leur restaient.

XV. NABOTHSPIL (lisez : Nabalspil.)

2 mains. Prix : 5 florins (24f,20c — 72f,60c).

Il y a dans l'inventaire une confusion évidente de noms. Le malheureux Nabotli que le roi Achab, à l'instigation de Jézabel, fit lapider pour s'en approprier la vigne, n'est pas un personnage de comédie. C'est de Nabal, premier mari de la belle Abigaïl qu'il s'agit, comme le prouve de reste le titre suivant, qui nous a été communiqué par M. Auguste Stœber :

Nabal. Ein schön Christenlich, lustig unn kurtzwylig spil, erstlich durch den Erwurdigen und wollgeleerten Herren Rudolffen Walthern2 aus dem ersten buch Samuelis des 25 cap. gezogen, in ein latinische Comediam gestelt, nüwlich aber, von einer

1 Nous avons copié ce titre dans un catalogue officinal de vieux livres; malheureusement, l'exemplaire décrit était vendu.

2 Rodolphe Walther était ministre de l'Evangile à Zurich. Son concitoyen et collègue, Simler, en énumérant une foule d'ouvrages de ce savant homme, cite : Nabal, comœdia sacra ex 1 Samuelis 25. Tiguri Froschouerus excudit (sine anno).


Eerlichen loblichen jungen Burgerschafft zu Schaffhusen, auf den 16. tag höwmonats des 1559 jars, Teutsch gespilt und gehalten. 11 Examinir zum ersten dich 11 Darnach kum und corrigier mich. 11 Getruckt. zu Mülhusen im oberen Elsass durch Peter Schmid, anno 1560.

Comme on voit, cette comédie a eu deux éditions à Mulhouse, ce qui s'explique par le grand succès de ces sortes de représentations, en Suisse surtout. De la prenïière, bien que le chiffre ne soit pas donné, il ne restait plus, en avril 1559, que 14 exemplaires, à en juger par le nombre de pages (56 en moyenne) des trois autres pièces du même genre mentionnées dans l'inventaire. Le volume, probablement orné de vignettes (cf. AaJ, revenait à 5f,18c de notre monnaie.

XVI. ZEHEN ALTER.

21 exemplaires ; 3 mains, 9 feuilles. Prix : 4 florins (19f,36c = aujourd'hui 58f,08c).

La comédie des Dix âges du monde (cf. Aao) parut d'abord à Bâle, en 1515, sous le titre :

Die X. alter dyser welt welche sind gespilt worden im XV Jor uff der herren fastnacht von etlichen ersamen und geschickten burgeren eir loblichen stat Basel (s. 1. e. a.). 16 ff. in-4°.

Plus tard, Wickram arrangea et rajeunit la pièce de Gengenbach et la publia à Strasbourg, sans nom d'auteur :

Die Zehen alter: nach gemeynem lauff der welt, mit vil schönen newen historien begriffen. Auss der Bibel gezogen, vast nützlich zu lesen und zu hören Und seind diese Zehen alter, von wort zu wort, nach innhalt der matery und anzeygung der figuren von newem gespilt, gemert und gebessert worden, Durch eine Ersame burgerschafft einer loblichen statt Colmar.. im Jar MDXXXI. (A la fin) : Getruckt zu Strassburg, bey Jacob Frölich, im Jar MDXXXIIII. 32 ff. in 8°.


L'édition de Mulhouse, qui n'a pas été décrite, reproduisait sans doute ce texte remanié. Elle se composait de 64 pages pet. in-8°, renfermait quinze figures et coûtait 2f,48c.

XVII. BIBLISCHE FIGUREN.

2 mains.

Ces figures de la bible ne faisaient point partie du fonds de nos imprimeurs, autrement les bois correspondants seraient mentionnés dans l'inventaire. Mais on a vu (Aa7) que Schirenbrand et Schmid projetaient de publier une collection de ce genre, puisqu'ils avaient fait dessiner 128 figures pour le Nouveau-Testament, et il est naturel qu'ils aient fourni à leur dessinateur les moyens de s'inspirer des modèles alors le plus en vogue. Or, il se trouve que la suite dite de Hans Brosamer (Biblische historien kÜnstlich fùrgemalet), qui avait paru à Francfort de 1551 à 1553, se compose, d'après la description de Brunet, de 396 ff. in-8°. D'autre part, 2 mains, soit 50 feuilles, font dans ce même format exactement 400 feuillets. Ce rapprochement nous semble donner beaucoup de vraisemblance à l'hypothèse que c'est à l'ouvrage de Brosamer qu'a trait le présent article.

XVIII. BIBLISCHE FIGUREN BUNDEN.

Prix : 5 batzen (F,70c = 5f,10c).

La remarque précédente s'applique à ce recueil. Seulement, comme ici le nombre des pages n'est pas indiqué, il est impossible de savoir s'il s'agit des Biblische historien figlirlich fiïrbildet durch den wolberùmbten Sebald Beham von JVÜrnberg, dont la première édition a paru à Francfort en 1530, ou des Historiarum veteris Instrumenta icones (Lyon, 1538-1547), gravées d'après Holbein par Hans Lutzelburger, ou de quelque autre collection de figures bibliques.

Un point à noter, c'est que le volume était relié, tandis que tous


les autres ouvrages portés sur l'inventaire étaient en feuilles. Ce fait prouve que les deux associés n'étaient pas des libraires, dans l'acception ordinaire du mot, les livres, à cette époque, étant vendus reliés, et les reliures généralement faites dans la maison même du libraire. Ils étaient imprimeurs-éditeurs.

XIX. SEMPACHER SCHLACHT .

11 exemplaires. Prix : 6 blappert, soit 3 batzen 1 kreutzer (ff,fOc = 3f.30c).

Quelle forme revêtait cette glorification du patriotisme suisse? Celle d'une chanson épique ou d'un récit populaire en prose? A en juger par le prix (30 centimes l'exemplaire), ce devait être non une feuille volante, mais une plaquette d'une quarantaine de pages.

XX. PESTILENTZBUCHLIN.

Un ballot et demi.

Telles sont les seules indications fournies par l'inventaire, et, pour ce volume encore, nous eussions été réduit à des conjectures plus ou moins plausibles, si un de nos amateurs les plus distingués, que le souci des grandes affaires n'empêche pas d'aimer les livres et de les rechercher avec ardeur, n'avait fort heureusement levé toutes nos incertitudes.

Au XVIe siècle, comme pendant tout le moyen-âge, où les autorités locales s'inquiétaient fort peu de la salubrité publique, les maladies contagieuses étaient très-fréquentes. Comprises sous la dénomination générique de peste, mais appelées aussi, suivant leurs variétés, fièvre pestilente, caquesangue, coqueluche, suette, troussegalant, bosse, charbon, pourpre, etc., ces épidémies avaient provoqué la publication de nombreux traités à l'usage du peuple, dans lesquels étaient indiqués les mesures préventives et les remèdes qui passaient pour les plus efficaces. Le Pestilentzbuchlin édité à Mulhouse, est un ouvrage de ce genre; il a pour auteur le médecin attitré de la régence d'Ensisheim, Georges Maler (en latin Pictorius),


dont nous avons déjà eu plusieurs fois à mentionner le nom. Nous décrivons ce curieux volume sur l'exemplaire appartenant à M. Engel-Dollfus.

Von der Pestilentz. || Notwendiger Il bericht was die pestilentz Il sey ob die zu fliehen, und wie sich Il yedes stands personenn, reych, arm, jung Il und ait die nit fliehen konden, damit sy der Il sucht ledig bleyben, halten sollen, unnd ob Il einer angriffen wurd, wie er sich durch mit- || tel der artzney ledigen mage, sampt an- Il gehenckter ordnung so mit den Il beulen und blateren zu gebrauchen. Il Und wie mit den Borpelen unnd Il rotsucht, auch jren zûfâlen in allweg sich ze Il halten, mit einem nutzlichen regiment allen Il so durch die greülich kranckheit des unsin- || nigen hauptwees, wie vor wenig jaren Il an vil orten gewütet, behafftet || sind, an die hand zenemmen. || Alles durch D. Georgium Picto- || rium der artzney Doctorn, und der Keyser- il lichen Regierung Ensisheim in ober Elsass Il bestellten Physicum zu dem andern Il mal, doch weytlouffiger dann vor Il mit fleyss beschryben. || (A la fin) : Getruckt zu Mülhusen im Il ober en Elsass durch Pe- || ter Schmid. Il (Sans date, mais 1559.) Pet. in-8° de 108 feuillets : le titre, qui est rouge et noir, les deux ff. liminaires et le dernier non numérotés; le recto du feuillet final est blanc, le verso porte la marque de l'imprimeur. Sign. A-O par 4 ff.

On aura remarqué que ce volume, qui a été imprimé par les deux associés, puisqu'il figure dans l'inventaire, ne porte que le nom de Schmid. Comme, d'autre part, le titre constate que l'ouvrage paraissait pour la seconde fois, ce rapprochement pourrait faire croire à l'existence de deux éditions mulhousiennes. Il n'en est rien cependant. La troisième partie du livre, qui est intitulée : Von dem Hauptwee 1, a une dédicace à l'abbé de Lucelle, datée du 14 mai 1553. C'est en cette année, lorsque le mal sévissait avec le plus d'intensité, que Pictorius a dû publier son traité, non à Mulhouse,

1 De la coqueluche. — « Il y a un accident de peste appelé coqueluche, ainsi dit, parce que ceux qui en estoient esprins sentoient une extreme douleur de teste, et à l'estomach, aux reins et aux jambes, avec lièvre continue, et souvent avec delire et frenesie, » (AMBROISE PARÉ, XXIV. 30).


où il n'y avait pas encore d'imprimerie, mais probablement à Strasbourg, où il a fait paraître aussi la première édition de son Reissbiichlin (Cu), Voici, à notre avis, l'explication de cette particularité. Lorsque Schirenbrand se retira de l'association, il ne restait pas moins de 555 exemplaires de ce volume, et Schmid trouva bon de réimprimer la dernière demi-feuille avec son nom seul. Il est facile de s'en convaincre par l'inspection du papier, qui est d'une pâte différente. Cette même observation\peut s'appliquer au Lossbuch et au Baderbiichlin, compris également dans l'inventaire (Ci 3), et dont on trouve des exemplaires datés de 1560.

XXI. HUIT RAMES, MOINS UNE MAIN, DE PAPIER BLANC.

Prix : 3 florins 10 batzen (17f,92c, soit aujourd'hui 53f,76c).

Huit rames, c'est peu. Mais nos imprimeurs, on l'a vu, n'étaient pas en position d'avoir de grands approvisionnements. Le papier dont ils se servaient d'ordinaire, et qu'ils tiraient sûrement de Bâle, sans être de premier choix, n'était pas mauvais. Il était d'un des plus petits formats : ses dimensions n'excédaient pas 284 millimètres sur 365. Aussi la plupart des volumes édités en commun par Schirenbrand et Schmid, ne mesuraient-ils, même avant d'avoir été mutilés par le couteau du rogneur : les in-quarto, que 183 millimètres sur 142; les in-octavo, que 142 millimètres de hauteur sur une largeur de 91 millimètres.

Tel était, au moment où les deux associés se séparèrent, le relevé par exemplaires des livres de fonds qui leur restaient en magasin à Mulhouse. Mais une note additionnelle nous apprend qu'ils en avaient encore un plus grand nombre à Francfort, alors le centre le plus important de la librairie. « A Francfort » —écrivait, quelques années plus tard, avec un enthousiasme sincère, le célèbre imprimeur Henri Estienne— « à l'époque des foires, les Muses convoquent


leurs typographes, leurs libraires ; elles leur commandent d'amener avec eux les poètes, les historiens, les philosophes : non pas seulement ceux qu'enfantèrent autrefois la Grèce et l'Italie, mais ceux aussi que produisent chaque jour tous les pays visités par les neuf sœurs. A peine sont-ils réunis, vous n'êtes plus dans cette ville qui a nom Francfort : vous vous croyez plutôt dans cette autre cité jadis florissante et la plus lettrée de toute la Grèce. Car, je vous le demande, à voir cette affluence d'écrits si variés et si savants, estil possible de ne pas se croire à Athènes? » Voici cette note :

Sont à Francfort :

a) LOSSBÜCHER. — 12 rames.

On a vu plus haut (Ci) que ce volume « des jeux de fortune et rencontres plaisantes » renfermait 136 pages pet. in-4°. A la réserve gardée à Mulhouse de 3.32 exemplaires, il faut donc en ajouter 353, ce qui doit représenter à peu près le tiers de l'édition.

b) ROLLWAGEIN. — 3 ballots, 2 mains. »

Cet autre ouvrage de Wickram comprenant 100 feuillets (cf. Ca), le nombre des exemplaires en dépôt à Francfort se montait à 1204. Comme ce recueil de contes était d'un débit facile, la publication devait être de date récente et remonter tout au plus à la lin de l'année 1558. Toutefois nous pensons que dans ce nombre entrait pour moitié la seconde partie du Rollwagen, qui a pour auteur Jacques Frey, et qui compte aussi très-exactement 100 feuillets (cf. Ca,)

c) VON BEDERN. — 7 rames, 18 mains.

Ce traité des bains (cf. CJ se composait de 88 pages pet. in-8°. Il restait donc à nos imprimeurs 1082 exemplaires, dont 136 à Mulhouse et 946 à Francfort. Le tirage de ce livre, qui n'avait rien de bien attrayant, n'a pas dû dépasser de beaucoup ce chiffre.


d) LIVRES DIVERS. — 1 ballot.

Sous ce poste étaient compris les restes des autres publications qui figurent dans l'inventaire de Mulhouse pour un stock environ deux fois plus fort.

TOTAL : 6 BALLOTS, CHACUN A 15 FLORINS (soit ensemble 435f,60c = t306f,80c). \

DE PLUS, ICI EN VILLE, 4 BALLOTS, 13 MAINS ; LE BALLOT A 13 FLORINS 3 KREUTZFR = 55 FLORINS,. 5 BATZEN (267f,90c, au pouvoir commercial actuel 803f,70c).

Ce chiffre s'écarte grandement de celui qu'on obtient en additionnant les prix marqués à la suite de chaque article. En laissant de côté les ouvrages où manque l'un des deux éléments d'appréciation, soit le coût, soit le nombre de feuilles, l'on trouve que dans l'inventaire détaillé 418 mains sont évaluées à 396 francs, ce qui donne pour le ballot de 200 mains 189f,40c, au lieu de 63f,17c (soit au pouvoir actuel de l'argent 568f,80c, au lieu de 189f,51c).

Voici comment nous expliquons cette différence : dans sa première estimation, à la fin de l'inventaire B, Schirenbrand comptait le ballot à un peu plus de 144 francs, c'est-à-dire qu'il voulait le céder à son associé avec un rabais de 24 °/o ; mais Schmid n'ayant pas accepté cette proposition, il aura fini par consentir une réduction des deux tiers sur\la valeur marchande des livres.

\

A

En résumé, pendant les deux ans au plus qu'avait duré leur association, de 1557 à 1559, nos imprimeurs avaient édité un livre de prières, trois écrits de morale et de polémique religieuse, quatre ouvrages de médecine ou d'hygiène à l'usage du peuple, un traité de calligraphie, un syllabaire, un grand nombre de chansons, quatre


ou peut-être cinq pièces de théâtre, un volume d'oracles plaisants, un recueil de contes et des almanachs de plusieurs sortes. De plus, et sans parler des caractères typographiques qu'ils fondaient en partie eux-mêmes, ils avaient fait graver les bois d'environ quatre cent cinquante vignettes et dessiner cent quarante-cinq nouveaux sujets.

Si l'on considère qu'ils ont eu à lutter contre de nombreuses difficultés pécuniaires et contre les lenteurs inséparables de toute installation, encore aggravées pour eux par l'extrême modicité de leurs ressources, on tiendra en quelque estime ces deux vaillants travailleurs, PIERRE SCHMID et JEAN SCHIRENBRAND.


TABLETTES SYNOPTIQUES ET SYNCHRONIQUES

DE L'HISTOIRE DE LA RÉPUBLIQUE DE MULHOUSE \

jusqu'à sa réunion à la France en 1798

par X. MOSSMANN

En publiant dans le Bulletin de 1876 la première partie de ces tablettes, j'avais annoncé la seconde comme devant s'étendre jusqu'à la réunion de Mulhouse à la France. Des circonstances sur lesquelles je ne crois pas nécessaire de m'étendre, ne m'ont permis cette année de pousser mon travail que jusqu'en 1617, à la veille de la guerre de Trente-Ans. En y regardant de près, cette coupure est plus conforme aux faits que si le présent sommaire avait été d'une seule haleine jusqu'en 1798. La guerre de Trente-Ans a définitivement écarté la maison d'Autriche de l'Alsace, et du même coup elle a mis fin à l'histoire politique de Mulhouse. En donnant l'Alsace à la France, la paix de Westphalie a fait cesser la lutte que Mulhouse soutenait co.ntre les Habsbourg depuis les temps du chef de leur race ; et grâce à l'alliance suisse à laquelle la maison de France attachait un si haut prix, et qui, pendant un siècle et demi, lui assura le repos et la prospérité, notre ville put développer à son aise les premiers germes de son industrie. Entre 1515 et l'année 1617, l'histoire de Mulhouse n'a rien de commun avec cette ère de calme et de travail, et c'est là ce qui m'autorise à présenter cette partie de ses annales sans la rattacher à la période suivante.


TABLETTES SYNOPTIQUE^ ÈT SYNCHRONIQUES

^

RÈGNES ET ÉVÉNEMENTS CONTEMPORAINS

HISTOIRE

^

1515 Bataille de Marignan contI.

lolo François I-. FranV°is lel- 1515 Traité d'alliance avec les Treize cantons; fêtes à Mulhouse à l'occasion de l'échange des serments.

1516 P -u iiaiS A Marignan, le contingent de Mulhouse, fort de 94 hommes, perd 21 combattants, y compris le avec capitaine Laurent Jordan.

1517 Luther prêche contre les perpétuelle de la * M 1516 Berne fait comprendre Mulhouse dans le traité de paix perpétuelle avec la France.

indulgences Alliance Genève av

1519 Charles-Quint. Fribourg.

1521 Luther comparaît devant la Renouvellement de l'alliance avec les Cantons confédérés.

diète de Worms. i J'f *^1 Confirmation des privilèges collectifs et particuliers de Mulhouse et des autres villes impériales 1522 Ulnc Zwingli adhère d'Alsace par l'empereur Charles-Quint, à Worms.

Retorme. 1522 Campagne des Suisses dans le Milanais, au service de François Ier, avec la participation d'une

. f compagnie de Mulhouse commandée par Franz Hagenbach : siège de Milan, prise de Novare, où 1523 Et la tait adopter \c Martin Kulm s'empare d'une enseigne ; siège de Pavie ; défaite de la Bicoque.

Neuf rich. ^thnlifl11'' 3 Commencement de la Réforme à Mulhouse ; séjour d'Ulric de I-Iutten ; protection accordée aux ~o ^e, .canrs ^ ^ promoteurs de l'Evangile renouvelé ; mesures pour le rétablissement des moeurs ; Nicolas 1525 François ler fait prison- réunis a Zug preu . Prugner, le réformateur de Mulhouse.

nieraPavie.TraitédeMadnd. mesures contre les p r o,, Révolte des Rustauds ; mutinerie de la tribu des maréchaux, qui tente de conniver avec les des novateurs. la Reformer paysans ; après t leur défaite, quelques-uns h de leurs chefs trouvent asile à Mulhouse.

1526 La Sainte-Ligue, alliance ... 1526 Adoption de contre la puissance de Berne. 1526 Colloque de Baden, avec la participation de Mulhouse, en suite du refus des diètes de Baden et I Charles-Quint en Italie. de Lucerne de renouveler l'alliance avec les cantons qui ne rentreraient pas dans le giron de l'Eglise. Mulhouse ne prête serment qu'à Zurich, à Berne et à Bâle. Mulhouse reçoit deux pasteurs de la main de Wolfgang Capito et d'OEcolampade. Réforme du (,,ulte.

1527 Uri, Unterwald, Fribourg et Soleure mettent Mulhouse en demeure de renoncer aux nouveautés:

refus. La ville acquiert de l'ordre teutonique la dîme et la collation de la paroisse de Saint1528 Par Samt-Gall. . Etienne.

Colloque de Berne, à la suite duquel l'église de Saint-Etienne est dépouillée de ses images. — . r, - - #. Premières démarches de Mulhouse auprès de Zurich et de Berne pour être admis dans l'union 1529 Traité de Cambrai.. 1530 confession d'Augsbourg. ^ Alliances Sehaffhouse particulières 15% 9 Protestante. à l'union protestante et fournit son contingent aux troupes qu'elle met en ts'' catholiques. Zurich déj^ 1530 Noble attitude de la ville qui, après la paix de Steinhausen, propose de faire remise aux cantons 1 la la guerre a c% -tvjaiiS catholiques des frais de guerre mis à leur charge, et n'accepte qu'à son corps défendant les cent paix de stein couronnes qui lui avaient été attribuées.

suspend les hostilités-

1531 Election de l'archiduc Fer- 1531 De nouveau provoqués^

1533 Prédication de Calvin. dinand comme roi des Zurich, les cantons o3i Battu à Rappel, Zurich somme Mulhouse de se porter à son secours. Départ de 64 hommes des Romains. lIques lui uec ^ corps de métiers avec un canon; ils sont surpris sur le Gubel, avec les troupes de Zurich, de guerre a îeu jfc Saint-Gall, de Schaffhouse, par un corps de confédérés catholiques, qui les mettent en fuite. remportent la - Mulhouse est compris dans le traité de Deinikon, moyennant la remise de l'instrument de son alliance séparée avec les cantons protestants et le paiement d'une contribution de guerre de 400 couronnes.


HISTOIRE

RÈGNES ET ÉVÉNEMENTS CONTEMPORAINS

Kappel et sur le Cube!-.

Traité de Deinikon, qUI

rétablit la paix entre les

Confédérés, en respectant x la liberté religieuse des

uns et des autres. 1336 Difficultés avec Martin Brüstlin. qui, arguant de suspicion légitime, refuse de se soumettre à la juridiction de la ville. Intervention de Bâle; Brustlin se rend en exil.

1544 " A Cerisoles, Valentin Frics, de Mulhouse, s'empare de l'enseigne d'une compagnie de lansquenets i v f t Bataille /-in Cerisoles. 1" impériaux.

Mort de Luther. ^ L'empereur Charles-Quint reconnaît que Mulhouse n'est plus tenu d'assister soit aux diètes de la 1547 Henri II 1547 victoire de Mühlberg sur province, soit à celles de l'Empire, ni par conséquent de payer les contributions des états de la l'électeur de Saxe.. province et de l'Empire.

1548 Promulgation de l'Intérim. 1548 Grâce aux divisions reli1552 Conquête des Trois-Évêchés gieuses de la Suisse, les

1556 Abdication de Charles-Quint troupes de l Empire s 'en]1557 Bataille de Saint-Quentin. parent de Constance, qui j kko Prise de Calais 1558 Ferdinand Ier, empereur faisait partie de la Conte- ^ A la mort de Charles-Quint, Mulhouse demande à être compris dans le renouvellement des privi1559 Paix de Câteau-Cambrésis. dération. léges de la Décapole.

François II.

1560 Conspiration d'Amboise.

Charles IX.

1562 Bataille Colloque de de Dreux. ( 1363 Confirmation des droits et franchises de Mulhouse par Ferdinand Ier.

1564 Maximilien II.

1566 Etablissement de la Con- Confirmation des droits et franchises de Mulhouse par Maximilien II. Evasion des prisons 1569 Batailles de Jarnac et de fession helvétique. d'Ensisheim d'un gentilhomme protestant, Jean Festuot, seigneur de Lamilly, de Troyes, qui Moncontour. 1571 Bataille de Lépante. se réfugie à Mulhouse. La ville refuse son extradition à la régence, et le remet en liberté. 1572 Massacre de la Saint-Bar- 1572 Les cantons protestants

thélemv prennent leurs disposi- u

1574 H en ri in tions, dans la crainte que 6 Mulhouse est inculpé par les Cantons confédérés d'avoir envoyé des renforts aux protestants de 1576 Rodolphe II. la Saint-Barthélemy ne France.

devienne le signal d'une guerre générale contre les ^

protestants. Premières difficultés avec les héritiers de Jean Finninger, à qui plusieurs bourgeois apparentés 1580 Publication de la formule 1580 Alliance particulière des dans le conseil contestent la propriété d'un bois situé à Dornach. Les juges se rendant suspects de concorde. cantons catholiques avec aux défendeurs, ils font donation du bois litigieux à deux de leurs parents à Bâle, qui demanle pape, le duc de Savoie dent à porter la cause devant le juge du lieu. La ville refuse de reconnaître la donation, et et l'évêque de Bâle. rend une sentence, qui est exécutée nonobstant l'opposition de Jean-Sébastien zu Rhein, seigneur de DOffJach. Intervention de la régence d'Ensisheim. Les frères Finninger refusent de payer les dépens de l'instance ; Michel prend son refuge dans la commanderie de Saint-Jean ; Mathias 138 t et Jacques se retirent de la ville les armes à la main.

Soutenu par la régence d'Ensisheim, le seigneur de Dornach évoque l'affaire à son tribunal. De leur côté, les frères Finninger font appel aux Cantons confédérés. Intervention de Zurich et de Bàle qui, pour rétablir la concorde, décident la ville à laisser revenir les Finninger et à proposer une transaction à la partie adverse. Refus des demandeurs, qui somment le conseil de leur maintenir le bénéfice de la sentence rendue en leur faveur, menaçant, au cas contraire, à se faire justice à eux-mêmes. Nouvelle intervention de Zurich et de Baie ; Zurich blâme la ville de ne pas laisser porter le litige devant le tribunal de Dornach. Sentence arbitrale rendue par les ^8=) *ntervenants> qui obtiennent des Finninger de se soumettre au premier jugement rendu contre eux.

... Nouvelle contestation de Jacques Finninger au sujet d'un autre bois au ban de Dornach. Il essaie de 1582 Le calendrier grégorien reçu 1582 GuebhardTruchsess, arche- porter la cause devant le juge du lieu. En plein hiver la ville le jette dans un cul de basse fosse, en en France. vêque de Cologne, change offrantdelerelâchers'ils'engageaitàrenonceràlajuridictionétrangère.Finningers'yrefused'abord; de religion et se marie : niais au bout de douze jours, apprenant que sa femme avait été atteinte de la peste, il se soumet, mais origine de la guerre de profite de sa liberté pour quitter la ville. Deux pasteurs sur trois, Jacques Freuler et Jean Steiner, Cologne. et le or Jean-Oswald Schreekenfuchs se déclarent en sa faveur ; la ville leur signifie leur congé.


RÈGNES ET ÉVÉNEMENTS CONTEMPORAINS HISTOIRE

\383 Intervention de Bâle, qui propose de faire juger l'affaire sur les lieux par le juge des limites. La ville s'y refuse, en prétendant que le canton où le bois est situé lui appartenant, elle y a droit | de juridiction. Sollicitations de Finninger auprès de Soleure, d'où la famille se disait originaire, et auprès de Lucerne. Le Dr Schreckenfuchs et le pasteur Freuler, avec l'appui des députés de Soleure, de Zurich et de Bâle, dénoncent le gouvernement de Mulhouse à la diète de Baden; la diète enjoint à Mulhouse de se dessaisir de la cause et de la laisser porter devant le tribunal du lieu.

1584 Le calendrier grégorien reçu ^4 Mulhouse se pourvoit contre cette décision; la diète admet sa justification et blâme la conduite par les états catholiques. indiscrète de Finninger, tout en prenant des dispositions pour amener un compromis. La ville refuse tout accommodement. Soutenus par le Dr Schreckenfuchs, Jacques et Mathias Finninger prennent leur recours devant les cantons catholiques réunis à Lucerne, qui expriment leurs regrets de ce que le conseil ne se soit pas conformé aux intentions de la diète de Baden ; en même temps, par une délibération secrète, ils préparent la rupture de leur alliance avec Mulhouse. Egalement saisie, la diète de Baden s'oblige à accommoder l'affaire et ordonne une enquête. Le conseil proteste contre l'enquête, et fait approuver sa conduite par la bourgeoisie. Pour en finir, la diète commet à Bâle le pourvoi des Finninger ; de son côté Mulhouse persiste à maintenir l'indépendance de sa juridiction.

1585 Nonobstant les injonctions de la diète et ses propres engagements de ne rien entreprendre contre les Finninger pendant la litispendance, la ville expulse leurs familles. Intervention des cantons catholiques et protestants, ainsi que des commissaires de la Confédération, pour faire cesser l'exil des Finninger. La diète de Baden propose de remettre le jugement de l'affaire à un tribunal pris parmi les Confédérés, moitié au choix de la ville, moitié à celui des plaignants. 1586 Guerre des Trois-Henri. 1586 Ligue d'or pour le ma'r ^ Etonnement de la diète de Soleure en apprenant que les Finninger n'ont encore obtenu ni leur tien de la foi catholNoe rentrée à Mulhouse, ni le jugement qu'ils poursuivent. La ville consent enfin à laisser porter en Suisse. l'affaire devant un tribunal impartial. Le Dr Schreckenfuchs, lésé par sa destitution, obtient que sa propre cause soit jointe à la plainte des Finninger. Lenteurs affectées de la ville ; les cantons catholiques menacent de rompre avec elle. Les Finninger et le Dr Schreckenfuchs accusent le conseil de céler les dépêches des cantons catholiques, qui décident l'envoi de députés chargés d'en donner connaissance à la commune. Revenant sur ses dernières concessions, la ville refuse de laisser la diète de Baden constituer un tribunal, et ne lui reconnaît plus que la faculté d'agir par voie d'arbitres, en réservant le retour de l'affaire devant sa propre juridiction, si le compromis devait ne pas aboutir. Arrivée à Mulhouse des députés des cantons catholiques, accompagnés des Finninger et du Dr Schreckenfuchs ; le conseil refuse de les laisser se mettre en rapport avec la bourgeoisie, et fait arrêter les Finninger et Schreckenfuchs Protestation des députés, qui partent de Mulhouse. A la diète de Baden, les cantons catholiques veulent obliger les députés de Mulhouse à répondre de ce nouvel incident. La minorité protestante se déclare en faveur de la ville, et s'entremet pour la réconcilier avec les autres cantons. Arrivée de députés protestants qui, par voie d'accommodement, font rendre la liberté et la faculté de rester à Mulhouse au Dr Schreckenfuchs et aux deux Finninger, le fond du litige étant réservé. De leur côté les huit cantons catholiques renvoient l'instrument de leur alliance avec Mulhouse, après en avoir détaché leurs sceaux. Soulèvement de la commune, qui met le greffier Osée Schillinger en état d'accusation, et envoie des délégués à la diète de Baden pour négocier le rétablissement de l'alliance. La bourgeoisie réduit le conseil à déposer le bourgmestre Pierre Ziegler, et à le mettre aux arrêts dans sa maison. A la diète de Baden, les cantons catholiques refusent de traiter de nouveau avec Mulhouse. La bourgeoisie se conjure pour réformer le gouvernement de la ville. Election par la commune d'un nouveau conseil à la place de l'ancien, qu'elle casse. Inutiles efforts de Zurich et de Bâle pour apaiser la rébellion. 1587 Victoire du roi de Navarre 1587 Scission du canton d'AP" 1 587 La commune repousse l'intervention des cantons protestants et, pour obtenir l'arbitrage de la à Coutras. penzell. Confédération, prend son recours auprès des cantons catholiques. La diète de Lucerne repousse ces avances. Sous la menace d'être rendus responsables de la rupture de l'alliance, huit anciens conseillers se joignent aux rebelles; l'un d'eux leur livre l'arsenal. Arrivée à Mulhouse des députés des cinq cantons protestants; la majorité de la bourgeoisie se réclame de la Confédération entière. A la diète de Baden, les huit cantons refusent derechef de délibérer sur les affaires de Mulhouse ; les cantons protestants exigent que les deux partis se soumettent à leur arbitrage. Les rebelles s'installent à l'hôtel-de-ville, et envoient de nouveaux délégués aux


RÈGNES ET ÉVÉNEMENTS CONTEMPORAINS j HISTOIRE

cantons catholiques. Mise en accusation du greffier et du bourgmestre Ziegler. Les cinq cantons décident l'envoi d'une nouvelle députation à Mulhouse, et invitent leurs confédérés catholiques à y prendre part. Arrivée successive des députés protestants et des députés catholiques. Ces derniers, déclinant toute participation au jugement des accusés, la bourgeoisie repousse l'intervention des députés protestants, qui se retirent. A leur retour à Baie, sur les supplications des réfugiés de Mulhouse, ils leur promettent le secours de leurs commettants. Constitution du tribunal et mise en jugement des deux bourgmestres Ziegler et Jean Hartmann, ainsi que du greffier Schillinger. Conférence secrète des cinq cantons à Aarau, sur les mesures militaires à prendre contre Mulhouse. La bourgeoisie fait appel aux cantons catholiques réunis à Luccrne; pour parer aux éventualités, la diète prescrit quelques préparatifs, et tente d'intéresser la maison d'Autriche, l'Espagne et la Savoie à la cause des révoltés. Arrivée devant Mulhouse des troupes des cinq cantons, qui somment la ville de se rendre. Dernier appel de la bourgeoisie aux cantons catholiques. Les assiégeants donnent l'assaut ; combat nocturne dans les rues de la ville; défaite des rebelles; punition des coupables; rétablissement de l'ancien conseil. Mulhouse reçoit un gouverneur et une garnison, et reconnaît aux cinq cantons un droit de protection et de haute juridiction.

t588 Ecrasée d'amendes et de contributions, la bourgeoisie garde son attitude menaçante. De crainte 1588 Assassinat des Guise. de l'exaspérer davantage, les cinq cantons refusent à la minorité la réparation de son dommage, 1589 Assassinat de Henri III. et accordent une réduction des peines pécuniaires imposées aux rebelles. Pour hâter la rentrée Henri IV, de la maison de des amendes, ils prescrivent d'expulser les bourgeois en retard avec leurs femmes et leurs Bourbon. Victoire dAr- enfants. Ils autorisent Mulhouse à remplacer la garnison par un petit corps à sa solde, et ques. remettent le bourgmestre, le conseil et la bourgeoisie en possession de la ville et de ses clés.

Ordonnance des cinq cantons, qui rend plus stricte les obligations des bourgeois. Sur le ( témoignage que la ville leur rend du rétablissement de la concorde, ils consentent au licenciement de sa troupe soldée.

Nouvelle conjuration de Mathias Finninger et du Dr Schrekenfuchs avec quelques bourgeois 1590 Bataille d'Ivry. exilés, dans le dessein de s'emparer de la ville. Leurs menées auprès de l'avoyer Pfyffer, de Lucerne, qui fait espérer une intervention des cantons catholiques et le renouvellement de leur alliance avec Mulhouse. Les conjurés prennent un petit corps de troupes à leur solde.

Dans la nuit du 13 au 14 juin, ces mercenaires surprennent la place par la trahison de quelques affidés de l'intérieur; ils se rendent maîtres de l'hôtel-de-ville et de l'arsenal, et mettent en état d'arrestation tous ceux du magistrat et du conseil qui n'avaient pas pu fuir. Le jour venu, les bourgeois de l'ancienne majorité se rassemblent en armes à l'appel des vainqueurs; mais loin deconniver avec eux, ils déjouent l'entreprise, et s'emparent des soldats et de leurs complices. Mise en jugement des coupables, exécution capitale de vingt-huit soldats et de douze bourgeois, et confiscation de leurs biens. Mulhouse prend une nouvelle garnison. Les cinq cantons mettent la régence d'Ensisheim en demeure d'expulser ceux des complices qui s'étaient réfugiés sur le territoire autrichien, d'où ils continuaient à fomenter des désordres.

Intervention des cantons catholiques en faveur des exilés. Les cinq cantons infligent un blâme sévère à l'avoyer Pfyffer pour avoir trempé dans le complot. Leur recours auprès des cantons catholiques, pour obtenir qu'ils abandonnent la cause des réfugiés et reprennent leur alliance avec Mulhouse. Députation envoyée à l'archiduc Ferdinand, qui ordonne l'expulsion des bourgeois rebelles. ,2^1 La diète de Baden refuse derechef aux cinq cantons de reprendre l'alliance avec Mulhouse.

Guerre à Décret du grand conseil, qui confirme la confiscation des biens des complices du dernier attentat, , Ir . 1592 k™,™ des evequ es" Stras- et expulse les femmes qui continuaient à fournir aux besoins de leurs maris et à entretenir 1593 Abjuration de Henri IV bourg. des r>;lalions avec eux.

1594 Paris lui ouvre ses portes.

Bannissement des jésuites. ^06 L'empereur Rodolphe Il accorde pour cinq ans un sauf-conduit à Mathias Finninger et à ses consorts.

;) 7 Profitant de la rupture des cantons catholiques avec Mulhouse, l'empereur tente de soumettre de , _T n de r l->98 ûQ \iiinn,o nouveau la ville aux contributions communes de l'Empire. Les députés de Mulhouse, admis à 1598 Edit de Nantes. Paix Alliance des états protes - la diète de Baden, sollicitent le renouvellement de l'alliance et l'intervention des Confédérés Vervins entre la France tants à g. auprès de Rodolphe Il. De son côté, l'ambassadeur d'Allemagne demande que Mulhouse soit et 1 Espagne. restitué à l'Empire, et replacé sous la protection de la maison d'Autriche, comme membre de la Décapole. Les cinq cantons résistent à cette demande, tandis que les cantons catholiques,' déclarent de nouveau se ' désintéresser des affaires de Mulhouse. Les cinq cantons envoient des députés à la cour de Rodolphe, à Prague, pour soutenir les droits de Mulhouse.


RÈGNES ET ÉVÉNEMENTS CONTEMPORAINS HISTOIRE

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1601 Renouvellement de l'al- ^01 A la diète réunie à Soleure pour délibérer sur le renouvellement de l'alliance avec la France, liance de Friedberg. 'les cantons catholiques menacent d'abord de se retirer, si les députés de Mulhouse sont admis à siéger. Cependant, sur les représentations des cinq autres cantons, reconnaissant qu'ils ne sont en droit d'exclure personne du traité, ils consentent à ouïr les instructions de Mulhouse, sauf à sa députation à se retirer après la lecture.

1602 Renouvellement de l'al- 1602 Prenant occasion de ces négociations et avec l'appui des cinq cantons, Mulhouse s'adresse liance avec la France. derechef à la diète de Baden, pour rétablir son ancienne position dans la Confédération. Ses envoyés font partie de la députation qui renouvelle à Paris les traités avec la France.

1603 Ligue des princes protes- 1603 A l'occasion de nouvelles prétentions soulevées par l'Empire contre Mulhouse, les cantons tants à Heidelberg. protestants insistent auprès de la diète de Baden sur l'importance qu'il y a pour la Confédération de conserver cette ville dans son alliance, et de ne pas fournir à l'empereur des précédents qui pourraient lui servir à revendiquer tout le territoire suisse. En réponse, la diète de Lucerne fait remarquer que, jusqu'ici, en dépit des ouvertures qui lui ont été faites, Mulhouse n'a pas fait directement aux cantons catholiques des propositions de nature à faciliter un rapprochement ; elle estime qu'une offre de rendre libre l'exercice du culte catholique et de rappeler les exilés pourrait être prise en considération.

1604 A la diète de Baden, les cinq cantons renouvellent leurs instances en faveur de Mulhouse. Uri représente aux cantons catholiques le tort qu'ils feraient à leur foi et à leur honneur, en condescendant à cette demande. Depuis l'origine de la Confédération, elle n'a jamais pris d'allié en dehors de l'ancien culte, et non-seulement Mulhouse n'en fait pas profession, mais il a encore souvent fourni des armes contre les cantons catholiques. Si l'on revenait sur la rupture de l'alliance, on risquerait d'offenser le pape, l'empereur et tous les princes auxquels on avait I promis de ne plus s'engager avec Mulhouse, et qui, à l'occasion, pourraient leur retirer leur faveur et, de plus, on^ renforcerait d'une voix les cantons protestants. Quant à la liberté de conscience qu'il serait question de rétablir à Mulhouse, elle n'a jamais profité qu'aux novateurs. Nouvelles poursuites de l'empereur qui, pour faire reconnaître ses droits sur Mulhouse, propose à la Confédération de les soumettre à l'arbitrage de l'évêque de Bâle. Nouvel appel des cinq cantons à leurs confédérés catholiques, qui refusent de délibérer avant de connaître les dispositions de Mulhouse. Les cinq cantons protestent qu'ils ne laisseront pas porter les prétentions de l'Empire devant des juges, dussent-ils, pour protéger leurs alliés, recourir aux armes. Informé de cette situation, Henri IV offre ses bons offices auprès de l'empereur. Inquiétudes à Mulhouse à l'occasion de l'arrivée de l'archiduc Maximilien dans la haute Alsace, où, à la tête de forces importantes, il venait recevoir l'hommage des pays antérieurs. Les cinq . cantons se réunissent à Aarau, et assurent leur allié de leur secours dans le cas où il serait attaqué.

1606 Troubles religieux de Do- 606 Pour compenser la confiscation de leurs biens, Mathias Finninger et d'autres exilés font saisir 1607 Réunion de la Navarre à nauwerth, qui se soulève, 1607 Par une résolution de la les propriétés des bourgeois de Mulhouse sous la juridiction de l'Autriche. Intervention des la couronne ' et dont le duc de Bavière diète de Baden, les can_ cantons catholiques auprès de l'archiduc Maximilien en faveur des premiers. Les cinq cantons, s'empare sur l'ordre de tons renoncent à solliciter au nom desquels, après la prise de Mulhouse, la confiscation avait été prononcée, maintiennent l'empereur. dorénavant de l'Empire 13 l'autorité de la chose jugée et, au cas où la saisie ne serait pas levée, menacent d'user de 1608 Les protestants renouvel- confirmation de leurs ÍraIl représailles sur les biens des vassaux autrichiens situés sur le territoire suisse.

lent leur ligue à Asch- chises.

1609 Troubles au sujet de 1609 Soutenus par les cantons catholiques, les exilés obtiennent des tribunaux autrichiens de Dornach. succession de la maisoi de Riedisheim, de Pfastadt des sentences qui leur adjugent divers biens appartenant à des bourde Juliers, de Clèves et o geois deMulhouse. La ville en fait ses plaintes aux cinq cantons. L'archiduc Maximilien se justifie Berg. La France et la Ho auprès de la diète de Baden, d'avoir, sur les instances des cantons catholiques, donné suite lande assistent l'électeu' au procès. Les cinq cantons déclarent de leur côté que ce n'est pas à Mulhouse à répondre de Brandebourg et le coI1lte d'un jugement qu'il n'a pas rendu, et affirment que, dans cette affaire, on se préoccupe moins palatin contre l'empereur- de faire rendre justice à des gens justement condamnés, que de fomenter la discorde parmi les Confédérés : les cantons catholiques s'étaient engagés naguère à s'abstenir pour tout ce qui concernait Mulhouse, et ils feraient bien de s'en souvenir. Ceux-ci répliquent qu'ils ne peuvent refuser leur intercession à personne, quand il s'agit de redresser un tort, et qu'ils il avaient promis de se désintéresser que des affaires de la ville. Les cinq cantons ayant parlé de faire intervenir le roi de France, les autres s'entendent pour faire auprès de Henri IV une démarche en sens contraire, et de plus députent vers la régence d'Ensisheim en faveur des exiles. De leur côté les cantons protestants décident de répondre, au lieu et place de leur allié, a la citation dont il a été touché. Les envoyés de Mulhouse déclarent que leurs commettants hauseri. sont prêts à tous les sacrifices, plutôt que de rendre aux bandits les biens confisqués.


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RÈGNES ET ÉVÉNEMENTS CONTEMPORAINS HISTOIRE |

1610 Louis XIlI. 1610 Union de Halle entre les 1610 Arrivée dans la haute Alsace de troupes impériales, qui y prennent leurs quartiers d'hiver. Sur princes protestants. l'appel de Mulhouse, qui craignait pour sa sûreté, Bâle lui envoie, au nom des cinq cantons, 1612 Mathias. I1 une garnison de cent hommes. Elle apporte le germe d'une épidémie, qui ravage la population.

A la diète de Baden, les cinq cantons proposent d'admettre Mulhouse aux délibérations concernant les pensions payées par la France, à l'alliance de laquelle il participe. Nonobstant le refus des autres cantons de discuter cette motion, ils renouvellent encore une fois leurs instances pour obtenir de leurs confédérés qu'ils rendent leurs bonnes grâces à cette ville. Les cantons catholiques donnent à comprendre qu'ils pourraient revenir sur leur détermination, si Mulhouse admettait de nouveau l'exercice de l'ancien culte. Délibération des cantons protestants, qui déclarent cette condition inadmissible. Sur la recommandation de Schwytz qui, de l'aveu des autres cantons catholiques, avait accordé sa protection à Mathias Finninger et à ses consorts, l'empereur donne commission à l'archiduc Léopold de connaître des difficultés des exilés avec Mulhouse. L'archiduc convoque les parties à Rouffach. Mulhouse comparaît assisté des députés des cinq cantons, qui maintiennent l'autorité de la chose jugée et refusent de répondre en justice aux plaignants.

1616 Nouveau mandement de l'empereur, qui persiste à faire comparaître Mulhouse devant l'archiduc Léopold. Les cinq cantons prennent des mesures pour défendre leur allié tant auprès de ce prince qu'auprès de l'empereur, et sollicitent en sa faveur les bons offices de la France.

1617 L'archiduc Ferdinand cou- 161 i Préparatifs militaires des cinq cantons à l'occasion des levées qui se faisaient dans la haute ronné roi de Bohême. Alsace pour le compte de l'Empire, et qui semblaient une menace contre Mulhouse : en cas de danger, ils tiennent un corps de 400 hommes prêt à se joindre aux 400 bourgeois en état de défendre la ville. Nouvel appel au roi de France.

.. FIN DE 0 ^tlXlÈME PARTIE

.1~



PRIX PROPOSÉS

PAR

LE COMITÉ D'HISTOIRE ET DE STATISTIQUE DE LA

SOCIÉTÉ INDUSTRIELLE DE MULHOUSE

\

MÉDAILLE D'HONNEUR de lre ou DE 2e CLASSE, selon le mérite du travail présenté, pour :1

1

L'histoire complète d'une des branches principales de l'industrie du Haut-Rhin, telles que la filature et le tissage du coton ou de la laine, l'impression des étoffes de coton ou de laine, la construction des machines, etc.

II

La biographie complète d'un ou de plusieurs des principaux inventeurs ou promoteurs des grandes industries du Haut-Rhin.

III

Des recherches statistiques sur la population ouvrière de Mulhouse, son histoire, sa condition et les moyens de l'améliorer.

IV

Déterminer, à l'aide de renseignements incontestables, les variations que le prix de la journée de travail a éprouvées depuis un siècle dans le département du Haut-Rhin. Mettre en regard le prix de l'hectolitre de blé, ainsi que celui des objets de première nécessité pendant la même période.

1 Les auteurs pourront traiter une partie seulement de chaque question, ou même fournir simplement (les documents utiles à une histoire future.


V

Une carte du département du Haut-Rhin à l'époque galloromaine.

Indiquer les routes, ainsi que les fragments de routes romaines ; les villes, les stations, les castra ; les murailles sur les crêtes des Vosges ; les colonnes itinéraires ; les tumuli celtiques ou galloromains ; les emplacements oÙ. l'on a trouvé des armes, des monnaies, des briques ou tuiles, ou autres objets importants appartenant à l'époque gallo-romaine.

VI

Une carte des seigneuries féodales existant dans la haute Alsace 1\U commencement du XVIIe siècle.

VII

Une carte des établissements industriels du département du HautRhin en 1789 et en 1870.

Distinguer par des marques et des couleurs particulières les différentes branches d'industrie établies dans le département du Haut-Rhin, et leur rayon respectif.

Les cartes ci-dessus spécifiées devront être exécutées surJ.'écheMe de la « Carte du département du Bas-Rhin, indiquant le tracé des voies romaines, etc., par M. le colonel de Morlet. » (Voir la lre livraison du tome IV du Bulletin de la Société pour la conservation des monuments historiques d'Alsace.)

Ces différentes cartes devront être accompagnées de notes historiques et justificatives.

VIII

.

Histoire des voies de communication dans le Haut-Rhin (routes, canaux, chemins de fer). Examen de leur influence sur la prospérité commerciale, industrielle et agricole du département, au point de vue soit de l'entrée, soit de la sortie des matières premières, des marchandises manufacturées, ou des produits agricoles, etc.


IX

Une histoire des voies de communication en Alsace et de leur influence sur le commerce et l'industrie :

Grandes routes, rivières, canaux, chemins de fer.

Indication sommaire de quelques-uns des chapitres à traiter : Nomenclature, dates, description, coût, parcours, mouvement, tonnage.

Prix du transport à différentes époques ; influence sur le prix des produits, et notamment sur celui du combustible.

Avenir, améliorations à réaliser.

X

Etude critique énumérant et appréciant les travaux archéologiques, historiques et statistiques faits en Alsace depuis le commencement de ce siècle.

XI

Evaluer, en monnaies françaises actuelles, les différentes sortes de monnaies usitées en Alsace, depuis le XIVe siècle, et en indiquer les rapports avec celles des. pays riverains. (On pourra aussi ne traiter qu'une époque particulière ou qu'une partie de l'Alsace.)

XII

Même travail pour les poids et mesures.

\

XIII

Production de documents authentiques ayant trait à l'existence de l'industrie cotonnière en Alsace, du XIIIe au XVIIe siècle.

XIV

Guide pratique du touriste dans les Vosges.

Faire mention des voies de communication, chemins de fer, routes, chemins et sentiers ; indiquer les hôtelleries, lieux d'arrêt et de gîte, guides et moyens de transport ; citer les points de vue


pittoresques, les endroits historiques, châteaux, ruines, etc. ; donner quelques détails relatifs à la géologie, à la botanique, à l'histoire et à l'archéologie.

Faire suivre ce Guide d'une carte bien claire, donnant autant que possible les indications ci-dessus mentionnées, pour des excursions d'une ou de deux journées, qui auraient pour points de départ les principaux centres du département du Haut-Rhin. Prendre comme modèle le Guide du touriste par Boedeker.

Ce Guide devra être écrit en langue française.

XV

UNE MÉDAILLE D'HONNEUR ET 100 FRANCS pour une histoire abrégée de la ville de Mulhouse, jusqu'au moment de sa réunion à la France, considérée surtout au point de vue de sa législation, de ses coutumes et des mœurs de ses habitants.

Cette histoire devra être écrite en langue française.

XVI

UNE MÉDAILLE DE 1 re ou DE 2E CLASSE pour une monographie ou histoire d'une localité quelconque d'Alsace, depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours ; ou pour un. travail historique intéréssant, relatif à la totalité ou à une partie de notre province; ou pour ttn ensemble de. recherches historiques sur le même objet.


COMITÉ DU MUSÉE HISTORIQUE

MM. FRÉDÉRIC ENGEL-DOLLFUS, président.

CHARLES WACKER-SCHŒN, vice-président et trésorier. KARL FRANCK, secrétaire.

AUGUSTE STŒBER, président de la Commission des acquisitions, et conservateur.

ARMAND WEISS-ZUBER, président de la Commission des travaux et publications.

JOSEPH COUDRE.

AUGUSTE DOLLFUS.

EDOUARD DOLLFUS.

NICOLAS EHRSAM.

FRÉDÉRIC ENGEL-GROS.

EMILE GLUCK.

DANIEL GRUMLER.

EDOUARD HOFER-GROSJEAN.

ARMAND INGOLD.

AUGUSTE KLENCK.

GUSTAVE KŒNIG.

XAVIER MOSSMANN.

LOUIS SCHŒNHAUPT.

GEORGES STOFFEL.

EMILE BESSON, agent du Musée.



LISTE DES SOUSCRIPTEURS

MM. V AICHINGER Th.

AMANN Jacques.

ARLENSP ACH J.

AST Henri.

AUDRAN père.

AUDRAN Eugène.

BADER S.

BÆR Fritz.

BARTH Eugène.

BARTH J.

BAUER Benjamin.

BAUMERT Ferdinand. BAUMGARTNER Henri. BAUMGARTNER Léon.

BECKER A.

BENNER Albert.

BENNER Henri.

BENNER Henri.

BENNER Emile.

BEINERT père.

BEINERT Gustave.

BELIN.

BERNHEThI Corneille. BERNHEIM Charles.

BERTELÉ Charles. BERTRAND-LÆDERICH.

BESSON Emile.

BEUGNIOT Edouard.

BICKING Fritz.

BIDLINGMEYER Jules.

BOCK Henri.

MM.

BŒHLER Aloïse.

BCERINGER Eugène.

BOHN Charles.

BOHN Jacques. BONTEMPS-RIEFFEL.

BOURRY Ernest.

BRANDT Charles.

BRANDT Emile. BRINCKMANN Jean.

BRUCHET A.

BRUNSCHWIG Jules. BRUSTLEIN Charles. BULFFER Joseph-Dominique. BURGART-LIEDERICH. BURGERT Adolphe. BURGHARDT Arthur. BURGHARDT Jacques. BURNAT Emile.

BUGHY Adolphe.

CALAME Henri.

CHAUFFOUR Ignace. CLÉMANN Jacques.

CLOTTU Jean.

COUCHEPIN.

COUDRE Calnille.

COUDRE Joseph.

CHRISTEN Nicolas.

DARDEL Gustave. DEGERMANN Jacques. DEGERT Charles.

DIEMER, notaire.


MM.

DIETSCH-GSELL.

DIETZ Louis.

DOLL Edouard. DOLLFUS Auguste. DOLLFUS-DETTWILLER. DOLLFUS Edouard. DOLLFUS Edouard, typ. DOLLFUS-FLACH Edouard. DOLLFUS Emile (Madame). DOLLFUS Eugène. DOLLFUS Gustave. DOLLFUS Jean. DOLLFUS Jean fils. DOLLFUS Josué. DOLLFUS Jules. DOLLFUS Mathieu. DUCOMMUN-VETTER. DUMÉNY, brasseur. DUROT Adolphe.

ECK Daniel.

ECK Jacques. EHLINGER Jean. EHRLEN Louis. EHRSAM Nicolas. ENGEL A.

ENGEL Alfred.

ENGEL Arthur. ENGEL-DoLLFUS Frédéric. ENGEL Eugène. ENGEL-GROS Frédéric. ENGEL Gustave. ENGEL-ROYET. ENGELMANN Godefroi. ERNÉ Henri.

ERNST Adolphe. ESCHBACHER J.-J. FALCK Auguste. FALLOT Charles. FAUDEL Frédéric.

MM.

FAVRE Alfred. FAVRE Eugène. FAVRE Gustave. FIECHTER Jean. FISCHER D.

FRANCK Karl.

FREY Max.

FRIES, Dr de l'Ecole de tissage. FRIES Jean.

FUHRO Louis. GASSMANN E. GA YELIN Eugène. GENEY Auguste. GERBER Auguste. GLUCK Emile. GLUCK E. fils.

GŒTZ Eugène. GRIMM Gustave. GROS Jules-Gabriel. GItUBER, notaire. GRUMLER Daniel. GRUMLER J.-Georges. GUERRE Jules. GUTH Jules.

GUYOT Joseph. HAAS Abraham. HAAS Alexandre. HÆFFEL y Henri. HÆFFEL y Henri fils. HAFFA Jacques. HANHARDT Théodore. H ANS Jean. HARTMANN Jacques. HEILMANN Jean. HEILMANN Paul. HEILMANN-SCHŒN J. HEINIS Emile. HEINRICH Ferdinand. HELLER F.-J.


MM.

HEYDEN Arnold. HEYER Edouard. HIRN-SCHŒN.

HUBNER Albert. HUGENDOBLER (D"' E.) HUGUENIN Jules. INGOLD Armand. JACQUES Charles. JELENSPERGER, boucher. JELENSPERGER Charles. JUNG-KÆUFFER Charles. KELLER Charles. KLENCK Auguste. KLEIN Georges. KLIPPEL, docteur. KLOTZ Edouard. KNŒRTZER Charles. KŒGHLIN Camille. KŒCHLIN Charles. KŒCHLIN, docteur. KŒGHLIN-DOLLFUS Eug. KŒCHLIN-DoLLFUS (Marie). KŒCHLIN Edouard. KŒCHLIN Edouard. KŒCHLIN Emile. KŒCHLIN Emile. KŒCHLIN Fritz. KŒCHLIN Isaac fils. KŒCHLIN Joseph. KŒCHLIN Jules. KŒCHLIN Léon. KŒCHLIN-SCHWARTZ Alf. KŒNIG.

KŒNIG E.

KŒNIG Eugène. KŒNIG Gustave. KOHLER Emile. KOHLER Mathias. KUHLMANN Eugène.

MM.

K ULLMANN J.-Alfred. KULLMANN Paul. KULLMANN-SANDHERR. DE LACROIX Camille. DE LACROIX Victor. LÆDERICH, Jean-Jacques. LÆDERICH- WEBER. LALANCE Auguste. LALANCE Ernest. LANDMANN-SCHLUMBERGER (Mme). LANHOFFER E.

LANTZ Benoît.

LANTZ Isaac.

LANTZ Lazare.

LAMPERT Benjamin. LAURENT, docteur. LAURENT Auguste. LEGA y Louis.

LEHR Louis.

LESCUYER.

LLOYD Henri.

MAISCH Robert. MANTZ-BLECH.

MANTZ J.

M ANSBENDEL-HARTMANN . MARQUISET Armand. MEUNIER-DOLLFUS Charles. MEISTERMANN.

METZGER Albert. MERCKLEN père.

MEYER Alfred.

MEYER Emile.

MEYER frères.

MEYER Henri.

MEYER Robert.

MICHEL Auguste père. MICHEL Auguste fils. MICHEL Fritz.

MIEG Edouard.


MM.

MIEG-KŒCHLIN Jean. MIEG Mathieu. MŒHLER, notaire. MOLL Louis. MOSSMANN Xavier. MULLER Henri. MULLER Louis. MULLER Emile. MUNTz-SCHLUMBERGER (Mme). MUTTERER père. NEYSER Jean. NITHARD Xavier. OBERLIN Charles. ORTH, pasteur.

OSTIER Louis.

PETIT Auguste fils. PÉTRY Emile.

PLATEN Théophile. PRÊCHEUR Alexandre. POUPARDIN.

REDLER F.-J.

RACK Iwan.

REY Emile.

RISLER Adolphe. RISLER Charles. RISTELHUBER. ROSENSTIEHL .

ROYET . RIsLER-CHALANDRE. SALATHÉ, docteur. SCHIFFER Gustave. SCH^ETTY Martin. SCHAUENBERG Rodolphe. SCHEIDECKER E. SCHEIDECKER Henri. SCHEURER Oscar. SCHLUMBERGER Alphonse. SCHLUMBERGER Amédée. SCHLUMBERGER Ed.-Albert.

MM.

SCHLUMBERGER Ernest. SCHLUMBERGER Georges. SCHLUMBERGER Jean. SCHLUMBERGER Jean fils. SCHLUMBERGER J.-Albert. SCHLUMBERGER-SENGELIN père. SCHLUMBERGER Théodore. SCHMERBER Camille. SCHNEIDER Théodore. SCHCEN Camille.

SCHGEN Daniel père. SCHŒN Daniel fils. SCHCEN Fritz.

SCHŒN J.-Bernard. SCHŒN J. de FrédéricSCHŒNHAUPT Louis. SCHROTT J. SCHW ARBERG Henri. SCHWARTZ Adolphe. SCHWARTZ Edouard. SCHWARTZ Oscar. SCHWEISGUTH-COUDRAY. SEIGEOT.

SIGRIST.

SPŒRLEIN.

SPŒRRY Albert. SPŒRRY Henri.

STEIN Adolphe. STEINBACH J.-Jacques. STEINBACH Georges. STEINER-DOLLFUS Jean. STEINLEN Vincent. STENGEL-SCH WARTZ. STETTEN (DE) Frédéric. STIEFFEL Emile. STŒBER Adolphe. STŒBER Auguste. STŒCKER Jacques. STOFFEL Georges.


MM.

STOLL-GUNTHER André. T ACHARD Albert. TmERRY Gustave. THIERRY-MIEG Auguste. TniERRY-MiEG Charles. THIERRY-MIEG Edouard. TOURNIER Charles. TOURNIER Wladimir. TRIPONEL, docteur UMBDENSTOCK S. WACKER Albert. WACKER-SGHCEN Charles. WAGKER Edouard. \VAG:NER Auguste. WAGNER Edouard. WALTHER Oscar. W ANTZ Georges. WEICHANT J.-H. WEIDKNECHT Fritz. WEINMANN.

WEISS Albert. WEISS-FRIES.

WEISS Jacques. WEISS-SCHLUMBERGER E. WEISS-SGHLUMBERGER Math. WEISS-ZUBER Armand. WELTER Emile.

MM.

W ICK -SPŒRLEIN. WILD Eugène. WILHELM X. WILLMANN César. WOHLSCHLEGEL Oscar. WURTZ Fritz. ZETTER Edouard. ZETTER Emile. ZETTER Henri fils. ZENGERLIN Gustave. Z'BERG Jacques. ZIEGLER Emile. ZIEGLER Gaspard. ZIEGLER Jules. ZIEGLER Martin. ZEYSSOLFF Fréd. fils. ZIMMERMANN Michel. ZIPÉLIUS Jean.

ZISLIN Antoine. ZUBER Ernest. ZUBER Frédéric père. ZUBER Victor. ZUNDEL Auguste. ZUNDEL Charles. ZUNDEL Octave. ZURCHER Charles.


RECTIFICATION

Page 357, N° 8. — Texte : au lieu de « des bourgeons », lisez : des roseaux. On appelle encore aujourd'hui Knospen une espèce de roseaux dont les feuilles servent aux tonneliers pour calfeutrer les tonneaux.


TABLE DES MATIÈRES

\

Pages. PAGES INÉDITES POUR SERVIR A L'HISTOIRE DES PÉNALITÉS DE L'ANCIENNE RÉPU-

BLIQUE DE MULHOUSE, aux XVIE, XVIIE et XVIIIE siècles, par Auguste Stœber 5 INVENTAIRE INÉDIT D'UNE IMPRIMERIE ET IMAGERIE POPULAIRE DE MULHOUSE,

1557-1559, par Joseph Coudre 41 TABLETTES SYNOPTIQUES ET SYNCHRONIQUES DE L'HISTOIRE DE LA RÉPUBLIQUE DE

MULHOUSE jusqu'à sa réunion à la France, 1798, par X. Mossmann 93 Prix proposés par le comité d'histoire et de statistique de la Société industrielle de Mulhouse 107 LISTE DES MEMBRES DU COMITÉ DU MUSÉE 1 t 1 LISTE DES SOUSCRIPTEURS ............................................. 113 RECTIFICATION ..................................................... 118


MULHOUSE -- IMl'lUMEME VEUVE HAltlial & C'